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Société
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Elizabeth II, l’impopularité et la reconquête (partie 1)

[1992-1997] Après les révélations du Sun à l'été 1992, la relation entre Charles et Diana ne cesse de se détériorer. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'Histoire", Jean des Cars vous raconte les péripéties rocambolesques du feuilleton du prince et de la princesse de Galles. Un feuilleton qui s'achève tragiquement, à Paris, dans la nuit du 30 au 31 août 1997. Après le "Squidigate", le "Camillagate", et une joute médiatique violente de près de quatre ans, Charles et Diana finissent par divorcer, poussés par la reine, en 1996. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'histoire" , Jean des Cars revient sur la "guerre des Galles", et évoque l'attitude d'Elizabeth II durant ces années mouvementées qui s'achèvent, en 1997, avec la mort prématurée de la princesse Diana. Après le "Squidigate", le "Camillagate" ! Lorsqu’elle prononce son discours sur l’Annus Horribilis le 24 novembre 1992, Elizabeth II ne sait pas que la fin de l’année s’annonce tout aussi "horribilis"... Le 26 novembre, John Major, qui a succédé à Margaret Thatcher, annonce à la Chambre des Communes que désormais la reine et le prince de Galles acceptent de payer des impôts. Des contribuables comme les autres… La souveraine finance, sur sa cassette privée, le budget de certains membres de la famille. Il est aussi décidé qu’elle prendra en charge les frais de la restauration du château de Windsor qui vont durer cinq ans. C’est injuste car il ne s’agit pas d’une propriété privée de la souveraine, mais d’une propriété de l’Etat. Pour financer, en partie, cette énorme dépense, la reine Elizabeth ouvre Buckingham Palace au public, l’été, lorsqu’elle est à Balmoral. Une révolution !Début décembre, le même John Major fait une déclaration stupéfiante : "C’est avec regret que Buckingham Palace annonce que le prince et la princesse de Galles ont décidé de se séparer. Leurs Altesses Royales n’ont pas l’intention de divorcer et continueront à s’occuper ensemble de l’éducation de leurs enfants. Ils continueront à tenir séparément leurs engagements publics, ils apparaîtront ensemble dans certaines circonstances familiales et nationales. La reine et le duc d'Edimbourg, bien qu’attristés, comprennent et compatissent aux difficultés qui les ont conduits à prendre cette décision."Lors de cette séance au Parlement, le Premier ministre ajoute qu’il ne voit aucune raison pour que Diana ne soit pas couronnée reine lors de l’avènement de Charles. C’est absurde : l’idée que la princesse de Galles, séparée de son mari et à couteaux tirés avec lui, puisse être couronnée est parfaitement irréaliste ! Dans cette avalanche de mauvaises nouvelles, on apprend que le 12 décembre, la princesse Anne a épousé, en Ecosse, Timothy Laurence, un commandant de la Royal Navy. Elle souhaitait "un mariage en stricte intimité". A l’époque, seule l'Église écossaise permet le remariage religieux des divorcés. Et Anne en a besoin pour conserver ses droits de succession. Elle ne prévient même pas sa mère qui l’apprendra… par une révélation de la BBC ! La reine est furieuse. Elle décide, pour le remariage de sa fille, "une petite réception avec soupe et sandwiches dans une annexe du château de Balmoral", inchauffable en hiver ! La presse résume avec humour : "C’est le mariage le moins cher de l’histoire du Royaume" !Et l’année n’est pas finie ! Un nouvelle bombe explose dans la famille royale : c’est le "Camillagate". Il s’agit de la diffusion, par la presse, d’une conversation téléphonique extrêmement intime entre Charles et Camilla, enregistrée trois ans plus tôt, en 1989. Charles y exprime son désir de vivre… à l’intérieur de la petite culotte de sa bien aimée ! Le reste est accompagné de détails si scabreux que je n’ose pas les citer ! Le Squidygate : un point pour Charles ! Le Camillagate : un pour Diana ! Ex æco, la balle au centre. Mais la guerre des Galles ne fait que commencer… Pour Diana, le Camillagate justifie ce qu’elle a raconté à Andrew Norton dans son livre "Diana : son histoire vraie", paru 6 mois avant. Inspiré par la princesse, ce livre fait de Diana une victime des infidélités de Charles et de l’acharnement de la famille royale qui la déteste. Elle devrait donc triompher, et en 1993, elle profite totalement de sa situation. Mais un rebondissement, début 1994, va changer la donne. Le quotidien de très large audience "The Sun", publie des photos de Diana en compagnie de Richard Kay, chroniqueur royal du prestigieux "Daily Mail", qui prouve leur proximité. La jeune femme manipule la presse en s’épanchant auprès des journalistes. Plus ennuyeux encore, l’hebdomadaire "News of the World" révèle la liaison qu’elle a entretenue avec l’antiquaire Oliver Hoare. Pire : elle relate le harcèlement téléphonique dont l’épouse de ce dernier a été la victime de la part de Diana après leur rupture. Ladite épouse a porté plainte et l’enquête a prouvé que les appels venaient bien de la princesse de Galles. Une fois le rapport de police publié, les appels avaient cessé…Au printemps 1994, sort un livre d’Anna Pasternak intitulé "Princess in love". Il révèle au public la liaison de Diana avec le major John Hewitt. Il est roux et des rumeurs circulent, attribuant au major Hewitt la paternité de Harry ! Or, lorsqu’il entre dans la vie de Diana, en 1986, Harry a déjà deux ans ! S’il est roux, c’est grâce à l’hérédité de la famille Spencer, qui en compte beaucoup.Il n’est pas impossible que Harry ait, par la suite, souffert de ce soupçon. Lui et son frère aimaient beaucoup le major Hewitt, qu’ils considéraient comme leur professeur d’équitation et qui jouait si bien avec eux. Il disparaît brutalement de leur vie comme de celle de leur mère en 1990, après une liaison de quatre ans. C’est Diana qui y met un terme, car tout le régiment du major est au courant et l’affaire risque d’être vendue, elle aussi, à un tabloïd.Dans cette atmosphère de déballages nauséabonds, il est évident que le Noël 1993 à Sandringham n’a aucune chance