Elisabeth Borne part à la rescousse des automobilistes. La Première ministre détaille dans Le Parisien ce dimanche matin les possibilités pour que le carburant soit moins cher, notamment en demandant aux distributeurs de vendre le carburant à pris coûtant, voire à perte. Ce qui, dans sa logique, pourrait conduire à des baisses de prix du litre à la pompe. Mais concrètement, qu'est-ce que cela va changer ?
L'Etat doit mettre la main à la poche
Cela ne devrait pas changer grand chose. Le prix du baril de Brent augmente, alors, dans les jours à venir, les prix à la pompe vont suivre cette tendance. Dans ce contexte, cela ne représente pas un grand changement pour les automobilistes selon Fabrice Godefroy, expert mobilités et environnement pour l'association 40 millions d'automobilistes. "Un distributeur qui n'est pas un producteur, comme par exemple Total, a finalement très peu de marge là-dessus. On parle de un ou deux centimes, selon les carburants, de marge. Donc c'est une baisse qui est quand même assez faible finalement. Donc, ça ne va pas être suffisant pour les automobilistes", explique-t-il au micro d'Europe 1.
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Et puis vendre à perte, cela veut dire que l'on perd de l'argent. Cette solution n'est donc pas envisageable sur la durée pour de petits distributeurs. Pour les professionnels du secteur, il faudrait surtout que l'État mette la main à la poche plutôt que de faire des propositions totalement saugrenues selon eux. "Elle est extrêmement étonnante cette annonce de demander aux distributeurs de vendre à perte parce qu'on sait très bien que c'est interdit dans la loi. Surtout que c'est l'Etat qui a le plus de marge de manœuvre sur le carburant car on a une TVA à 20% sur une TICPE fixe et après il y a une augmentation du carburant. Donc je pense qu'il y a quand même mieux à faire et que l'Etat participe en binôme avec les distributeurs", insiste Fabrice Godefroy.
Dans les semaines à venir, les prix à la pompe pourraient bien retrouver leur niveau de l'an dernier, mais cette fois, sans les ristournes de l'État et donc dépasser nettement les 2,30 euros du litre.
"C'est la fin d'une partie de mes stations si on n'a pas d'aides"
Francis Pousse, le président de la branche distributeur carburant du syndicat Mobilians, considère ce dispositif comme une fausse bonne idée par excellence. "Ceux de mes adhérents qui sont sous le giron de notre pétrolier national bénéficient déjà d'une espèce de bouclier, le fameux 1,99 euro", témoigne-t-il. "En revanche, tous les autres, à peu près 2.200, n'ont aucune façon de faire des prix coutants et encore moins demain, de faire de la vente à pertes puisque contrairement aux grandes surfaces, nous, notre cœur de business, c'est vendre du carburant avec une proportion plus ou moins importante dans la marge de la société. Mais sans carburant, nos sociétés ne pourront pas vivre bien longtemps", explique par ailleurs le syndicaliste.
Des rencontres avec deux acteurs majeurs du secteur ont été prévues par Francis Pousse, afin de déboucher sur une solution viable pour tous. "J'ai obtenu un rendez-vous avec Bruno Le Maire et Agnès Pannier-Runacher pour discuter de vive voix de cette situation et de voir quel dispositif pourra être mis en place. Parce que nous, c'est la fin d'une partie de mes stations si on n'a pas d'aides."