Pourquoi les Bourses dévissent-elles ?

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FINANCE - Tokyo, Paris, Francfort, New York : dans le sillage de la bourse de Shanghai, toutes les places financières sont dans le rouge lundi.

Un vent de panique souffle sur les places boursières : dans le sillage de la Bourse de Shanghai, qui a enregistré lundi une chute de 8,5%, les principaux indices boursiers mondiaux sont tous passés dans le rouge. Mais pourquoi le monde entier est-il si sensible à un marasme avant tout chinois ?

Une dégringolade généralisée. Tous les indicateurs étaient dans le rouge lundi. La Bourse de Shanghai fut la première à dévisser, entraînant rapidement toutes les autres places boursières asiatiques, puis européennes. Un mouvement confirmé à l’ouverture des marchés américains, eux aussi dans le rouge en milieu d’après-midi.

Shanghai : -8,5%              Paris : -5,35%              Athènes : -10,5%
Tokyo : -4,6%                  Athènes : -10,5%        Sao Paulo : -3,03%
Londres : -4,46 %             Madrid : -5,01%           Dow Jones : -3,56%
Francfort : -4,2%              Milan : -5,96%             Nasdaq : -3,82%

La raison principale : l’économie chinoise s’essouffle. Ce nouveau décrochage des Bourses n’est en fait que le dernier épisode d’une longue série de soubresauts en Chine. Entre mi-juin et mi-juillet, les Bourses de Shanghai et de Shenzhen avaient déjà perdu 30%, avant de nouvelles turbulences provoquées par plusieurs dévaluation du yuan mi-août.

En effet, l’Empire du milieu traverse une période difficile après avoir été habitué à des chiffres de croissance à deux chiffres. Cette période est révolue et Pékin table cette année sur une hausse de son PIB de 7% "seulement". Mais la croissance pourrait être encore moindre au regard des derniers indicateurs : les usines tournent au ralenti et vendent moins à l'étranger (-8,3% d'exportations sur un an en juillet). En parallèle, les stocks s’accumulent et poussent les prix à la baisse, ce qui n’arrange rien.

Le gouvernement chinois tente bien de corriger le tir, principalement en faisant en sorte que les usines chinoises vendent aux consommateurs chinois et non plus aux seuls étrangers, mais toutes ses actions n’ont visiblement pas convaincu les investisseurs. D'autant que de nombreux analystes doutent de la véracité des derniers chiffres officiels chinois.

Pourquoi le monde tremble-t-il quand la Chine tousse ? Ce qui pourrait ne concerner que l’économie chinoise a en fait des conséquences dans tout le monde, mondialisation et financiarisation obligent. D'abord parce lorsque la Chine est devenue la première puissance économique mondiale : lorsque le premier de la course ralentit, tout le peloton s'y adapte. A titre d'exemple, l'Empire du milieu est devenu le premier marché automobile mondial : si les Chinois consomment moins, ce sont tous les constructeurs qui en pâtissent, y compris les européens.

Ensuite parce que les aléas chinois se transmettent aussi au reste du monde via les matières premières. Les cours de ces dernières sont très dépendants de la demande chinoise, Pékin achetant entre 40 et 50% de la production mondiale. Or, comme l’activité chinoise ralentit, sa demande en matière première baisse et provoque une baisse des cours qui concerne tout le monde. Ainsi, le prix du pétrole est passé lundi sous 40 dollars le baril à New-York, son plus bas niveau depuis six ans et demi. L'indice Bloomberg Commodity Index, qui répertorie 22 matières brutes, a atteint lundi son plus bas niveau depuis août 1999. Résultat, des entreprises françaises pétrolières comme Total ou Technip traversent elles aussi un trou d'air.

Les marchés boursiers chinois, un monde à part. Ce contexte morose est aggravé par la grande volatilité des marchés chinois. En effet, devenue l’atelier du monde durant deux décennies, la Chine a accumulé d’énormes quantités d’argent. Ces sommes, les Chinois les ont investies en obligations d’Etat – principalement américaines – mais aussi et surtout dans l’immobilier. Résultat : cette explosion des prix a poussé le gouvernement a intervenir pour limiter la spéculation. Les Chinois, faute d’assurance retraite fiable, ont donc décidé de miser leur argent ailleurs, en l’occurrence en Bourse. Résultat, les marchés boursiers chinois ont connu une très forte progression, obligeant une nouvelle fois l’Etat à intervenir pour éviter la formation d'une bulle.

Un contexte financier qui n’arrange rien. Cet épisode aurait pu se limiter à l’Asie et ne perturber les autres places boursières qu’à la marge. Sauf que les marchés traversent une période très particulière, marquée par une abondance de liquidités. Suite à la crise économique de 2008, puis à la crise de la dette en Europe, la plupart des Banques centrales ont décidé d’abaisser leurs taux et d’injecter de très importantes quantités d’argent dans le système financier. Sauf que le recours à la planche à billets a généré un effet pervers : cet argent, censé permettre aux banques de prêter à nouveau pour relancer l’activité, n’a pas été utilisé comme prévu. Faute de confiance, les prêts aux entreprises ont à peine augmenté, la majeure partie de cet argent ayant été utilisé pour être investi en Bourse. Résultat, les cours boursiers n’ont cessé d’augmenter, le CAC 40 retrouvant même le 11 mars 2015 son niveau d’avant 2008. Sauf que l’économie réelle ne s’est pas redressée dans les mêmes proportions, alimentant les craintes d’une nouvelle bulle boursière.

>> Au fait, qui a eu l'idée d'inventer la Bourse ? 


Qui a eu l'idée d'inventer la Bourse ? par Europe1fr