d’être serein ! Diana y vient à contrecœur, rameute les photographes tout en se plaignant de leur présence. La reine est en colère. Elle exige que les journalistes arrêtent cette chasse aux images. Philip et Elizabeth sont extrêmement atteints par toutes les crises provoquées par leurs enfants. Ils s’interrogent sur leur responsabilité : pourquoi les mariages de leurs trois premiers enfants sont-ils tous des échecs épouvantables ? Ils se demandent : "Qu’avons nous fait pour que nos belles filles nous considèrent comme des épouvantails ?"L’inauguration du tunnel sous la MancheLe 6 mai 1994, Elizabeth II échappe, pour quelques heures, à son cauchemar familial. En compagnie du président François Mitterrand, elle inaugure le tunnel sous la Manche. Il a fallu huit ans et les efforts de 12 000 ingénieurs, techniciens et ouvriers pour venir à bout de cet ouvrage pharaonique : cinquante kilomètres de double voie ferroviaire sous la Manche. Désormais, la France et le Royaume-Uni sont reliés par le train Eurostar. La Grande-Bretagne n’est plus une île. A la demande d’Elizabeth II, par courtoisie, la cérémonie a d’abord lieu du côté français, à Coquelles, près de Calais. Les deux chefs d’Etat coupent en même temps le ruban tricolore. Puis, la reine refuse poliment de monter dans la voiture du président français. Elle préfère sa Rolls-Royce, symbole de l’excellence britannique. C’est dans cette limousine et dans une navette spéciale, qu’Elizabeth II fait la traversée, peut-être angoissée en songeant aux milliards de tonnes d’eau au-dessus de sa tête. Elle déclarera : "Je souriais mais, du bout des lèvres…"Charles contre-attaque Le 29 juin 1994, à deux jours du vingt-cinquième anniversaire de son intronisation en qualité de prince de Galles, Charles choisit d’apparaître à la télévision dans un portrait que lui consacre le journaliste Jonathan Dimbleby, diffusé par la chaîne d’information continue ITV. Exaspéré d’être systématiquement décrié par son épouse, il tente de reprendre la main. Le film est intitulé : "Charles, l’homme privé, le destin public". Quinze millions de téléspectateurs vont connaître ses habitudes, ses activités, ses goûts en matière de musique et de peinture, de médecine naturelle, d’architecture. Le prince se montre détendu, parfois amusé. Mais ce qu’attendent les téléspectateurs, ce sont, évidemment, des explications sur sa vie privée. Sur son mariage avec Diana, il dit : "Jusqu’à ce que notre mariage soit irrémédiablement détruit, nous avons tous les deux fait de notre mieux". Et puis il parle de Camilla : "Madame Parker-Bowles a été une amie pendant très longtemps et continuera à l’être pendant longtemps encore". Le divorce d’avec Diana n’est pour l’instant pas envisagé mais il ne constitue de toute façon pas un empêchement pour devenir roi.La riposte de Diana est simultanée. Au moment même de la diffusion du documentaire, la princesse de Galles apparaît à une réception à la Serpentine Gallery, dans une petite robe noire pour le moins sexy. Evidemment, c’est elle qui fait la une de tous les journaux du lendemain !Mais Charles n’a pas dit son dernier mot, au sens propre du terme ! Trois mois plus tard, paraît sa propre biographie, signée aussi Jonathan Dimbleby. Son titre : "Le prince de Galles a priori". Si c’est la version écrite du documentaire, Charles y a ajouté un long réquisitoire contre ses parents. Il se plaint d’avoir été un enfant mal aimé, malmené par un père trop dur et privé de la tendresse d’une mère qui se consacre exclusivement à ses devoirs de monarque. Il y a certainement du vrai dans cette analyse mais il n’est pas le premier prince héritier ayant eu une adolescence compliquée. Les futurs Edouard VII, Edouard VIII et même et surtout George VI n’avaient pas non plus eu des enfances très heureuses… La reine est évidemment secouée. Ce n’est pas le fond qui la contrarie le plus, c’est le fait que son héritier se plaigne publiquement et révèle ses souffrances personnelles. Pour elle, dont la devise, héritée de sa grand-mère paternelle, la reine Mary, est "Never explain, never complain", cette sortie est éminemment "Shocking" !Diana dépasse les bornes Dans la période médiatique suivante, Diana se forge une image caritative forte. Elle visite et réconforte les malades atteints du sida, rencontre des enfants cancéreux, rend visite à mère Teresa. Elle fait monter la pression disant préférer "être la princesse des cœurs que la reine". Elle songe même à demander une mission d’ambassadrice extraordinaire de la couronne pour des buts humanitaires. Au Foreign Office, on n’est pas étonné mais inquiet. On compare la princesse de Galles à une grenade dégoupillée ! Un danger pour la monarchie, qu’elle dynamite et qu’elle discrédite.Le 14 novembre 1995, jour bien choisi puisque c’est le 47ème anniversaire de Charles, la princesse de Galles annonce qu’elle donnera une grande interview en direct à la BBC dans la célèbre émission Panorama, six jours plus tard, le 20 novembre. Une date également bien choisie : c’est le jour du 48ème anniversaire de mariage d’Elizabeth et Philip ! L’émission se déroule depuis le domicile de Diana, à Kensington Palace. C’est un ancien chroniqueur sportif, Martin Bashir, qui mène l’entretien. Diana s’est choisie un "look" tragique : vêtue d’un strict tailleur noir, ses grands yeux bleus tristes et largement cernés de khôl. Elle confirme tout ce qu’elle a raconté dans sa biographie, sa haine envers Camilla, sa liaison avec James Hewitt, en précisant qu’elle l’a adoré… Plus grave, elle dénigre Charles, doute de ses capacités à devenir un jour roi, estimant que son fils William devrait être le successeur d’Elizabeth II. Elle se plaint aussi des médias qui la traquent, du Palais qui ne la soutient pas, et achève l’interview par une phrase soigneusement préparée : "Nous étions trois dans ce mariage et cela fait beaucoup de monde dans un couple". La réaction de la reine se manifeste un mois plus tard. Elle écrit séparément à Charles et à Diana, leur demandant d’entamer une procédure de divorce. L’année 1996 sera celle des divorces. Le premier, celui d’Andrew et de Sarah, est prononcé le 30 mai. La