Le gaz naturel liquéfié va-t-il remplacer les gazoducs ? 1:52
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Baptiste Morin, édité par Gauthier Delomez , modifié à
Avec la guerre en Ukraine et les incidents intervenus sur les gazoducs Nord Stream, le gaz naturel liquéfié (GNL) pourrait bien bouleverser la géopolitique mondiale du secteur du gaz. L'Union européenne a d'ailleurs augmenté ses importations au premier semestre 2022, alors que le marché devient de plus en plus concurrentiel.

Le marché du gaz vit un moment de bascule. Alors que pendant des décennies, l’Europe avait misé en grande partie sur des livraisons de gaz par tuyau, la guerre en Ukraine et le sabotage des gazoducs Nord Stream en mer Baltique la pousse à miser sur le gaz naturel liquéfié (GNL). L’Union européenne a d'ailleurs augmenté ses importations de GNL de 60% au premier semestre 2022. 

"Un gain en termes de sécurité énergétique"

C'est en quelque sorte une bataille mondiale qui se joue sur les mers. Les acteurs sont des navires-usines de 350 mètres de long, des méthaniers. C’est à leur bord qu’est transporté le gaz naturel liquéfié. Celui-ci vient d’Australie, du Qatar, des États-Unis, d’Algérie ou encore du Nigéria.

Ce gaz est liquéfié pour le transport car sous cette forme, il prend 600 fois moins de place dans les cuves. Si les stocks européens sont aujourd’hui remplis à 90%, c’est grâce au gaz naturel liquéfié venu de tous les horizons. "Le GNL représente un gain en termes de flexibilité et donc de sécurité énergétique", explique sur Europe 1 Francis Perrin, directeur de recherche à l’Iris. "C’est une sécurité de débouchés pour les vendeurs et d’approvisionnements pour les acheteurs", ajoute-t-il.

Une indépendance énergétique toutefois limitée

Pour autant, le GNL offre une indépendance énergétique limitée. Il demande d’abord de s’équiper car pour importer du gaz liquide, il faut des terminaux pour le regazéifier. Avec ses six terminaux, l'Espagne fait figure de meilleur élève en Europe. La France en possède quatre et un cinquième verra le jour l’an prochain au large du Havre. En revanche, l’Allemagne en est encore dépourvue et met les bouchées doubles pour rattraper son retard.

À cela s’ajoute un marché ultra concurrentiel. La Chine est le plus grand importateur de GNL au monde. C’est elle qui a revendu à l’Europe quatre millions de tonnes de ce gaz venant des États-Unis ou d’Afrique ces derniers mois, et c’est elle aussi qui peut à tout moment décider de conserver ses commandes pour remplir ses stocks et faire encore monter les prix.