C’est une révolution dans le monde de la grande distribution : lundi, Monoprix et Amazon ont officialisé la signature d’un partenariat historique de distribution. Concrètement, les produits Monoprix seront bientôt vendus sur la plateforme du géant américain. Des enseignes comme Bio C Bon et Fauchon sont déjà livrées par Amazon en ligne mais le partenariat avec Monoprix implique cette fois la grande distribution et vise donc un public bien plus large. Et si les deux partenaires semblent y trouver leur compte, qu’en est-il du consommateur ?
Qui pourra bénéficier de ce partenariat ?
"Amazon et Monoprix annoncent aujourd'hui un partenariat commercial visant à proposer les produits alimentaires de Monoprix aux clients du service Amazon Prime Now à Paris et sa proche banlieue cette année" : l’annonce conjointe du distributeur français et du géant américain contient plusieurs informations. D’abord, il ne suffira pas d’avoir un compte Amazon pour pouvoir acheter les denrées estampillées Monoprix. Il faudra avoir souscrit à l’offre Prime de la plateforme américaine, un abonnement premium à 5,99 euros par mois ou 49 euros par an.
C’est cette option qui débloque l’accès à Amazon Prime Now, la livraison dans la journée de votre commande. Mais là encore, tout le monde n’y a pas accès : Prime Now n’est disponible qu’en région parisienne, d’où la limitation géographique du partenariat entre Monoprix et Amazon.
Quels produits seront concernés ?
Comme annoncé dans le communiqué conjoint, ce sont uniquement les produits alimentaires du catalogue Monoprix qui seront vendus sur Amazon, et non les vêtements ou la papeterie. Les internautes pourront retrouver sur "une boutique virtuelle dédiée" quasi exclusivement les produits des "marques distributeur (par exemple, Monoprix, Monoprix Gourmet, Monoprix Bio, La Beauté Monoprix), produits frais, exclusivités, etc." Les produits de grande marque ne seront donc pas concernés, hormis offres ponctuelles. Au total, "entre 5.000 et 10.000 références Monoprix seront bientôt disponibles sur Amazon Prime", a indiqué le président de Monoprix, Régis Schultz, sur Europe 1 mardi matin.
Quelles conséquences sur les prix ?
C’est la principale inconnue au lendemain de la signature du partenariat entre Monoprix et Amazon. Pour l’instant, aucun détail n’a été donné sur les prix des produits disponibles sur la boutique dédiée. Seront-ils plus chers qu’en magasin ? C’est fort probable. Avant de signer avec Monoprix, Amazon était en négociation avec Système U. Mais le groupe a refusé tout accord en raison de la "gourmandise" du géant américain qui voulait toucher 8% de commission sur les ventes, ce qui ferait mécaniquement augmenter les prix des denrées alimentaires. Monoprix a-t-il cédé aux conditions d’Amazon ? "La condition qu'on a fixée, c'est d'avoir un modèle économique rentable, et c'est le cas", a éludé Régis Schultz sur l’antenne d’Europe 1.
La livraison sera-t-elle plus rapide ?
Globalement oui. Aujourd’hui, Monoprix propose deux options pour se faire livrer ses courses à domicile. La plus rapide consiste à aller remplir soi-même son caddie en magasin et de passer par la caisse dédiée aux livraisons. Les employés se chargent alors de l’empaquetage et la livraison est garantie dans un délai de deux ou trois heures à compter du passage en caisse. Autre possibilité : en faisant ses courses en lignes, il est possible de choisir un créneau de livraison mais cela peut prendre plus d’une journée.
Avec Amazon Prime Now, Monoprix bénéficie d’une livraison express. Moyennant une rallonge de 7,90 euros, vous pouvez être livré en une heure, ou pour 3,90 euros, vous pouvez simplement choisir un créneau de deux heures dans la journée (gratuit à partir de 40 euros d’achat). Les frais de livraison sont moins chers que ceux proposés actuellement par Monoprix (huit euros pour un panier de 50 euros ou moins, cinq euros entre 50 et 100 euros et gratuit au-delà de 150 euros).
Y aura-t-il moins de magasins Monoprix ?
En s’associant avec Amazon, fossoyeur des commerces physiques (les librairies, les enseignes de jouets et les magasins culturels et d’équipement ménager subissent de plein fouet la concurrence), Monoprix a-t-il fait entrer le loup dans la bergerie ? "Je pense que les loups étaient déjà dans la bergerie depuis longtemps et que les moutons ont disparu", rétorque le président de Monoprix. Pour l’instant, il n’est donc pas question de fermer des magasins, d’autant que le nombre de clients d’Amazon Prime est encore restreint et surtout concentré en région parisienne.
Régis Schultz s’est donc montré particulièrement optimiste quant à l’avenir de son enseigne, assurant sur Europe 1 que l'avenir de la livraison et de la vente en ligne alimentaire passe par une combinaison distributeurs-Amazon : "sur l'alimentaire, l'important pour une majorité de clients, c'est le choix et la qualité des produits". Il n’y voit que des avantages, à commencer par la possibilité "d’élargir la base clients" de Monoprix.