Depuis l'annonce de l’arrêt de la production de trains dans son usine de Belfort d'ici 2018, la direction d'Alstom a limité sa communication au strict minimum. Au grand dam des 480 salariés du site qui réclament depuis le début des explications. Ils devraient y voir plus clair cette semaine, à l'occasion du comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire dédié à l’usine de Belfort, qui a débuté lundi après-midi. Dans le même temps, le gouvernement s'active pour sauver l'usine grâce à de nouvelles commandes.
- Que faut-il attendre du comité central d'entreprise ? Pour son premier face-à-face avec les représentants du personnel depuis l’annonce de la direction, le PDG du groupe, Henri Poupart-Lafarge, devrait s’exprimer sur l’avenir du site belfortain, mais aussi sur la stratégie globale d’Alstom. Le patron du constructeur ferroviaire répondra également aux questions de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale mardi. Jusqu’ici, la direction a refusé d’évoquer un plan social à Belfort et préfère parler de "proposition de transfert". Elle souhaite déplacer l’activité de construction de locomotives vers l’usine de Reichschoffen, une commune alsacienne située à 200 kilomètres. 400 salariés sont concernés par cette proposition. L’usine de Belfort conserverait uniquement les activités de maintenance, effectuées par 80 personnes.
- Quelles actions les salariés prévoient-ils ? Samedi, entre 3.500 et 5.000 habitants ont défilé à Belfort lors d'une opération "ville morte", pour défendre "leur" usine, installée en 1879. En effet, en plus des 480 employés d’Alstom, près de 900 emplois indirects dépendent de l’activité du site. Les salariés de Belfort – baptisés "Alsthommes" – poursuivent leur mobilisation mardi. Ils ont rendez-vous devant le siège d’Alstom, à Saint-Ouen, pour manifester à l'occasion du comité central d'entreprise, ordinaire cette fois. Entre 1.000 et 1.500 personnes – sur les 9.000 que compte le groupe - sont attendues par les organisateurs, suite à l'appel de l'intersyndicale (CFE-CGC, CGT, CFDT, FO). Les syndicats s’attendent par ailleurs à être reçus par le secrétaire d’Etat à l’industrie Christophe Sirugue dans la semaine, pour faire le point sur ces possibilités. D’ici là, ils vont maintenir la pression sur le gouvernement. "C'est du devoir de l'Etat de sauver cette entreprise et de sauver le site de Belfort", a déclaré dimanche Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.
- Comment se positionne le gouvernement ? Actionnaire à 20% d'Alstom, le gouvernement s’est saisi du cas de Belfort, qui a tout d’un bourbier, à quelques mois de la prochaine présidentielle. François Hollande a fait du maintien de l’activité à Belfort un "objectif" et le gouvernement a promis "des réponses" sur l'avenir du site franc-comtois d'ici "la fin du mois". En coulisses, les ministres concernés s'activent donc pour trouver des solutions afin de pérenniser le futur d'Alstom. Comme vous le révélait Europe 1, plusieurs possibilités sont sur la table comme des rames de train pour le Grand Paris et un contrat pour le TGV du futur. Le gouvernement fait également pression sur la SNCF afin de conclure des contrats avec Alstom et relancer les commandes, au risque de voir les autres entreprises du secteur se plaindre d'une distorsion de la concurrence.