L'Opep et ses partenaires, menés par la Russie, ont adopté mardi à Vienne une "charte" pour pérenniser leur alliance à travers un mécanisme de "coopération permanente", né dans la douleur mais vital face au boom de l'offre américaine.
Une alliance informelle depuis 2016
Les 14 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs dix pays partenaires ont approuvé à l'unanimité cette charte, qualifiée de "document historique" par l'Arabie saoudite. Un vote à main levée s'est tenu lors d'une réunion à Vienne, où l'Opep a son siège.
Leur alliance, jusqu'alors informelle, remonte à fin 2016 : confrontés à l'effondrement vertigineux des cours du brut entamé en 2014, les membres de l'Opep s'étaient mis d'accord avec dix autres pays pétroliers, dont la Russie, le Mexique et le Kazakhstan, pour limiter leur production. Les 24 pays, regroupés sous l'appellation Opep+, pompent la moitié du pétrole du globe.
Sans surprise, l'ensemble de ces pays a également reconduit mardi, pour neuf mois, leur accord de décembre dernier visant à réduire leur offre cumulée de 1,2 million de barils/jour par rapport à leur production d'octobre 2018. Cette extension jusqu'à mars 2020 intervient alors que les prix restent sous forte pression, entre une offre abondante alimentée par le boom du pétrole de schiste américain, et une consommation mondiale en berne sur fond d'essoufflement économique.
"Les discussions ont été houleuses"
Dans ce contexte, l'accord de coopération signé mardi créé de facto une sorte d'Opep élargie, consolidant leur bloc face aux Etats-Unis, premier producteur de pétrole de la planète. Une évolution indispensable pour endiguer la marginalisation du cartel, à en croire le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Falih.
"L'Opep seule, c'est moins de 30% de la production mondiale. L'influence de la Russie, grand exportateur, est bienvenue", a-t-il expliqué lundi. La Russie est le deuxième pays producteur de brut derrière les Etats-Unis et devant l'Arabie saoudite. "Les discussions ont été houleuses" parmi les membres du cartel, a reconnu le ministre saoudien, mais les quatorze membres ont finalement approuvé, après plusieurs heures de pourparlers, "ce document historique".
Cette charte "permettra d'avoir une structure pour des rencontres fréquentes, réunions techniques, sommets" pour coordonner plus étroitement les niveaux de la production commune et peser sur les prix, a détaillé Khaled al-Falih. Ce rapprochement consacre l'ascendant pris par la Russie sur la politique du cartel... au grand dam de l'Iran, qui s'était dit farouchement opposé à une coopération permanente, avant de finir par s'y rallier avec réticence.