Le sidérurgiste britannique British Steel a annoncé mardi mener des discussions afin d'obtenir un soutien financier, la presse britannique évoquant même le risque d'une faillite, tout en promettant de mener à bien la reprise de l'aciériste Ascoval. Dans une déclaration, British Steel a indiqué "poursuivre des discussions à propos d'un nouveau soutien financier pour aider le groupe à répondre aux problèmes liés au Brexit tout en continuant ses projets d'investissement". Il rappelle avoir déjà dû faire appel à l'aide du gouvernement britannique le mois dernier pour payer auprès de Bruxelles une facture liée aux émissions de CO2.
British Steel s'est en parallèle voulu rassurant sur la reprise de l'aciériste français Ascoval, qui sera effective mercredi. Il "entend apporter tous les financements négociés dans le calendrier prévu et respecter ainsi tous ses engagements afin de mener à bien ce projet de reprise sans délai supplémentaire", selon un communiqué distinct. Le ministère français de l'Economie a pris acte de cette décision et confirmé qu'il apporterait "sa part du financement négocié".
En Grande-Bretagne, le groupe met ses difficultés sur le compte du Brexit dont les incertitudes "représentent un défi pour l'ensemble des entreprises dont British Steel et nous conduisons des discussions constructives avec les parties prenantes pour les affronter", souligne-t-il.
Des préparatifs en vue d'une possible faillite
Un peu plus tôt, la chaîne d'information Sky News avait révélé que le gouvernement britannique avait lancé des préparatifs en vue d'une possible faillite du groupe. Selon Sky News, le gouvernement élabore en secret des préparatifs, en mobilisant des experts en faillite, pour parer à une éventuelle cessation de paiement du groupe. British Steel chercherait notamment auprès des pouvoirs publics un financement de 75 millions de livres afin de poursuivre son activité dans les prochains mois.
La chaîne d'information, qui n'identifie pas ses sources, indique qu'un soutien financier avait été décidé par le gouvernement début mai mais que sa conclusion a pris du retard. Une source explique même qu'une partie du groupe pourrait se placer sous le régime des faillites dès mercredi. Interrogé, le ministère de l'Economie n'a pas souhaité faire de commentaire sur ce qu'il a qualifié de fuite. De son côté, le syndicat GMB a appelé le gouvernement à accorder au plus vite le prêt réclamé par British Steel. "Des milliers d'emplois britanniques sont en jeu, sans parler de l'avenir de notre industrie sidérurgique", a déclaré Ross Murdoch, responsable national du syndicat.
Une faillite de British Steel menacerait ses 5.000 employés et mettrait un coup d'arrêt à son développement en Europe, marquée récemment par la reprise de l'aciérie Ascoval en France. Le tribunal de grande instance de Strasbourg avait confié début mai au britannique la reprise de ce site à Saint-Saulve (Nord), représentant un soulagement pour les 270 salariés.
La SNCF et Network Rail parmi les principaux clients du groupe
British Steel est né du rachat de la division européenne de produits longs du géant indien Tata Steel (rails, section de construction) au printemps 2016 par le fonds d'investissement Greybull Capital. Le groupe se concentre sur la niche des produits longs, dont la demande est forte notamment dans le secteur ferroviaire et de la construction. La SNCF et Network Rail, le propriétaire du réseau britannique, sont parmi ses clients les plus importants.
Greybull a misé sur la sidérurgie européenne malgré l'afflux dans cette zone géographique de masses d'acier à prix cassé importé de Chine et alors que les repreneurs de sites en difficulté ne se bousculent pas. Il a choisi en outre de bâtir un groupe européen à partir du Royaume-Uni en pleine incertitude sur le Brexit, avec à la clé des échanges potentiellement moins fluides avec le continent. Greybull Capital, un fonds spécialiste du redressement d'entreprises, communique très peu. Tout juste sait-on qu'il a été fondé notamment par des Français, les frères Marc et Nathaniel Meyohas, et qu'il a connu plusieurs revers en accompagnant des entreprises britanniques qui ont fini par déposer le bilan.
Les problèmes rencontrés par British Steel tombent au mauvais moment pour la sidérurgie britannique, sous le coup de l'échec de la fusion entre les activités européennes du géant indien Tata et l'allemand Thyssenkrupp. L'incertitude est grande en particulier pour l'usine géante de plus de 4.000 salariés exploitée par Tata Steel à Port Talbot au Pays de Galles.