duchesse d’York reçoit peu d’argent puisque Andrew dépend entièrement de sa mère. Elle perd son prédicat d'Altesse Royale. Un mois plus tard, le 28 août, c’est le divorce de Charles et Diana qui devient une réalité juridique. Diana continuera à vivre à Kensington Palace mais elle perdra, elle aussi, son titre d’Altesse Royale. Désormais, elle sera Diana, princesse de Galles. Elle reçoit une indemnité compensatoire de 17 millions de livres. C’est l’un des divorces les plus chers de la fin du XXe siècle.Dans ces deux naufrages, Elizabeth II tient à conserver un lien minimal avec ses deux ex-belle-filles, pour le bien de ses petits-enfants. Elle assume pleinement son rôle de grand-mère et a autant d’affection pour William et Harry que pour Béatrice et Eugénie. A Noël, elle invite Diana à Sandringham. Celle-ci refuse car elle déteste l’atmosphère de cette résidence. Elle aura ce commentaire glaçant : "Je serais arrivée en BMW et repartie en corbillard !"Pour William et Harry, c’est le premier Noël sans leur mère. Elle reste seule à Kensington Palace, avant de s’envoler avec eux vers les Caraïbes.La nouvelle vie des petits princesDès leurs séparation officielle fin 1992, Charles et Diana modifient leurs existences et celles de leurs enfants. Tandis que Diana conserve l’appartement de Kensington Palace, Charles s’installe dans un appartement à Saint-James Palace, où il avait déjà ses bureaux. Il conserve évidemment son domaine de Highgrove où il reçoit ses fils le week-end. Pour les accompagner dans leur nouvelle vie, le prince de Galles engage une jeune femme qu’il connaît depuis toujours, Alexandra Legge-Bourke. Les jeunes princes vont adorer celle qu’ils surnomment "Tiggy", une compagne jeune, joyeuse, pratiquant l’équitation et la chasse, imaginant toutes sortes de jeux pour les distraire. Evidemment, Diana ne la supporte pas et en est jalouse. Elle l’accusera, sans preuve et par pure méchanceté, d’être la maîtresse de Charles, et même de s’être fait avorter. Tout est faux ! Le scandale remonte jusqu’à la reine et Diana cesse de tourmenter Tiggy, qui conserve sa charge.En juillet 1997, Charles donne une grande fête en l’honneur des 50 ans de Camilla. Il lui offre un superbe collier. Diana est furieuse. Pour se venger elle accepte l’invitation du milliardaire égyptien Mohamed Al Fayed à séjourner dans sa propriété de Saint-Tropez et à bord de son yacht. Elle s’y rend accompagnée de ses deux fils. Les photographes sont au courant. Ils ne tardent pas à découvrir la nouvelle liaison de la princesse avec le fils de son hôte, Dodi. C’est la première fois que Diana s’affiche à ce point, peut être pour compenser sa rupture avec Hasnat Khan, un chirurgien cardiologue, après une relation qui avait duré deux ans. C’est lui qui, affolé par le choc d’une telle médiatisation de son existence, avait rompu.Après leur séjour à Saint-Tropez avec Diana, William et Harry rejoignent leur père. Ils seront à Balmoral avec lui à la mi-août. Diana part en croisière avec Dodi al Fayed sur un petit yacht au large de la Sardaigne. Comme d’habitude, elle a prévenu un photographe. De sublimes clichés, soi-disant volés, montrent la princesse rêveuse sur un plongeoir ou échangeant des baisers avec Dodi sur le pont du yacht. Ces photos font le tour du monde.La tragédie du pont de l'AlmaLe 30 août au matin, Diana et Dodi débarquent à Paris, poursuivis par une meute de journalistes. Ils s’installent au Ritz, propriété de Mohamed al Fayed. On ne sait pour quelle raison, alors que la meute des photographes campe place Vendôme, un peu avant minuit, le couple quitte précipitamment l’hôtel par l’arrière, dans une Mercedes conduite par M. Paul, fidèle employé du palace. Le garde du corps personnel de Diana prend place à côté du chauffeur. La suite n’est que trop connue : poursuivie par les journalistes en motos, la berline s’engouffre à trop grande vitesse dans le tunnel du Pont de l’Alma et en percute le treizième pilier. Dodi et M. Paul meurent sur le coup, le garde du corps est blessé. Transportée en ambulance à la Salpêtrière, la princesse décède officiellement le 31 août, à 3h30 du matin. L’ambassadeur britannique à Paris prévient immédiatement la reine. Charles est réveillé. Elizabeth, Philip et Charles décident de laisser dormir les jeunes princes et la Reine mère. C’est à 7h15 que Charles apprend la nouvelle à William. Il a mal dormi. Sa mère l’a appelé la veille au soir, la conversation n’a pas été agréable. William lui avait demandé si elle avait l’intention d’épouser Dodi, qu’il n’aimait pas. Elle n’avait pas répondu. Il avait raccroché. Charles et son fils aîné vont ensuite réveiller Harry. C’est un moment d’immense chagrin que les enfants n’oublieront jamais.Le prince de Galles se rend à Paris pour ramener à Londres le corps de son ex-épouse. Dans la matinée, le Premier ministre Tony Blair prend la parole pour un hommage appuyé à la "princesse des cœurs". Elizabeth II et Philip ne pensent qu’à leurs petits enfants. Ils les emmènent à l’office dominical de l’église de Crathie, près de Balmoral, afin de prier pour leur maman. Occupée par son rôle de grand-mère, la reine ne réagit pas officiellement au décès de son ex-belle-fille. Son silence, les britanniques vont le prendre pour de l’indifférence. Elle l’ignore encore, mais cela va susciter un trouble gigantesque qu’il va bientôt lui falloir affronter…  Ressources bibliographiques : Sarah Bradford, Elizabeth II (Penguin Books, nouvelle édition 2002)William Shawcross, Queen Elizabeth the Queen Mother (Pan Books, 2009)Sarah Bradford, George VI (Penguin Books, 1989)Jean des Cars, Elizabeth II, la Reine (Perrin, 2018)  Vous voulez écouter les autres épisodes de ce podcast ?>> Retrouvez-les sur notre site Europe1.fr et sur Apple Podcasts , Google podcasts, Deezer, Dailymotion et YouTube , ou vos plateformes habituelles d’écoute.>> Retrouvez ici le mode d'emploi pour écouter tous les podcasts d'Europe 1    "Au cœur de l’Histoire" est un podcast Europe 1 Studio Auteur et présentation : Jean des Cars Production, diffusion et édition : Timothée Magot Réalisation : Jean-François BussièreGraphisme : Karelle Villais   

