C'était attendu, c'est désormais officiel. L'Italien Luca de Meo a été nommé directeur général de Renault à compter du 1er juillet, après un vote du conseil d'administration du constructeur automobile. La directrice financière Clotilde Delbos, qui assurait la direction générale par intérim depuis le mois d'octobre, a par ailleurs été nommée directrice générale adjointe à compter de la même date. Luca de Meo, 52 ans, était jusqu'ici le patron de Seat, filiale du groupe Volkswagen. Après les scandales liés à l'affaire Carlos Ghosn, le nouveau patron va devoir s'attaquer à plusieurs chantiers de taille afin de redresser un groupe en difficulté.
Toute une carrière dans l'automobile
Luca de Meo est un expert en marketing qui a débuté dans les années 1990 chez Renault et fait toute sa carrière dans l'automobile. Fils d'un banquier d'affaires, il a vécu dans 12 pays, passant une partie de son enfance au Brésil, en Côte d'Ivoire et au Nigeria, et s'exprime couramment dans cinq langues, dont l'allemand et l'anglais.
Passé par Toyota, Fiat, Volkswagen et Audi, il a redressé Seat dont il avait pris la direction en 2015. La marque espagnole, moribonde il y a quatre ans, a battu l'an dernier un record historique de ventes. "Il n'a rien d'un dictateur. Il a énormément d'éducation, c'est un manager qui ne hurle pas", dit de lui un collaborateur de Seat. "Il a un côté charmeur mais en même temps il sait garder ses distances." Il a "un côté artiste" tout en travaillant ses sujets de façon "quasi-scientifique", ajoute ce cadre, sous couvert d'anonymat.
Un groupe en crise
Les administrateurs de Renault avaient décidé en octobre de démettre de ses fonctions le directeur général Thierry Bolloré, dont les performances et le style de management, réputé autoritaire, étaient mis en cause. Depuis, la directrice financière, Clotilde Delbos, assurait l'intérim.
Luca de Meo devra notamment redresser en Europe l'activité de la marque au losange qui doit monter en gamme pour se distinguer davantage de sa filiale roumaine "low-cost" Dacia. Renault est au plus mal en Bourse. L'action a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis l'arrestation de Carlos Ghosn en novembre 2018, signe de la défiance des investisseurs après une année de crise entre le constructeur français et son allié Nissan.
Avec Mitsubishi, dont Nissan détient 34%, l'alliance franco-japonaise se hisse au troisième rang mondial des constructeurs automobiles par les volumes vendus, derrière l'allemand Volkswagen et le japonais Toyota, mais avec une rentabilité bien moindre, faute jusqu'ici de synergies suffisantes. Une réunion des dirigeants de l'alliance est prévue jeudi au siège du constructeur japonais, à Yokohama.