Une grande majorité de Groenlandais ne veulent pas appartenir aux Etats-Unis, selon un sondage
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a exprimé son envie d'annexer le Groenland aux États-Unis. Mais dans un sondage, 85% des habitants de ce territoire autonome danois sont contre cette idée de quitter le royaume danois. Seulement 6% de la population y est favorable.
Une majorité écrasante de Groenlandais ne veulent pas devenir Américains, montre un sondage publié mercredi, à l'heure où l'immense île arctique, qui cherche à diversifier son économie et obtenir l'indépendance, est convoitée par Donald Trump.
Les Groenlandais semblent peu enclins à rejoindre les États-Unis
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a plusieurs fois exprimé son envie d'annexer le territoire autonome danois, n'excluant pas l'usage de taxes douanières contre Copenhague pour arriver à ses fins.
Mi-janvier, la Première ministre danoise Mette Frederiksen s'était entretenue par téléphone - une conversation décrite comme "affreuse" selon plusieurs sources interrogées par le Financial Times - avec Donald Trump, soulignant qu'il appartenait au Groenland de décider lui-même de son avenir.
Les Groenlandais semblent peu enclins à rejoindre les États-Unis. Selon un sondage réalisé par l'agence Verian pour le quotidien Berlingske et le journal groenlandais Sermitsiaq, quelque 85% répondent "non" à la question de quitter le royaume danois - qui inclut aussi les îles Féroé - pour faire partie des États-Unis. Seuls 6% y sont favorables, et 9% sont indécis.
"Ils ne veulent pas être Américains, le sondage le montre très clairement"
"Il s'agit de la première enquête qui parvient à interroger une partie représentative de la population groenlandaise, et je pense que c'est très important", souligne auprès de l'AFP Kasper Moller Hansen, professeur de sciences politiques à l'université de Copenhague.
"Ils ne veulent pas être Américains, le sondage le montre très clairement", ajoute ce spécialiste des sondages. L'inquiétude monte au Danemark face aux velléités de Donald Trump et la Première ministre vient de rentrer d'une tournée européenne pour s'assurer du soutien de ses alliés.
Après sa rencontre avec Emmanuel Macron mardi, elle a déclaré aux médias danois : "Il faut absolument respecter le territoire et la souveraineté des États, c'est un élément essentiel de la communauté internationale". Le Groenland est, pour sa part, en quête de souveraineté et la question de l'indépendance sera au cœur de la campagne pour les prochaines élections locales qui doivent se tenir au plus tard le 6 avril.
"Nous ne voulons pas être des Danois. Nous aimerions avoir de bonnes relations avec les Danois. Mais nous voulons trouver une voie différente qui nous permette d'être des Groenlandais", indique à l'AFP Aaja Chemnitz, l'une des deux députés représentant le territoire au parlement danois.
Cette perspective reste néanmoins lointaine, et il faut entre-temps parler du développement économique du Groenland, fait-elle valoir. L'île est aujourd'hui très dépendante financièrement de sa puissance de tutelle. Dans ce contexte, 45% des Groenlandais interrogés perçoivent l'intérêt de Donald Trump pour leur pays comme "une menace", 43% comme "une opportunité", et 13% sont indécis.
Menace ou opportunité ?
Le pays n'est pas à vendre, mais il est "ouvert aux affaires" a déclaré à plusieurs reprises son Premier ministre Mute Egede. Le Groenland regorge de vastes réserves minières et pétrolières inexploitées mais leur accès promet d'être compliqué.
Il est aussi placé à un endroit stratégique : c'est la trajectoire la plus courte pour un missile entre la Russie et les États-Unis, qui y possède une base active dans le nord-ouest, à Pituffik. "Trump a mis le Groenland à l'ordre du jour politiquement, y compris pour les Danois et le Parlement danois, ce qui signifie que le Danemark est désormais conscient qu'il doit faire quelque chose", explique Kasper Moller Hansen.
Les dirigeants du pays scandinave ont ainsi déployé ces derniers jours plusieurs initiatives pour montrer leur implication. Une enveloppe de deux milliards d'euros va être consacrée au renforcement de la sécurité dans l'Arctique, et un plan d'action contre le racisme à l'encontre des Groenlandais au Danemark a été présenté.
Les velléités de Trump sont donc une "opportunité" pour ces derniers, "pas nécessairement en termes d'indépendance, mais en termes de nombreuses autres petites étapes dans les négociations en cours entre le Danemark et le Groenland", estime Kasper Moller Hansen.
L'étude publiée par Berlingske a été réalisée du 22 au 26 janvier 2025 sur un échantillon représentatif de 497 citoyens groenlandais âgés de 18 ans et plus. Les résultats publiés par Berlingske présentent une marge d'erreur entre 1,9 et 4,4 points de pourcentage. Le Groenland compte 57.000 habitants.