Parmi les sujets laissés en suspens par la crise sanitaire, la réforme des retraites, qui divise l'entourage du chef de l'Etat tant sur sa forme que sur le calendrier. "Il faut la faire, mais il faut aussi choisir le bon moment", a résumé Jean Castex au Figaro, tout en affirmant que "ce ne sera pas la même" que celle initiée par son prédécesseur, Edouard Philippe. Alors que les comptes sociaux ont été considérablement grevés par le Covid-19, une partie de la majorité plaide pour un relèvement de l'âge de départ, mesure qui pourrait être prise dès le vote du prochain budget à l'automne. "Là, il y a une bonne ambiance, les boîtes ont envie d’investir, les gens de bosser, de partir en vacances, de revivre. Il faut laisser cette dynamique prospérer, on ne peut pas faire ça maintenant", rétorque un proche du Président.
De 62 à 64 ans
Si le sujet divise encore dans l'entourage d'Emmanuel Macron, les partisans d'un signal très fort et très rapide sur cette question semblent prendre l'avantage. L'idée qu'ils défendent est la suivante : oublier la réforme systémique annoncée au début du quinquennat, ce système universel de retraites qui a provoqué tant d'opposition et qui est très compliqué à mettre en œuvre, pour se concentrer sur une mesure qui est très simple à mettre en œuvre et qui permettra d'économiser beaucoup d'argent très vite.
L'âge légal pourrait ainsi passer de 62 à 64 ans à en croire le journal Les Échos, qui évoque cette hypothèse. Le dernier relèvement de l'âge légal de départ à la retraite date de 2010. Il était passé progressivement de 60 à 62 ans. Là, on passerait de 62 à 64 ans à un rythme plus rapide qu'en 2010. Le principe serait posé dès cet automne et la réforme se mettrait en œuvre lors du prochain quinquennat. Avec un âge légal à 64 ans à l'horizon 2028 pour les générations nées après 1964.
Asphyxier la droite avant la présidentielle
Le but de l'exécutif serait sans doute de faire oublier l'échec des régionales en frappant un grand coup. À ceux qui, dans la macronie, pensent que c'est de la folie à quelques mois de l'élection présidentielle, les partisans de cette réforme répondent que c'est au contraire le moment où jamais pour couper l'herbe sous le pied de la droite, remise en selle par son succès aux régionales. Reste à savoir quelle sera la décision d'Emmanuel Macron.
Rappelons toutefois que dans un calendrier parlementaire restreint, comprenant des textes toujours en navette comme la loi Climat, Emmanuel Macron n'a plus guère d'espace pour un projet de loi d'ampleur. Des avancées sur la prise en charge de la dépendance, des signaux en direction de la jeunesse comme l'extension de la "garantie jeunes" sont attendus, alors que l'exécutif cherche également à occuper le terrain sécuritaire.