Un moratoire sur les accords de libre-échange figure au premier rang des demandes des syndicats agricoles français qui, toutes tendances confondues, y voient une concurrence déloyale, même si certains pans de l'agriculture peuvent en profiter. Le projet d'accord avec le bloc latino-américain Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), en discussion depuis 1999, est le plus vilipendé.
Emmanuel Macron doit s'entretenir ce jeudi avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avec au programme un échange sur le Mercosur. Le président y est farouchement opposé. Que prévoit ce texte exactement ?
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Des conditions de productions différentes
Comme d'autres accords avant lui, le Mercosur permet une réduction des droits de douane. Par exemple, le Brésil pourra exporter en Europe plus de viande de bœuf qu'aujourd'hui en payant moins de taxes. Cette perspective inquiète d'autant plus les agriculteurs français que les normes de production au Brésil sont moins contraignantes : "L'attention se porte aujourd'hui davantage sur les conditions de production de ces produits agricoles. C'est quelque chose qui est beaucoup plus difficile à négocier", souligne Elvire Fabry, responsable de la géopolitique du commerce à l'Institut Jacques Delors.
Des petites exploitations fragilisées
Face à cette concurrence, tous les agriculteurs français ne sont pas armés de la même manière. Certains produisent suffisamment de volume pour rester compétitifs. D'autres, en revanche, sont plus vulnérables, estime Xavier Hollandts, professeur à Kedge Business School et spécialiste des questions agricoles : "Qui va être le plus pénalisé ? C'est finalement la petite exploitation agricole qui va voir sans doute d'un mauvais œil ces produits venir concurrencer sa production".
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En contrepartie, la France espère également augmenter ses exportations de vins, de spiritueux ou encore de fromages. Des produits typiquement français qui se vendent très bien à l'étranger.