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La bataille de Teutobourg, la pire défaite de l’armée romaine

La bataille de Teutobourg, la pire défaite de l’armée romaine

Virginie Girod raconte la bataille de Teutobourg dans un épisode inédit d'Au coeur de l'Histoire.<br /> <br /> En l'an 9 de notre ère, l'Empire romain essuie la pire défaite militaire de son histoire. En Germanie, à l'Est du Rhin, les troupes du gouverneur Varus avancent dans les bois de Teutobourg quand soudain, des hordes de Germains surgissent de toute part. Après trois jours de bataille, les Romains sont défaits, trahis par Arminius, qu'ils croyaient être l'un des leurs. <br /> <br /> Cet épisode a été réalisé en partenariat avec les éditions Dargaud et la bande-dessinée "Les Aigles de Rome", d'Enrico Marini.

31 janvier 2025 - 18 min

Isabelle d’Angoulême, reine-comtesse par-delà les mers

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Isabelle d’Angoulême est une figure marquante du Moyen-Âge. Une comtesse ambitieuse et influente qui a accédé au trône d’Angleterre grâce à son mariage avec Jean sans Terre. Mais à la mort de ce dernier, elle ne s’est pas résignée à abandonner le pouvoir. De retour sur ses terres natales, elle a géré le comté d’Angoulême avec une poigne de fer se faisant appeler « reine-comtesse ». Mère du roi Henri III d’Angleterre, elle a aussi su jouer un rôle clé dans les conflits entre l’Angleterre et la France.<br />

30 janvier 2025 - 15 min

ENTRETIEN - Pourquoi Henri IV était-il surnommé le Vert-Galant ? Avec Flavie Leroux

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Face à la gent féminine, Henri IV, a, semble-t-il, toujours fait preuve d’une certaine faiblesse. Marié à Marguerite de Valois, puis à Marie de Médicis pour des raisons politiques, celui que l’on surnomme le Vert-Galant a vécu des passions ardentes avec de nombreuses maîtresses, Gabrielle d’Estrées et Henriette d’Entragues en premier lieu.<br /> <br /> Ces femmes ont été plus que des amantes. Elles étaient des « presque reines », et bien souvent les mères de bâtards royaux.<br /> <br /> Pour évoquer ces femmes souvent détestées à leur époque, Virginie Girod reçoit l'historienne Flavie Leroux. Spécialiste d’histoire de la cour et des femmes en France à l’époque moderne, en particulier des maîtresses royales, elle est l’auteure de plusieurs livres à ce sujet, dont "L’autre famille royale", disponible aux éditions Passés Composés.

29 janvier 2025 - 20 min

[2/2] Marie de Médicis, reine de France, régente et mère indigne

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Virginie Girod raconte la reine Marie de Médicis (1575-1642), régente avide de pouvoir.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double récit inédit d'Au coeur de l'Histoire, Henri IV, roi de France et fondateur de la dynastie des Bourbons, meurt assassiné par Ravaillac. Son épouse, Marie de Médicis, devient alors régente du royaume, rôle qu'elle devra assurer jusqu'à la majorité de Louis XIII...

27 janvier 2025 - 13 min

[1/2] Marie de Médicis, reine de France, régente et mère indigne

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Virginie Girod raconte la reine Marie de Médicis (1575-1642), héritière florentine devenue la seconde épouse du roi Henri IV. <br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double récit inédit d'Au coeur de l'Histoire, Marie de Médicis , fille du grand duc de Toscane, naît en 1575, à Florence. Héritière la plus riche d'Europe, la jeune femme est très convoitée et épouse le roi de France, Henri IV, en 1600, à l'âge de 25 ans. Neuf mois après les noces, elle donne naissance à l'héritier du trône, le futur Louis XIII.

27 janvier 2025 - 14 min

TEASER - Qui est le Vert-Galant ?

