La filière française des vins et spiritueux est "sacrifiée pour un différend sur l'aéronautique", a dénoncé jeudi, sa Fédération d'exportateurs FEVS, après l'annonce de droits de douane supplémentaires par Washington dans le cadre d'un vieux litige entre Boeing et Airbus. "On redoutait l'escalade du conflit, on y est et ça va durer", a déploré auprès de l'AFP le président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français, César Giron, estimant que le manque à gagner de la filière pourrait dépasser le milliard d'euros.
Un droit de douane de 25%
À trois semaines de la fin de son mandat, l'administration Trump a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi qu'elle s'apprêtait à imposer des droits de douane supplémentaires sur des produits européens, notamment les vins (hors vins effervescents comme le champagne) et cognacs. Washington y est autorisé par l'Organisation mondiale du commerce dans le cadre de son différend avec l'UE sur les aides aux géants de l'aéronautique.
Depuis octobre 2019, les États-Unis imposent un droit de douane de 25% sur les vins tranquilles de moins de 14 degrés, vendus en contenants de moins de deux litres. Selon les informations de la FEVS, cette taxe de 25% va désormais s'étendre à l'ensemble des vins tranquilles, y compris en vrac, ainsi qu'aux spiritueux à base de vin, comme le cognac. "De nouvelles catégories (de produits) sont incluses, il n'y a plus d'échappatoire, c'est toute la filière issue des vignobles qui est impactée", a regretté César Giron, exprimant sa "colère" et sa "consternation" après cette nouvelle décision qui renchérit les vins français pour les consommateurs américains.
"Le marché le plus important au monde pour les vins et spiritueux"
La première salve de taxes, cumulée avec la pandémie de Covid-19, a divisé les exportations de vins en bouteille par deux, causant un manque à gagner de 600 millions d'euros, selon la Fédération. "La deuxième vague est encore plus puissante que la première", a relevé le président de la Fédération, rappelant que les Etats-Unis était "le marché le plus important au monde pour les vins et spiritueux".
La FEVS appelle l'UE à "mettre un coup de collier pour résoudre enfin ce conflit entre Airbus et Boeing" et à "compenser les entreprises françaises et européennes qui sont les dommages collatéraux de ce conflit interminable". La Fédération demande aussi au gouvernement français de soutenir la filière. "Il fait la sourde oreille", a reproché César Giron.
De son côté, la filière cognac "prend acte de l'annonce de l'administration américaine" et "ne peut que regretter d'être impliquée dans un contentieux aéronautique qui ne la concerne pas", a indiqué à l'AFP le Bureau national interprofessionnel du cognac. "La présence du cognac n'est pas menacée sur le marché américain mais ce dossier est sérieux et doit être réglé au plus vite. La filière en calcule l'impact précis", a-t-il ajouté.