Une baisse en trompe-l'œil : la rémunération des grands patrons en France a diminué en 2022, du fait d'un chiffre astronomique pour Carlos Tavares en 2021, mais ils gagnent désormais 89 fois plus que leurs salariés. Et la tendance reste à la hausse. La rémunération moyenne des patrons des entreprises de l'indice boursier phare CAC 40, selon sa composition arrêtée au 30 juin 2023, a baissé de près de 15% en 2022, à 6,7 millions d'euros, selon un rapport publié mardi par le cabinet Proxinvest.
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+29% de rémunération moyenne
Mais cette baisse est "illusoire", prévient Jehanne Leroy, rédactrice du rapport lors d'une visioconférence avec des médias. L'année 2021 avait été marquée par "un effet Carlos Tavares", du nom du directeur général du groupe automobile franco-italo-américain Stellantis qui avait obtenu une rémunération record, plus de 66,7 millions d'euros selon Proxinvest (19,15 millions selon l'entreprise), du fait d'éléments exceptionnels. Elle est retombée à 19,6 millions d'euros en 2022.
Par rapport à l'année 2019, jugée comme plus représentative que 2021 et 2020, où la pandémie avait poussé certains dirigeants à renoncer à une partie de leurs revenus, "la rémunération moyenne augmente de 29%" sur le CAC 40, note Jehanne Leroy.
Sur l'indice élargi SBF 120, qui regroupe les 120 plus grosses entreprises cotées sur la Bourse de Paris, y compris celle du CAC 40, la tendance est la même avec une baisse de 6% sur un an, à 4,2 millions d'euros en rémunération moyenne. La hausse est de 14% par rapport à 2019. En excluant 2021, "les rémunérations totales moyennes dans tous les indices sont les plus élevées depuis 16 ans", selon le rapport. Au total, 9 dirigeants touchent plus de 10 millions d'euros, un record.
89 fois leur salariés
Un dirigeant du CAC 40 gagne, en moyenne, 89 fois plus que ses salariés. Et même si le chiffre est en baisse par rapport aux 110 fois de 2021, il reste le plus élevé comparé aux autres années. Le ratio était de 72 en 2014. Depuis 2014, la rémunération des patrons (+62%) a augmenté deux fois plus vite que celles des salariés (+31%). La rémunération des dirigeants est composée d'un salaire fixe, d'une partie variable mais surtout de l'attribution d'actions, qui représente presque la moitié des revenus.
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Proxinvest, qui donne des recommandations de vote aux actionnaires lors des assemblées générales des entreprises, a aussi souligné un plus grand respect de ses recommandations sur la limitation des bonus à 150% du salaire fixe, mais aussi une plus grande contestation des "packages de départ", ayant notamment concerné les dirigeants d'Atos, de Schneider Electric, de Société Générale et de Seb.
33 millions d'euros pour la patron le mieux payé
Le trio de tête des dirigeants les mieux payés est composé de Bernard Charlès de Dassault Systèmes (33 millions d'euros), de Daniel Julien de Teleperformance (19,7 millions d'euros) et de Carlos Tavares (19,6 millions d'euros). La rémunération de Bernard Charlès, essentiellement en actions, "compense le passé" et "rattrape les années" au cours desquelles le dirigeant n'avait pas de rémunération liée à la situation de la société, explique Jehanne Leroy. L'année prochaine, l'arrivée d'un nouveau directeur général, "qui a bénéficié tout au long de sa carrière" de mesures d'intéressement, la rémunération "devrait être plus en ligne", souligne-t-elle.
Le nouveau dirigeant de Vallourec Philippe Guillemot, sur le SBF 120, complète le classement avec 15 millions d'euros, notamment en raison d'actions de préférence soumise à des conditions de performances "ambitieuses" mais "court-termistes". François-Henri Pinault, PDG de Kering, touche lui 13,7 millions d'euros selon Proxinvest, qui inclut "une convention d'assistance", de 7,2 millions d'euros signée avec Artémis, la holding de la famille Pinault.
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Le rapport prend en compte l'ensemble des formes de rémunération des dirigeants : fixe, bonus annuel, jetons, avantages en nature, stock-options et actions gratuites de performance valorisées à leur date d'attribution, intéressement en numéraire et autres formes indirectes de rémunération. Les chiffres peuvent différer des données communiquées par les entreprises.