"On veut démontrer que l’impossible est possible" : comment le repreneur d'Ascoval compte relancer l'aciérie

Bart Gruyaert Altifort
Bart Gruyaert a longuement remercié les salariés d'Ascoval qui se sont battus pour son offre de reprise. © FRANCOIS LO PRESTI / AFP
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avec Emmanuel Duteil , modifié à
Le tribunal de grande instance de Strasbourg a validé mercredi la reprise de l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve par le groupe franco-belge Altifort. Au micro d’Europe 1, le PDG Bart Gruyaert évoque sa stratégie pour le long terme.
INTERVIEW

"Formidables ! Vous êtes formidables !" C’est par une citation de son compatriote chanteur Stromae que Bart Gruyaert, PDG d’Altifort, le repreneur franco-belge d’Ascoval, a commencé son discours aux salariés de l’aciérie de Saint-Saulve. Un discours de soulagement puisqu’après de multiples rebondissements, la justice a finalement validé mercredi le projet de reprise d’Altifort, officialisant ainsi le maintien des 281 emplois du site. "C’est un soulagement car la bataille a été plus longue et plus compliquée que prévue pour les salariés et pour Altifort", se réjouit Bart Gruyaert, invité de l’interview éco d’Emmanuel Duteil sur Europe 1.

 

Écoutez l'interview intégrale de Bart Gruyaert à 22h20 dans le journal de la nuit d'Isabelle Millet. Le replay de l'émission est à retrouver ici.

La fin d’un "marathon". Malgré la joie de voir le dossier enfin tranché, l’heure n’était pas non plus à l’effusion de joie dans le Nord après la décision du tribunal. "Tout le monde a besoin de quelques jours pour réaliser que ça y est, c’est fait. Il y a eu tellement d’épreuves, on est reparti plusieurs fois de zéro dans ce dossier, au point de se dire parfois qu’on était fou de faire ce travail titanesque", raconte le patron d’Altifort. "Quand on fait un marathon, on est content de franchir la ligne d’arrivée mais on a aussi besoin de temps pour réaliser qu’on l’a terminé", illustre-t-il, alors que son entreprise a bataillé de longs mois pour faire accepter son projet de reprise.

Entendu sur europe1 :
Les salariés d'Ascoval ont été à la hauteur du défi

Des salariés "exceptionnels". Bart Gruyaert reconnaît même avoir connu "des moments de faiblesse". "On s’est demandé plusieurs fois au sein d’Altifort si on continuait ou non. La majorité n’avait pas envie de continuer mais il faut parfois être têtu", explique l’entrepreneur belge, à la tête d’un groupe de 1.500 salariés. S’il a insisté, c’est aussi grâce à la combativité des employés d’Ascoval. "On ne peut pas se battre pour une aciérie comme celle-ci sans des salariés exceptionnels. Ils ont été à la hauteur du défi et c’est un élément-clé dans la décision" du tribunal, loue Bart Gruyaert, qui souligne également "l’engagement" de l’État dans la dernière ligne droite.

En revanche, le patron d’Altifort a des mots durs pour Vallourec, l’ancien propriétaire du site qui avait rejeté, en octobre, le projet de reprise d’Altifort. "On a perdu beaucoup de temps dans les discussions avec Vallourec, qui a utilisé beaucoup d’arguments qui n’étaient pas liés à notre projet mais à sa situation financière, pour nous décrédibiliser", regrette Bart Gruyaert. "Quand on a dû repartir de zéro sans eux, on imaginait que c’était fatal pour le projet. Heureusement qu’il y a eu l’avis positif du cabinet Roland Berger sur notre projet. C’est à ce moment-là qu’on a regagné la confiance des pouvoirs publics, des financiers et des salariés d’Ascoval."

Des clients solides et 140 embauches. Pas question pour autant de se retourner contre Vallourec puisque le propriétaire d’hier sera un client de demain. "Je suis pragmatique. C’est un client comme un autre il faut espérer qu’il soit bon. Il faut être capable de tourner cette page, même si c’est difficile, et de dire 'bienvenue' à Vallourec comme client d’Altifort Steel (le nouveau nom de l’aciérie, ndlr)", relativise Bart Gruyaert. Outre Vallourec, le repreneur a obtenu plusieurs engagements fermes de commande pour remettre l’aciérie sur les bons rails.

Entendu sur europe1 :
J’ai la conviction qu’on va démontrer que l’impossible est possible

Des engagements, Altifort en a également pris vis-à-vis des salariés en incluant dans son projet la sauvegarde des 281 emplois du site de Saint-Saulve. Mieux, le repreneur veut créer 140 postes supplémentaires dans les années à venir. "C’est impératif car le site, qui tourne aujourd’hui en trois-huit, doit passer en cinq-huit (roulement sur huit heures de cinq équipes sur un même poste, ndlr). Cela implique forcément des embauches. En plus, il y aura le nouveau train à fil qui va nécessiter plus de monde", précise Bart Gruyaert.

Altifort mise sur l’export. Désormais, le repreneur et les salariés vont donc pouvoir se concentrer sur le futur de l’aciérie. "Il y a un avenir pour l’industrie en France, on en a apporté la preuve avec les sociétés qu’on a déjà acquises. On veut le montrer à nouveau avec Ascoval. C’est l’export qui va nous donner cette capacité de faire tourner cette usine. Je ne suis pas inquiet", martèle le patron d’Altifort, qui réalise 70% de son chiffre d’affaires à l’étranger. "Ce n’est jamais gagné d’avance mais c’est un travail quotidien avec les salariés et la direction. J’ai la conviction qu’on va démontrer que l’impossible est possible."