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Quel roi de France surnomme-t-on le Vert Galant ? Henri IV, bien sûr ! Tout au long de sa vie, celui qui hérite de la couronne en 1589 multiplie les liaisons amoureuses… et charnelles ! Plusieurs dizaines de maîtresses auraient reçu ses faveurs parmi lesquelles Gabrielle d’Estrées ou Henriette d’Entragues. <br /> <br /> La semaine prochaine, dans Au cœur de l’Histoire, découvrez un entretien inédit dans lequel Virginie Girod recevra l’historienne Flavie Leroux afin de s'intéresser aux amours du bon roi Henri et à l’influence réelle ou fantasmée de ses favorites.

26 janvier 2025 - 01 min

ENTRETIEN - La vie dans une maison close au XIXe siècle.

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En 1946, la loi Marthe Richard abolit le système de prostitution réglementé et entraine la fermeture des maisons closes en France. Depuis un siècle, la fréquentation de ces maisons de tolérance était une pratique masculine courante. Mais quelle était la réalité du quotidien de celles que l’on appelle les filles de joie dans les bordels ? Ces femmes, immortalisées par des artistes comme Henri de Toulouse-Lautrec ou Edgar Degas avait-elle la possibilité de sortir de la prostitution ?<br /> <br /> Pour en parler Virginie Girod reçoit l’historienne Catherine Menciassi-Authier. Spécialiste de l’histoire des femmes au XIXe siècle, elle est notamment l’auteure de l’ouvrage "Femmes d'exception, femmes d'influence, une histoire des courtisanes au XIXe siècle", paru aux éditions Armand Colin.

25 janvier 2025 - 22 min

[1/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque

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Virginie Girod raconte Valtesse de la Bigne (1848-1910), jeune cousette devenue courtisane influente du Tout-Paris.<br /> <br /> Dans le premier épisode de ce double-récit inédit d'Au cœur de l'Histoire, Émilie-Louise Delabigne naît en 1848 dans la quartier Poissonnière, à Paris. Issue d'une fratrie de 7, elle mène une enfance misérable et travaille très tôt comme cousette. Dans le Paris du XIXe siècle, hormis les bourgeoises et les aristocrates, toutes les femmes travaillent, exerçant des métiers difficiles et mal payés dans les ateliers, les usines ou les marchés. Certaines n'ont alors d'autres choix que de s'adonner à la prostitution. Bientôt, celle qui se fait désormais appeler Valtesse de la Bigne fait ses débuts dans le demi-monde.

23 janvier 2025 - 14 min

2/2] Valtesse de la Bigne, une courtisane de la Belle Époque

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Virginie Girod raconte Valtesse de la Bigne (1848-1910), demi-mondaine ayant inspiré le personnage de Nana, dans le roman éponyme d'Émile Zola.<br /> <br /> Dans le second épisode de ce double-récit d'Au cœur de l'Histoire, Valtesse de la Bigne commence une carrière sur les planches des théâtres parisiens et se fait une place dans le milieu des courtisanes, prostituées de haut vol. Fréquentant les jeunes auteurs à la mode et les cafés parisiens où se retrouve la bonne société, elle perfectionne ses connaissances et apprend l’art de converser. A la fin des années 1870, Valtesse de la Bigne est devenue l’une de ces grandes horizontales les plus recherchée par l’élite parisienne.

23 janvier 2025 - 14 min

ENTRETIEN - Quand le spiritisme passionne l'Europe.

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Esprit, es-tu là ? Dans la seconde partie du XIXe siècle, un phénomène venu des Etats-Unis déferle sur l’Europe. Au spiritualisme incarnée par les mystérieuses sœurs Fox - entrées en communication avec un fantôme - succède le spiritisme, une philosophie inventée par Allan Kardec, figure française de la communication avec l’au-delà. Des médiums et des photographes spirites se font alors un nom, quand les salons accueillent séances de tables tournantes et de lévitation.<br /> <br /> Mais comment expliquer l’ampleur de ce phénomène ? Le spiritisme est-il synonyme de science, comme le pensait l’astronome Camille Flammarion, ou de charlatanisme ? <br /> <br /> Pour en parler, Virginie Girod reçoit Philippe Baudouin. Maître de conférences en histoire des médias à l’Université Paris-Saclay, il a consacré de nombreux ouvrages à l’histoire de l’occultisme, dont "Apparitions" aux éditions Hoëbeke.

22 janvier 2025 - 20 min

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[1992-1997] Après les révélations du Sun à l'été 1992, la relation entre Charles et Diana ne cesse de se détériorer. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'Histoire", Jean des Cars vous raconte les péripéties rocambolesques du feuilleton du prince et de la princesse de Galles. Un feuilleton qui s'achève tragiquement, à Paris, dans la nuit du 30 au 31 août 1997. 


Après le "Squidigate", le "Camillagate", et une joute médiatique violente de près de quatre ans, Charles et Diana finissent par divorcer, poussés par la reine, en 1996. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'histoire" , Jean des Cars revient sur la "guerre des Galles", et évoque l'attitude d'Elizabeth II durant ces années mouvementées qui s'achèvent, en 1997, avec la mort prématurée de la princesse Diana. 

Après le "Squidigate", le "Camillagate" ! 

Lorsqu’elle prononce son discours sur l’Annus Horribilis le 24 novembre 1992, Elizabeth II ne sait pas que la fin de l’année s’annonce tout aussi "horribilis"... Le 26 novembre, John Major, qui a succédé à Margaret Thatcher, annonce à la Chambre des Communes que désormais la reine et le prince de Galles acceptent de payer des impôts. Des contribuables comme les autres… 

La souveraine finance, sur sa cassette privée, le budget de certains membres de la famille. Il est aussi décidé qu’elle prendra en charge les frais de la restauration du château de Windsor qui vont durer cinq ans. C’est injuste car il ne s’agit pas d’une propriété privée de la souveraine, mais d’une propriété de l’Etat. Pour financer, en partie, cette énorme dépense, la reine Elizabeth ouvre Buckingham Palace au public, l’été, lorsqu’elle est à Balmoral. Une révolution !

