Vincent Bolloré, mis en examen pour "corruption" dans une enquête sur les conditions de l'attribution de concessions portuaires en Guinée et au Togo, a prévenu que cette procédure risquait "de peser longuement" sur son groupe, dans une lettre adressée mercredi à ses salariés. "Je suis profondément désolé des tourments que le groupe va subir. Pour avoir suivi pareilles mésaventures qui sont arrivées à plusieurs de mes amis ou collègues entrepreneurs, je sais que ça sera long", explique l'industriel breton qui dénonce le "tintamarre médiatique organisé depuis quelques années".
Il conteste la chronologie des faits. Les juges soupçonnent le groupe Bolloré d'avoir utilisé les activités de conseil politique de Havas afin de décrocher la gestion des ports de Lomé, au Togo, et de Conakry, en Guinée, via une autre de ses filiales, Bolloré Africa Logistics, anciennement appelée SDV. SDV a obtenu la gestion du port de Conakry quelques mois après l'élection d'Alpha Condé fin 2010 et avait remporté la gestion du terminal à conteneurs du port de Lomé peu avant la réélection en 2010 de Faure Gnassingbé. Les deux chefs d'Etat étaient alors tous deux conseillés par Havas.
Dans ce courrier, Vincent Bolloré conteste cette chronologie des faits, affirmant que les appels d'offres concernés ont eu lieu en 2001 au Togo et en 2008 en Guinée. "Nous avons postulé à ces concessions à une époque où aucune de ces deux personnalités n'étaient au pouvoir", se défend-il. Dans la lettre, Vincent Bolloré évoque également son avenir et son "futur successeur à la tête de la société" qui souhaite "plus de transparence, plus de confiance", sans pour autant le nommer.