Il y a un an, les premiers prêts garantis par l'Etat (PGE) étaient signés par les banques pour aider les entreprises à faire face à la crise. Il leur faut désormais penser à la manière de les rembourser. Les banques ont commencé il y a quelques semaines à appeler une par une les plusieurs millions de sociétés qui ont contracté un PGE. Les conditions de remboursement, et notamment la durée du prêt, n'avaient pas été fixées d'emblée.
Au cours de l'année, ces prêts ont été plusieurs fois améliorés. Avec le durcissement de la crise, sept entreprises sur dix prévoient de faire courir leurs prêts jusqu'au bout de la durée limite, soit six ans. Pourtant, une société sur deux n'a pas encore utilisé son PGE. Face à l'incertitude la situation, les entreprises préfèrent jouer la prudence.
Certaines entreprises peinent déjà à rembourser
Mais ces prêts ne sont pas gratuits : les emprunteurs doivent payer la garantie de l'Etat. Cela représente un taux de 1% pour les TPE et PME qui choisissent les durées les plus longues. Il faut ajouter à cela le coût du crédit pour les banques, qui se sont toutefois engagées à ne pas faire de marge sur ces prêts. Même si la plupart des emprunteurs avaient plutôt compris le mécanisme, certains ont eu une mauvaise surprise.
"Au départ, on nous avait annoncé que c'était à 0%. Après, mon expert comptable et moi-même avons entendu parler de prêts à 0,25%. Et là, au dernier report de remboursement du prêt, on était passé à 1,26%. On est pris à la gorge. Je pense que je vais devoir licencier. Malheureusement, je ne peux pas faire autrement", explique un restaurateur francilien. L'année dernière, il avait signé dans l'urgence un prêt de 300.000 euros. Si Bercy affirme entendre ces difficultés, le ministère de l'Economie explique toutefois qu'il est impossible de faire des prêts totalement gratuits.
Refus des banques de rééchelonner les dettes
Les difficultés des entrepreneurs sont d'autant plus importantes que ces PGE ne sont souvent pas les seuls prêts souscris par les entreprises. Beaucoup ont déjà à rembourser leurs prêts traditionnels, pour l'achat de locaux par exemple. Ils sont nombreux à demander des reports à leur banque, sans succès. "Nous avons énormément de refus de la part des banques de rééchelonner les dettes qui ont été contractées par les entreprises avant la crise, sur la base d'une activité qui n'a strictement plus rien à voir", affirme Didier Chenet, président du GNI, qui regroupe des restaurateurs indépendants.
En l'espace de dix jours, il dit avoir transmis 200 dossiers à la Fédération bancaire, qui représente toutes les banques installées en France. Celle-ci assure de son côté regarder chaque dossier et voir ce qu'il est possible de faire. Elle affirme également que le taux de non-paiement de ces prêts est aujourd'hui inférieur à 5%.