Bourses : qu'est-ce que le délit d'initié, dont est soupçonné Donald Trump ?
Aux États-Unis, des élus démocrates soupçonnent Donald Trump d'avoir commis un délit d'initié mercredi après avoir encouragé les investisseurs à acheter des actions sur les marchés financiers. Que reproche-t-on exactement au président américain ? Europe 1 fait le point.
C'est une expression bien connue des boursicoteurs. Le délit d'initié est une pratique interdite sur les marchés financiers, à laquelle Donald Trump se serait prêté mercredi en pleine débandade des Bourses mondiales, comme le soupçonnent plusieurs élus démocrates aux États-Unis.
Manipulation illégale des marchés financiers
Ces derniers pointent du doigt les déclarations du président américain mercredi. Peu après l'ouverture de Wall Street, le locataire de la Maison Blanche a encouragé à acheter des actions sur les marchés financiers sur son réseau TruthSocial.
Avant d'annoncer, quelques heures plus tard, son spectaculaire revirement sur les droits de douane qui a permis aux différentes Bourses de clôturer à la hausse. Par ce biais, les élus démocrates, comme le sénateur Adam Schiff, estiment qu'il a illégalement manipulé les marchés. "Les proches de Donald Trump profitent-ils illégalement de ces énormes fluctuations du marché boursier par le biais de délits d'initiés ?", s'est-il interrogé sur son compte X.
Utiliser une information sensible pour réaliser une opération bénéfique
Car le délit d'initié repose sur une manipulation des cours. Il consiste à user de sa fonction pour utiliser une information sensible, qui n'a pas été rendue publique, afin de réaliser un gain ou d'éviter une trop lourde perte. L'opération peut être faite directement, ou indirectement à l'aide d'autres personnes, et peut faire déréguler le marché boursier puisqu'il s'agit d'une pratique qui ne respecte pas la concurrence.
Dans le cas des déclarations de Donald Trump, les démocrates soupçonnent le président américain d'avoir inciter les investisseurs à acheter, sachant qu'il allait annoncer quelque temps après une suspension des nouveaux droits de douane dans de nombreux pays, qui ferait repartir les marchés financiers à la hausse.
Donald Trump n'a voulu que "rassurer", se défend la Maison Blanche
"Les présidents ne sont pas des conseillers en investissement", écrit Richard Painter, professeur en droit et ancien avocat chargé de l'éthique à la Maison Blanche sous George W. Bush. "Ce scénario pourrait exposer le président à des accusations de manipulation du marché", a-t-il déclaré sur la chaîne NBC. L'action de l'entreprise de médias de Donald Trump, Trump Media & Technology Group, a par ailleurs clôturé la journée avec une hausse de 21,67%.
La Maison Blanche a affirmé que Donald Trump n'avait voulu que "rassurer". "Il est de la responsabilité du président des États-Unis de rassurer les marchés et les Américains sur leur sécurité économique face à l'alarmisme permanent des médias", a déclaré au Washington Post Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche.
Cette opération est punie en France par l'article L465-1 du Code monétaire et financier relatif aux atteintes à la transparence des marchés. Une personne coupable de délit d'initié encourt cinq ans d'emprisonnement et 100 millions d'euros d'amende, un montant qui peut être majoré selon l'avantage retiré du délit.