Début décembre, le même John Major fait une déclaration stupéfiante : "C’est avec regret que Buckingham Palace annonce que le prince et la princesse de Galles ont décidé de se séparer. Leurs Altesses Royales n’ont pas l’intention de divorcer et continueront à s’occuper ensemble de l’éducation de leurs enfants. Ils continueront à tenir séparément leurs engagements publics, ils apparaîtront ensemble dans certaines circonstances familiales et nationales. La reine et le duc d'Edimbourg, bien qu’attristés, comprennent et compatissent aux difficultés qui les ont conduits à prendre cette décision."

Lors de cette séance au Parlement, le Premier ministre ajoute qu’il ne voit aucune raison pour que Diana ne soit pas couronnée reine lors de l’avènement de Charles. C’est absurde : l’idée que la princesse de Galles, séparée de son mari et à couteaux tirés avec lui, puisse être couronnée est parfaitement irréaliste ! 

Dans cette avalanche de mauvaises nouvelles, on apprend que le 12 décembre, la princesse Anne a épousé, en Ecosse, Timothy Laurence, un commandant de la Royal Navy. Elle souhaitait "un mariage en stricte intimité". A l’époque, seule l'Église écossaise permet le remariage religieux des divorcés. Et Anne en a besoin pour conserver ses droits de succession. Elle ne prévient même pas sa mère qui l’apprendra… par une révélation de la BBC ! La reine est furieuse. Elle décide, pour le remariage de sa fille, "une petite réception avec soupe et sandwiches dans une annexe du château de Balmoral", inchauffable en hiver ! La presse résume avec humour : "C’est le mariage le moins cher de l’histoire du Royaume" !

Et l’année n’est pas finie ! Un nouvelle bombe explose dans la famille royale : c’est le "Camillagate". Il s’agit de la diffusion, par la presse, d’une conversation téléphonique extrêmement intime entre Charles et Camilla, enregistrée trois ans plus tôt, en 1989. Charles y exprime son désir de vivre… à l’intérieur de la petite culotte de sa bien aimée ! Le reste est accompagné de détails si scabreux que je n’ose pas les citer ! Le Squidygate : un point pour Charles ! Le Camillagate : un pour Diana ! Ex æco, la balle au centre. Mais la guerre des Galles ne fait que commencer… 

Pour Diana, le Camillagate justifie ce qu’elle a raconté à Andrew Norton dans son livre "Diana : son histoire vraie", paru 6 mois avant. Inspiré par la princesse, ce livre fait de Diana une victime des infidélités de Charles et de l’acharnement de la famille royale qui la déteste. Elle devrait donc triompher, et en 1993, elle profite totalement de sa situation. 

Mais un rebondissement, début 1994, va changer la donne. Le quotidien de très large audience "The Sun", publie des photos de Diana en compagnie de Richard Kay, chroniqueur royal du prestigieux "Daily Mail", qui prouve leur proximité. La jeune femme manipule la presse en s’épanchant auprès des journalistes. Plus ennuyeux encore, l’hebdomadaire "News of the World" révèle la liaison qu’elle a entretenue avec l’antiquaire Oliver Hoare. Pire : elle relate le harcèlement téléphonique dont l’épouse de ce dernier a été la victime de la part de Diana après leur rupture. Ladite épouse a porté plainte et l’enquête a prouvé que les appels venaient bien de la princesse de Galles. Une fois le rapport de police publié, les appels avaient cessé…

Au printemps 1994, sort un livre d’Anna Pasternak intitulé "Princess in love". Il révèle au public la liaison de Diana avec le major John Hewitt. Il est roux et des rumeurs circulent, attribuant au major Hewitt la paternité de Harry ! Or, lorsqu’il entre dans la vie de Diana, en 1986, Harry a déjà deux ans ! S’il est roux, c’est grâce à l’hérédité de la famille Spencer, qui en compte beaucoup.

Il n’est pas impossible que Harry ait, par la suite, souffert de ce soupçon. Lui et son frère aimaient beaucoup le major Hewitt, qu’ils considéraient comme leur professeur d’équitation et qui jouait si bien avec eux. Il disparaît brutalement de leur vie comme de celle de leur mère en 1990, après une liaison de quatre ans. C’est Diana qui y met un terme, car tout le régiment du major est au courant et l’affaire risque d’être vendue, elle aussi, à un tabloïd.

Dans cette atmosphère de déballages nauséabonds, il est évident que le Noël 1993 à Sandringham n’a aucune chance d’être serein ! Diana y vient à contrecœur, rameute les photographes tout en se plaignant de leur présence. La reine est en colère. Elle exige que les journalistes arrêtent cette chasse aux images. Philip et Elizabeth sont extrêmement atteints par toutes les crises provoquées par leurs enfants. Ils s’interrogent sur leur responsabilité : pourquoi les mariages de leurs trois premiers enfants sont-ils tous des échecs épouvantables ? Ils se demandent : "Qu’avons nous fait pour que nos belles filles nous considèrent comme des épouvantails ?"

L’inauguration du tunnel sous la Manche

Le 6 mai 1994, Elizabeth II échappe, pour quelques heures, à son cauchemar familial. En compagnie du président François Mitterrand, elle inaugure le tunnel sous la Manche. Il a fallu huit ans et les efforts de 12 000 ingénieurs, techniciens et ouvriers pour venir à bout de cet ouvrage pharaonique : cinquante kilomètres de double voie ferroviaire sous la Manche. 

