64 ans. Ce sera "l'âge d'équilibre" de la future réforme des retraites, si les recommandations de Jean-Paul Delevoye sont adoptées par le gouvernement. Le haut-commissaire chargé de plancher sur cette future réforme a remis son rapport jeudi. Et elle divise déjà syndicats, patronat et citoyens.
Au centre de la polémique, il y a notamment ce fameux "âge d'équilibre". Pour inciter "au prolongement de l'activité" et garantir l'"équilibre du système", Jean-Paul Delevoye propose que les futurs retraités subissent une décote s'ils partent à la retraite avant 64 ans, et que leur pension soit majorée s'ils travaillent au-delà de cet âge. Et pour le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, le gouvernement n'a pas le choix que d’adopter une telle mesure.
"Immoral" que les "fourmis payent pour les cigales"
"Ce n'est pas le gouvernement qui fixe l'âge d'équilibre, ce sont les chiffres qui sont assez têtus. Après guerre, il y avait quatre actifs pour un retraité. On est aujourd'hui à 1,7 actif pour un retraité. Ce sont les salariés qui payent pour les retraités. Avec l'allongement de l'espérance de vie, l'âge d'équilibre recule. Soit on diminue les pensions, soit on augmente les cotisations, soit on incite les gens à travailler plus longtemps", développe "le patron des patrons".
"La durée de vie à la retraite augmente aussi. Ce sont des bonnes nouvelles dont il faut prendre acte. Ce n'est pas de la politique, ce sont des chiffres", enchaîne Geoffroy Roux de Bézieux, trouvant "immoral" que les "fourmis payent pour les cigales". Comprendre : que ceux qui font le choix de travailler plus longtemps soient mis sur un pied d'égalité avec ceux qui partent à la retraite plus tôt.
"Inciter les gens à travailler plus longtemps pour avoir de meilleures retraites"
Le président du Medef avance que dans le privé, l'âge moyen de départ à la retraite est de 63,4, ans. "On est déjà au-delà de l'âge légal" de 62 ans, souligne-t-il. Dans la réforme proposée par Jean-Paul Delevoye, "il y aura des mesures qui font que plus vous travaillez tard, plus votre retraite est valorisée. Ça nous impose aussi à nous, employeurs, de retravailler sur l'employabilité des seniors", reconnaît-il, se félicitant toutefois que la France soit revenue dans la moyenne de l'OCDE en ce qui concerne les 55/60 ans.
Geoffroy Roux de Bézieux veut aussi mettre en avant une autre mesure proposée par le rapport du haut-commissaire : celle concernant le cumul emploi-retraite. Aujourd'hui, les retraités qui ont encore un emploi ne cotisent pas pour améliorer leur pension. Cela devrait changer avec la future réforme. "Tout cela va dans le même sens : inciter les gens à travailler plus longtemps pour avoir de meilleures retraites", conclue Geoffroy Roux de Bézieux.