Il ne s’agit que d’un chiffre, mais qui en dit long sur l’ascension des acteurs numériques au sein de l’économie réelle. Si AirBnB réussit sa prochaine levée de fonds, pour un montant d’un milliard de dollar, sa valeur avoisinera les 24 milliards de dollars. Il deviendrait alors la deuxième valorisation mondiale dans le secteur hôtelier, juste derrière le groupe Hilton et loin devant le groupe Accor.
AirBnB thinks bigger. Fondée en 2008, l’entreprise californienne revendique avoir déjà permis à plus de 35 millions de voyageurs de trouver un logement pour une nuit ou quelques jours. Avec des locations dans plus de 34.000 villes, AirBnB est donc déjà un poids lourd du secteur. Le groupe ne compte pas pour autant s’arrêter là et va bientôt inviter de nouveaux investisseurs à entrer dans son capital pour poursuivre sa croissance. Selon The Wall Street Journal, qui révèle l’information, l’entreprise va lever 1 milliards de dollars (soit 884 millions d’euros), ce qui devrait faire grimper sa valorisation totale à 24 milliards de dollars.
Mais que désigne ce terme de valorisation ? C’est l’un des indicateurs possibles pour déterminer la valeur d’une entreprise. Il désigne l’argent qu’il faudrait pour racheter toutes les actions d’une entreprise et en prendre le contrôle. Soit le nombre d’actions en circulation multiplié par leur valeur en Bourse. Pour les entreprises non-cotées, comme c’est encore le cas d’AirBnB, il ne s’agit que d’estimations qui donnent une bonne idée de ce que les investisseurs seraient prêts à payer pour mettre la main dessus.
Quand le virtuel vaut plus que le réel. Si ce chiffre de 24 milliards de dollars ne dit pas grand chose en lui-même, il devient très significatif lorsqu’on le compare à la valorisation d’autres entreprises du secteur hôtelier. Or, à ce petit jeu-là, la valeur attribuée à AirBnB devient stratosphérique : c’est deux fois la valorisation du groupe Accor, et à peine moins que le groupe hôtelier le plus valorisé au monde, Hilton Worldwide (Interncontinental, Crowne Plaza, Holiday Inn, etc.).
NB :
InterContinental Hotels Group : Intercontinental, Crowne Plaza, Holiday Inn, Hotel Indigo, etc.
Wyndham Hotel Group : Days Inn, Super 8, Travelodge, etc.
Accor : Novotel, Sofitel, Pullman, Mercure, Ibis, Hotel F1, etc.
Des chiffres à prendre avec des pincettes. Affirmer qu’AirBnB vaut 24 milliards de dollars, soit 21,2 milliards d’euros, peut néanmoins être débattu. En effet, ces 24 milliards de dollars, c’est la somme que les investisseurs seraient prêt à débourser pour acquérir AirBnB, mais sa valeur intrinsèque est bien inférieure : l’entreprise devrait finir l’année 2015 par une perte de 150 millions de dollars pour un chiffre d’affaires de 850 millions, selon le Wall Street Journal. Comment expliquer alors qu’une entreprise qui perd de l’argent soit estimée plusieurs milliards de dollars ? Tout simplement parce que les investisseurs croient en son avenir et seraient prêt à payer très cher pour faire partie de l’aventure.
A l’inverse, les grands groupes hôteliers ont des marges de progression bien moindres et ne bénéficient donc pas l’effet de mode AirBnB. Pourtant, leur valeur est bien plus certaine : si le groupe Accor vaut moitié mois que son concurrent numérique, il possède plus de 3.700 hôtels et résidences bien réels, soit plus de 480.000 chambres. A l’inverse, AirBnB ne possède aucun bâtiment : s’il lui arrivait de perdre de son attractivité, les 0 y deviendraient bien moins nombreuses, faisant fondre par la même occasion la valeur estimée d’AirBnB. Ces chiffres sont donc à prendre avec des pincettes, même s’ils montrent l’essor fulgurant de la firme californienne.