Désormais, la France et le Royaume-Uni sont reliés par le train Eurostar. La Grande-Bretagne n’est plus une île. A la demande d’Elizabeth II, par courtoisie, la cérémonie a d’abord lieu du côté français, à Coquelles, près de Calais. Les deux chefs d’Etat coupent en même temps le ruban tricolore. Puis, la reine refuse poliment de monter dans la voiture du président français. Elle préfère sa Rolls-Royce, symbole de l’excellence britannique. C’est dans cette limousine et dans une navette spéciale, qu’Elizabeth II fait la traversée, peut-être angoissée en songeant aux milliards de tonnes d’eau au-dessus de sa tête. Elle déclarera : "Je souriais mais, du bout des lèvres…"

Charles contre-attaque 

Le 29 juin 1994, à deux jours du vingt-cinquième anniversaire de son intronisation en qualité de prince de Galles, Charles choisit d’apparaître à la télévision dans un portrait que lui consacre le journaliste Jonathan Dimbleby, diffusé par la chaîne d’information continue ITV. Exaspéré d’être systématiquement décrié par son épouse, il tente de reprendre la main. Le film est intitulé : "Charles, l’homme privé, le destin public". Quinze millions de téléspectateurs vont connaître ses habitudes, ses activités, ses goûts en matière de musique et de peinture, de médecine naturelle, d’architecture. Le prince se montre détendu, parfois amusé. Mais ce qu’attendent les téléspectateurs, ce sont, évidemment, des explications sur sa vie privée. 

Sur son mariage avec Diana, il dit : "Jusqu’à ce que notre mariage soit irrémédiablement détruit, nous avons tous les deux fait de notre mieux". Et puis il parle de Camilla : "Madame Parker-Bowles a été une amie pendant très longtemps et continuera à l’être pendant longtemps encore". Le divorce d’avec Diana n’est pour l’instant pas envisagé mais il ne constitue de toute façon pas un empêchement pour devenir roi.

La riposte de Diana est simultanée. Au moment même de la diffusion du documentaire, la princesse de Galles apparaît à une réception à la Serpentine Gallery, dans une petite robe noire pour le moins sexy. Evidemment, c’est elle qui fait la une de tous les journaux du lendemain !

Mais Charles n’a pas dit son dernier mot, au sens propre du terme ! Trois mois plus tard, paraît sa propre biographie, signée aussi Jonathan Dimbleby. Son titre : "Le prince de Galles a priori". Si c’est la version écrite du documentaire, Charles y a ajouté un long réquisitoire contre ses parents. Il se plaint d’avoir été un enfant mal aimé, malmené par un père trop dur et privé de la tendresse d’une mère qui se consacre exclusivement à ses devoirs de monarque. Il y a certainement du vrai dans cette analyse mais il n’est pas le premier prince héritier ayant eu une adolescence compliquée. Les futurs Edouard VII, Edouard VIII et même et surtout George VI n’avaient pas non plus eu des enfances très heureuses… 

La reine est évidemment secouée. Ce n’est pas le fond qui la contrarie le plus, c’est le fait que son héritier se plaigne publiquement et révèle ses souffrances personnelles. Pour elle, dont la devise, héritée de sa grand-mère paternelle, la reine Mary, est "Never explain, never complain", cette sortie est éminemment "Shocking" !

Diana dépasse les bornes 

Dans la période médiatique suivante, Diana se forge une image caritative forte. Elle visite et réconforte les malades atteints du sida, rencontre des enfants cancéreux, rend visite à mère Teresa. Elle fait monter la pression disant préférer "être la princesse des cœurs que la reine". Elle songe même à demander une mission d’ambassadrice extraordinaire de la couronne pour des buts humanitaires. Au Foreign Office, on n’est pas étonné mais inquiet. On compare la princesse de Galles à une grenade dégoupillée ! Un danger pour la monarchie, qu’elle dynamite et qu’elle discrédite.

Le 14 novembre 1995, jour bien choisi puisque c’est le 47ème anniversaire de Charles, la princesse de Galles annonce qu’elle donnera une grande interview en direct à la BBC dans la célèbre émission Panorama, six jours plus tard, le 20 novembre. Une date également bien choisie : c’est le jour du 48ème anniversaire de mariage d’Elizabeth et Philip ! 

L’émission se déroule depuis le domicile de Diana, à Kensington Palace. C’est un ancien chroniqueur sportif, Martin Bashir, qui mène l’entretien. Diana s’est choisie un "look" tragique : vêtue d’un strict tailleur noir, ses grands yeux bleus tristes et largement cernés de khôl. Elle confirme tout ce qu’elle a raconté dans sa biographie, sa haine envers Camilla, sa liaison avec James Hewitt, en précisant qu’elle l’a adoré… Plus grave, elle dénigre Charles, doute de ses capacités à devenir un jour roi, estimant que son fils William devrait être le successeur d’Elizabeth II. Elle se plaint aussi des médias qui la traquent, du Palais qui ne la soutient pas, et achève l’interview par une phrase soigneusement préparée : "Nous étions trois dans ce mariage et cela fait beaucoup de monde dans un couple". 

La réaction de la reine se manifeste un mois plus tard. Elle écrit séparément à Charles et à Diana, leur demandant d’entamer une procédure de divorce. 

L’année 1996 sera celle des divorces. Le premier, celui d’Andrew et de Sarah, est prononcé le 30 mai. La duchesse d’York reçoit peu d’argent puisque Andrew dépend entièrement de sa mère. Elle perd son prédicat d'Altesse Royale. Un mois plus tard, le 28 août, c’est le divorce de Charles et Diana qui devient une réalité juridique. Diana continuera à vivre à Kensington Palace mais elle perdra, elle aussi, son titre d’Altesse Royale. Désormais, elle sera Diana, princesse de Galles. Elle reçoit une indemnité compensatoire de 17 millions de livres. C’est l’un des divorces les plus chers de la fin du XXe siècle.

