C'est une grogne de fond depuis le début du quinquennat Macron : les retraités expriment régulièrement leur colère face à la baisse de pouvoir d'achat qu'ils estiment subir depuis trop longtemps. Au cœur de ce ressentiment, il y a la désindexation des retraites sur l'inflation. Cette mesure touche seize millions de Français qui voient leur retraite bloquée alors que le coût de la vie continue d'augmenter. Un ras-le-bol qui se concrétise aujourd'hui dans le grand débat national : l'indexation des retraites est une des requêtes les plus formulées.
"J'entends ce message". Interrogé vendredi sur Europe 1 par notre éditorialiste économique Axel de Tarlé, Édouard Philippe affirme "entendre parfaitement les remarques formulées par ceux qui touchent une petite retraite". "Pour eux, la désindexation est une vraie préoccupation", reconnaît le Premier ministre. À tel point que même au sein du gouvernement, le débat sur la réindexation a été ouvert par Gérald Darmanin ou Agnès Buzyn. "J'entends un certain nombre de voix qui demandent de réindexer, pour 2020, les petites retraites. Faire de la politique, c'est écouter, j'entends ce message. Donc on peut regarder comment c'est possible", assure Édouard Philippe, qui ajoute attendre "l'appréciation parlementaire" pour se décider.
Le gouvernement et la majorité avaient eux-mêmes décidé de limiter à 0,3% la revalorisation des pensions en 2019, soit un niveau bien en deçà de l'inflation, s'attirant les critiques de l'opposition et des retraités.
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Allonger la durée du temps de travail ? "Il faut se poser cette question". Pour faire en sorte qu'il n'y ait plus de petites retraites, certains pays européens ont décidé de reculer l'âge de départ à la retraite. "C'est une question qu'il faut se poser mais on sait qu'elle entraîne des réactions très virulentes", réagit avec prudence Édouard Philippe. Selon lui, ce sujet "va de pair avec celui du financement de la dépendance". L'allongement de la durée de vie implique notamment "des investissements dans les infrastructures, une revalorisation des métiers de prise en charge des seniors". "Cela demande des moyens considérables", souligne le Premier ministre.
Que ce soit pour le pouvoir d'achat ou pour la dépendance, Édouard Philippe se dit ouvert au débat. "On peut se demander si, un jour, pour dégager ces moyens financiers, l'équilibre sera de travailler plus longtemps pour que la dépendance soit totalement prise en charge", estime le Premier ministre. "Je pense qu'il faut se poser cette question."