Pour augmenter le pouvoir d'achat des Français en ces temps d'inflation, le gouvernement prépare un projet de loi où figure notamment un encouragement très fort de l'intéressement dans les PME, afin de mieux "partager la valeur" avec les salariés. Mais cette mesure ne fait pas vraiment sauter au plafond les petits patrons français. Selon Franck Moriz, président de la CPME du Rhône, le système marche très bien dans les grandes entreprises mais il n'est pas forcément adapté aux petites.
La préférence des primes individuelles
"Au-delà de la complexité du dispositif, le dirigeant va préférer octroyer des primes individuelles à certains, en fonction de leur implication, plutôt que de mettre en œuvre un dispositif d'intéressement qui, demain, ne lui permettra pas d'individualiser ses rémunérations", estime le président de la CPME du Rhône sur Europe 1.
Franck Moriz explique que c'est la raison pour laquelle les adhérents de la CPME "sont plutôt réticents à la mise en place de ces dispositifs." Les petits patrons craignent que l'intéressement ou la participation ne devienne une obligation pour les petites et moyennes entreprises. Ce serait une très mauvaise idée selon Eric Beauchamp, expert qui conseille les entreprises en matière d'épargne salariale. "L'obligation va tuer le système", affirme-t-il au micro d'Europe 1.
Vu comme "un coût supplémentaire" pour les chefs d'entreprise
Pour cet expert, "les chefs d'entreprise vont le comprendre comme un coût supplémentaire alors que ce n'est pas du tout le cas, et les salariés vont considérer ça comme un dû." En conséquence, "l'effet motivant et vertueux va disparaître", évoque Eric Beauchamp, pour qui "il est urgent de ne pas se presser dans la modification de deux dispositifs qui, aujourd'hui, marchent très bien."
Des patrons de PME aimeraient donc que le projet de loi sur le pouvoir d'achat, qui doit être présenté la semaine prochaine au Parlement, ne se fasse ni sans eux, ni contre eux.