Le groupe ADP (Aéroports de Paris) est à vendre et les acheteurs se bousculent au portillon. L’État, actionnaire à 50% de l’entreprise qui gère notamment les plateformes d’Orly et Roissy, souhaite céder ses parts. Parmi les candidats les plus sérieux figure Vinci, déjà bien implanté dans le secteur aéroportuaire et actionnaire à 8% d’ADP. Mais pas à n’importe quel prix, comme l'a rappelé Nicolas Notebaert, directeur général de Vinci Concessions, branche du groupe de BTP englobant notamment les aéroports, qui était l'invité de l’interview éco d’Emmanuel Duteil, jeudi sur Europe 1.
Écoutez l'interview intégrale de Nicolas Notebaert à 22h20 dans le journal de la nuit d'Isabelle Millet. Le replay de l'émission est à retrouver ici.
Souhait d'un "débat politique transparent". Vinci Airports ne cache pas son intérêt pour ADP, qui a annoncé jeudi une croissance de son bénéfice net de 6,9% en 2018, "une très belle entreprise, offrant une formidable opportunité pour la France et l’Île-de-France de se développer". Mais Nicolas Notebaert fixe deux conditions préalables pour se lancer dans la course au rachat. "D’abord, que le débat politique, légitime, sur le mode de régime que souhaite le gouvernement soit transparent. Puis que le choix se porte sur un vrai acteur industriel, et non un acteur qui met des participations financières de court terme", explique le directeur général de Vinci Airports. Si toutes les conditions sont réunies, le groupe entend bien faire valoir "le rôle qu’on joue partout dans le monde, à savoir être un leader technique et commercial pour développer les aéroports".
Reste que Nicolas Notebaert ne cache pas ses doutes sur la façon dont sont perçus les concessionnaires comme Vinci dans l’Hexagone. "Il y a, en France, des tentations qui, je l’espère, ne sont pas gouvernementales, et qui laissent penser que le modèle de la concession n’est pas bien compris", alerte-t-il. "Il faut être très vigilant, en France comme ailleurs, sur le respect de ces contrats de long terme", ajoute-t-il au micro d’Europe 1. "Le principe du contrat, c’est de réaliser des investissements très importants dans un premier temps puis de bénéficier de droits pendant la durée de la concession. Dans certains commentaires, on voit une tendance à se focaliser sur les dernières années du contrat. On s’étonne qu’on gagne de l’argent. Et bien oui", assume Nicolas Notebaert.
Toulouse et Notre-Dame-des-Landes, deux dossiers en suspens. À ce titre, s’il assure que Vinci Airports est "intéressé" par la concession de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, remise en vente par les actionnaires chinois, Nicolas Notebaert se montre également prudent sur ce dossier. "Il y a une autorité qui fixe des règles et on regarde précisément comment elles vont évoluer dans les prochaines années, notamment sur les tarifs. Est-ce que Toulouse est une ville intéressante avec son aéroport ? Oui. Est-ce qu’on fera n’importe quoi pour l’acquérir ? Non", affirme le directeur général de Vinci Concessions.
Dernier dossier chaud pour Vinci Airports : l’indemnisation suite au projet avorté d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. La société, également gestionnaire de l’aéroport de Nantes, attend en effet la compensation de l’État. "Nous attendons désormais que notre contrat soit respecté et que l’on soit indemnisé. C’est une décision unilatérale du gouvernement mais il faut qu’il respecte son co-contractant. On sera très vigilant à ce que nos droits soient respectés", prévient Nicolas Notebaert à ce sujet.