Dans ces deux naufrages, Elizabeth II tient à conserver un lien minimal avec ses deux ex-belle-filles, pour le bien de ses petits-enfants. Elle assume pleinement son rôle de grand-mère et a autant d’affection pour William et Harry que pour Béatrice et Eugénie. A Noël, elle invite Diana à Sandringham. Celle-ci refuse car elle déteste l’atmosphère de cette résidence. Elle aura ce commentaire glaçant : "Je serais arrivée en BMW et repartie en corbillard !"

Pour William et Harry, c’est le premier Noël sans leur mère. Elle reste seule à Kensington Palace, avant de s’envoler avec eux vers les Caraïbes.

La nouvelle vie des petits princes

Dès leurs séparation officielle fin 1992, Charles et Diana modifient leurs existences et celles de leurs enfants. Tandis que Diana conserve l’appartement de Kensington Palace, Charles s’installe dans un appartement à Saint-James Palace, où il avait déjà ses bureaux. Il conserve évidemment son domaine de Highgrove où il reçoit ses fils le week-end. 

Pour les accompagner dans leur nouvelle vie, le prince de Galles engage une jeune femme qu’il connaît depuis toujours, Alexandra Legge-Bourke. Les jeunes princes vont adorer celle qu’ils surnomment "Tiggy", une compagne jeune, joyeuse, pratiquant l’équitation et la chasse, imaginant toutes sortes de jeux pour les distraire. Evidemment, Diana ne la supporte pas et en est jalouse. Elle l’accusera, sans preuve et par pure méchanceté, d’être la maîtresse de Charles, et même de s’être fait avorter. Tout est faux ! Le scandale remonte jusqu’à la reine et Diana cesse de tourmenter Tiggy, qui conserve sa charge.

En juillet 1997, Charles donne une grande fête en l’honneur des 50 ans de Camilla. Il lui offre un superbe collier. Diana est furieuse. Pour se venger elle accepte l’invitation du milliardaire égyptien Mohamed Al Fayed à séjourner dans sa propriété de Saint-Tropez et à bord de son yacht. Elle s’y rend accompagnée de ses deux fils. Les photographes sont au courant. Ils ne tardent pas à découvrir la nouvelle liaison de la princesse avec le fils de son hôte, Dodi. 

C’est la première fois que Diana s’affiche à ce point, peut être pour compenser sa rupture avec Hasnat Khan, un chirurgien cardiologue, après une relation qui avait duré deux ans. C’est lui qui, affolé par le choc d’une telle médiatisation de son existence, avait rompu.

Après leur séjour à Saint-Tropez avec Diana, William et Harry rejoignent leur père. Ils seront à Balmoral avec lui à la mi-août. Diana part en croisière avec Dodi al Fayed sur un petit yacht au large de la Sardaigne. Comme d’habitude, elle a prévenu un photographe. De sublimes clichés, soi-disant volés, montrent la princesse rêveuse sur un plongeoir ou échangeant des baisers avec Dodi sur le pont du yacht. Ces photos font le tour du monde.

La tragédie du pont de l'Alma

Le 30 août au matin, Diana et Dodi débarquent à Paris, poursuivis par une meute de journalistes. Ils s’installent au Ritz, propriété de Mohamed al Fayed. On ne sait pour quelle raison, alors que la meute des photographes campe place Vendôme, un peu avant minuit, le couple quitte précipitamment l’hôtel par l’arrière, dans une Mercedes conduite par M. Paul, fidèle employé du palace. Le garde du corps personnel de Diana prend place à côté du chauffeur. La suite n’est que trop connue : poursuivie par les journalistes en motos, la berline s’engouffre à trop grande vitesse dans le tunnel du Pont de l’Alma et en percute le treizième pilier. Dodi et M. Paul meurent sur le coup, le garde du corps est blessé. Transportée en ambulance à la Salpêtrière, la princesse décède officiellement le 31 août, à 3h30 du matin. 

L’ambassadeur britannique à Paris prévient immédiatement la reine. Charles est réveillé. Elizabeth, Philip et Charles décident de laisser dormir les jeunes princes et la Reine mère. C’est à 7h15 que Charles apprend la nouvelle à William. Il a mal dormi. Sa mère l’a appelé la veille au soir, la conversation n’a pas été agréable. William lui avait demandé si elle avait l’intention d’épouser Dodi, qu’il n’aimait pas. Elle n’avait pas répondu. Il avait raccroché. Charles et son fils aîné vont ensuite réveiller Harry. C’est un moment d’immense chagrin que les enfants n’oublieront jamais.

Le prince de Galles se rend à Paris pour ramener à Londres le corps de son ex-épouse. Dans la matinée, le Premier ministre Tony Blair prend la parole pour un hommage appuyé à la "princesse des cœurs". Elizabeth II et Philip ne pensent qu’à leurs petits enfants. Ils les emmènent à l’office dominical de l’église de Crathie, près de Balmoral, afin de prier pour leur maman. Occupée par son rôle de grand-mère, la reine ne réagit pas officiellement au décès de son ex-belle-fille. Son silence, les britanniques vont le prendre pour de l’indifférence. Elle l’ignore encore, mais cela va susciter un trouble gigantesque qu’il va bientôt lui falloir affronter… 

 

Ressources bibliographiques : 

Sarah Bradford, Elizabeth II (Penguin Books, nouvelle édition 2002)

William Shawcross, Queen Elizabeth the Queen Mother (Pan Books, 2009)

Sarah Bradford, George VI (Penguin Books, 1989)

Jean des Cars, Elizabeth II, la Reine (Perrin, 2018)

 

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