Les organisations patronales ont été reçues ce lundi à Matignon pour rencontrer Elisabeth Borne. 1:19
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Barthélémy Philippe avec AFP // Crédit photo : Emmanuel DUNAND / AFP
La Première ministre Elisabeth Borne a reçu lundi à Matignon des organisations patronales, le Medef et la CPME, qui lui ont fait part des sujets post-réforme des retraites sur lesquels ils étaient disposés à négocier. Parmi ces derniers : l'emploi des seniors.

Après les syndicats la semaine dernière, la Première ministre Elisabeth Borne a reçu lundi à Matignon des organisations patronales, le Medef et la CPME, qui lui ont fait part des sujets post-réforme des retraites sur lesquels ils étaient disposés à négocier, l'emploi des seniors notamment. Pour le Medef, le patron des patrons Geoffroy Roux de Bézieux s'est dit "prêt à discuter de l'emploi des seniors" et des dispositions censurées par le Conseil constitutionnel, mais pas d'une éventuelle révision des ordonnances travail ou des retraites, alors que les syndicats avaient redit leur opposition à la réforme de celles-ci.

D'une manière générale, Geoffroy Roux de Bézieux, qui s'apprête à passer la main à la tête du Medef, est venu "avec une liste de sujets" dont il souhaite discuter. Il a évoqué la possibilité de discuter de "la retraite progressive", des salaires élevés des cadres seniors "qui freinent leur embauche" ou de la dégressivité des allocations chômage. Sur les salaires, Geoffroy Roux de Bézieux a redit que "les entreprises privées ont fait le job" avec un salaire moyen par tête en hausse de 5,8% selon l'Urssaf, contrairement à l'Etat-employeur chez lequel la hausse est "autour de 2%".

Mais il s'est dit prêt à parler du problème de la faible progression des salaires nets entre un et deux Smic, alors que selon certaines études, "entre 60% et 70% des augmentations de salaire ne se retrouvent pas en net", en raison notamment de la disparition de la prime d'activité.

 

"Lignes rouges"

En revanche, il a dit qu'il ne "savait pas ce que voulait dire" conditionner les aides publiques aux entreprises à la hausse des salaires, comme réclamé par les syndicats. Et il a affirmé qu'il n'était "pas prêt à négocier" une révision des ordonnances travail, qui sont pour lui des "lignes rouges". Le président du Medef a en outre demandé à la Première ministre que l'accord conclu entre le patronat et quatre syndicats sur le partage de la valeur, qui va être transposé dans un projet de loi présenté mercredi en Conseil des ministres, fasse "jurisprudence" et que "s'il y a un accord sur l'emploi des seniors, il soit repris entièrement".

Geoffroy Roux de Bézieux a dit qu'il "se méfiait un peu de l'expression d'agenda social. Il faut prendre les sujets qui sont mûrs" pour être négociés, "on n'est pas obligés de les ouvrir tous en même temps".

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) de son côté a remis sur la table sa proposition d'exonérer de cotisations assurance-chômage les seniors à partir 57 ans, "quitte à que l'entreprise rembourse les cotisations non versées si elle se séparait de ce senior avant la retraite", a indiqué son patron, François Asselin, à l'AFP.

Les deux premières organisations patronales entendent, par ailleurs, limiter la possibilité d'ouvrir un compte épargne-temps dans toutes les entreprises à la prise des jours épargnés juste avant la retraite, et non tout au long de la vie professionnelle. "J'ai senti quelqu'un à l'écoute", désireuse "de trouver les sujets susceptibles d'être négociés entre partenaires sociaux" et de "tourner la page" des retraites, a souligné François Asselin à propos d'Elisabeth Borne.

"Grain à moudre"

Le Medef a défendu aussi la dégressivité des allocations chômage, alors que selon le numéro un de la CFE/CGC François Homeril, Elisabeth Borne envisagerait de "laisser les partenaires sociaux revenir" sur cette mesure entrée en vigueur en février. "On ne voit pas de raison (de) changer" la réforme de l'assurance chômage et "la Première ministre nous l'a confirmé", a affirmé Geoffroy Roux de Bézieux lundi. Il exclut aussi de discuter avec les syndicats de sujets sur lesquels les positions sont trop antagonistes, comme l'indexation des salaires.

"Le dialogue social ça marche quand il y a du grain à moudre et qu'il y a la volonté de part et d'autre de trouver un compromis", affirme-t-il. La CPME, qui veut aussi aborder la crise du logement, l'usure professionnelle et l'utilisation du compte personnel de formation, assure n'être "absolument pas dans un état d'esprit défensif" après la réforme des retraites. L'Union des entreprises de proximité (U2P), qui représente artisans et professions libérales, sera reçue mardi par Elisabeth Borne.