Le Salon du Bourget prend son envol sous de bons auspices. Le président François Hollande l'inaugure lundi et ce "pourrait être l'occasion d'annoncer de nouveaux grands contrats aéronautiques civils", selon son entourage. Ces derniers jours, l'européen Airbus et l'américain Boeing ont nettement relevé leurs prévisions de croissance pour les 20 années à venir.
Une hausse de 4% en vue. Le patron de la branche aviation civile d'Airbus, Fabrice Brégier, a évalué vendredi les besoins des compagnies aériennes à environ 32.600 appareils sur cette période, en hausse de 4% par rapport à sa précédente prévision. L'américain Boeing avait dévoilé jeudi ses propres prévisions, en hausse de 3,5%, à 38.050 unités, pour une valeur estimée à 5.600 milliards de dollars. Il y a deux ans, Airbus avait enregistré pour 39,3 milliards de dollars de commandes fermes alors que son rival de Seattle en engrangeait 38 milliards. Le salon du Bourget avait totalisé 115 milliards d'euros de commandes pour l'ensemble de la filière aéronautique.
"Je ne sais pas si 2015 sera celui de tous les records (...) mais ce sera un bon salon" avec "plusieurs centaines" de commandes, a promis Fabrice Brégier. "Nous avons beaucoup de choses dans les tuyaux, sur les moyen et long-courriers", a renchéri Randy Tinseth, vice-président chargé du marketing chez Boeing. Le secteur s'appuie sur la forte croissance du trafic aérien mondial, passé de 100 millions de passagers en 1960 à un peu plus de 3 milliards en 2013. "Cette année, à peu près trois milliards de personnes voyageront par avion, et en 2034, ce chiffre aura augmenté à sept milliards", a prédit Randy Tinseth.
La guerre commerciale aura bien lieu. Face à cette demande, "les avionneurs font évoluer leur stratégie industrielle et celle de leurs fournisseurs pour accroître les cadences de production tout en proposant des innovations incrémentales (d'amélioration, ndlr)" de leurs appareils, relève le cabinet Argon Consulting, spécialisé dans l'aérien. Moins spectaculaire mais tout aussi réelle, la guerre commerciale entre constructeurs régionaux pourrait être ravivée par le dernier-né du canadien Bombardier, le CSeries, dévoilé lors du Bourget.
La biennale de l'aéronautique mettra par ailleurs l'occasion l'accent sur l'environnement, alors que le site du Bourget accueillera la conférence mondiale COP21 sur le climat en novembre. Une exposition baptisée "Le ciel de demain" est organisée, et une réunion ministérielle du Conseil pour la recherche aéronautique civile (Corac) aura lieu le 18 juin autour de ce que fait la filière en faveur du climat. L'aviation commerciale, qui représente 2% des émissions de gaz à effet de serre, vise un bilan carbone neutre d'ici 2020 et une réduction de 50% des émissions de CO2 d'ici 2050, en particulier grâce aux biocarburants. A ce titre, l'industrie va exposer des concepts comme l'avion tout électrique E-Fan d'Airbus ou le Green Taxiing.
Des besoins de recrutements. Autre enjeu: l'emploi, au moment où l'industrie aéronautique peine à recruter dans certaines spécialités. Une exposition autour d'un "avion des métiers" présentant les différents étapes du processus de fabrication d'un aéronef, est organisée, avec pour objectif de susciter des vocations chez les plus jeunes. Avec 315.000 visiteurs attendus cette année, dont 140.000 professionnels, le Bourget confirme son statut de "premier salon mondial de l'aéronautique et de l'espace", selon Marwan Lahoud, le président du Gifas, qui représente l'industrie aéronautique et spatiale en France, et directeur de la stratégie d'Airbus Group.
JF-17, Antonov 178 : les stars du Salon. Les organisateurs attendent 2.260 exposants, soit 5% de plus qu'en 2013, ce qui constituera un record. Près de la moitié sont étrangers et 47 pays sont représentés. Parmi les vedettes cette année, l'Antonov 178 ukrainien ou le JF-17, un avion de chasse pakistanais, feront leur première apparition internationale. Le Rafale sera l'une des attractions après sa consécration à l'export avec un triplé (Egypte, Inde, Qatar) ces derniers mois. L'A400M d'Airbus, dont un exemplaire s'est écrasé début mai lors d'un vol d'essai à Séville, faisant quatre morts, effectuera des démonstrations en vol.
Airbus fera aussi voler son dernier-né l'A350 face à son concurrent, le Dreamliner de Boeing, et présentera son H160, un hélicoptère ultra-innovant de dernière génération. Dans le spatial, le groupe présentera également son concept de lanceur réutilisable, à l'antithèse de celui de son rival américain Space X.