"Les billets n'étaient pas chers, on en avait marre de la grisaille donc on s'est dit qu'on allait vivre le rêve italien !" Lors du deuxième confinement, à l'automne 2020, Flore, commerciale, est partie télétravailler un mois dans les Pouilles, en Italie, avec deux collègues. Un travail à (longue) distance qui attire de plus en plus de salariés. Selon une étude de la société de conseil Cooptalis, 86% des entreprises françaises ont reçu des demandes de télétravail lointain de la part de leurs salariés et 74% d'entre elles ont validé ces demandes. Un phénomène qui contribue à créer une nouvelle offre de transport et d'hébergement dédiée aux télétravailleurs.
Sur le papier, le télétravail longue distance ouvre en effet la porte à une vie quasiment paradisiaque. "Le cadre était magnifique, on était au bord de l'eau. Après le déjeuner, on pouvait travailler dehors sur la terrasse et profiter du soleil. On arrivait à bien bosser et à profiter après avec la mer juste en-dessous", se souvient Flore. "C'était un moment un peu exceptionnel, j'en ai conscience. Maintenant, je ne repartirais pas un mois. En revanche, je fais des longs week-ends. Récemment j'étais à Barcelone avec le lundi et le mardi en télétravail."
Des résidences de vacances adaptées au télétravail
Travailler dans un cadre de vacances, c'est ce que propose désormais le groupe Pierre & Vacances - Center Parcs. "L'idée est venue de certains de nos salariés qui voulaient profiter des résidences pendant le confinement. On est passé d'un monde avec d'un côté les loisirs et de l'autre le business, à un monde beaucoup plus flou avec des frontières qui évoluent. Donc on a développé une offre adaptée au télétravail", explique Grégory Sion, directeur général de Pierre & Vacances. Dans 87 résidences du groupe, le télétravailleur dispose d'un wifi amélioré, d'une clé 4G pour travailler au bord de la piscine et d'un kit ergonomie (support d'ordinateur portable, souris et clavier adaptés).
Selon Grégory Sion, il fallait garder l'esprit vacances pour que l'offre fonctionne. "On se rend compte que les premiers clients qui sont venus télétravailler dans nos résidences avaient tendance à se mettre sur le balcon, au bord de la piscine, au café… C'est pour cela qu'on a préféré tout miser sur l'ergonomie du télétravail plutôt que d'investir dans du mobilier de bureau qui ne serait pas très utilisé. On travaille aussi avec un partenaire qui fournit sur demande des petits-déjeuners livrés dans l'hébergement avec des produits locaux et de saison, pour que les gens puissent quand même se concentrer sur leur travail malgré le lieu."
Le télétravail les pieds dans l'eau, c'est possible !
Même sans aller jusqu'à brouiller la ligne entre travail et vacances, de plus en plus de Français réfléchissent à changer de cadre de vie grâce au télétravail. Juliette avait toujours habité et travaillé à Paris avant de déménager à Perros-Guirec, dans les Côtes-d'Armor, l'année dernière. "C'était un vrai choix de quitter Paris, d'être dans un environnement beaucoup moins stressant", assume-t-elle. Juliette a même choisi son nouveau travail, un poste de formatrice au sein d'une association d'éducation aux médias, en fonction du critère télétravail.
"J'ai privilégié la situation géographique et le bien-être au quotidien. L'association est basée à Paris mais je pouvais l'intégrer en restant en Bretagne et en faisant juste des allers-retours de temps en temps", raconte-t-elle. En plus de ses déplacements dans toute la France pour des formations, Juliette ne se rend plus que quelques jours toutes les 2-3 semaines à Paris. Un rythme léger alors que de plus en plus de Français font des allers-retours chaque semaine entre leur entreprise et leur domicile éloigné.
Un forfait spécial télétravail à la SNCF
Un public que la SNCF a décidé de cibler avec un "forfait télétravail" dédié : 250 trajets par an du lundi au jeudi sur toutes les destinations de TGV Inoui et Intercités, toujours sur la même ligne domicile travail. "Cette offre s'adresse aux gens qui, deux ou trois fois par semaine, vont aller d'un domicile, peut-être nouveau grâce au télétravail, jusqu'à leur travail", explique Alain Krakovitch, directeur de Voyages SNCF. "Ce qu'on pense, c'est que ce sont les grandes lignes correspondant aux départs en week-end qui vont être privilégiées. Là, on sera sur de longues distances vers la côte Atlantique, la Bretagne, le Sud-Est…"
Des allers-retours fatigants sur le moment mais qui, sur le long terme, sont rentabilisés par les bénéfices de la vie hors des grandes villes. "Le principal bénéfice, il est pour la santé mentale. On se satisfait de beaucoup moins ici", assure Juliette, qui adore sa vie à Perros-Guirec. "Je commence mes journées plus tôt qu'à Paris mais j'ai la chance de pouvoir prendre le petit-déjeuner sur la terrasse face à la mer, d'aller me baigner après le boulot le soir, d'aller me promener dans la nature… Je me rends compte que le fait d'être bien dans ma tête me permet d'être plus efficace au travail."