La reine Brunehaut aurait toute sa place dans la série Game of Thrones !
Entre complots, mariages arrangés et meurtres... Brunehaut n’a reculé devant rien pour se maintenir sur le trône d'Austrasie et se venger de sa meilleure ennemie Frédégonde.
"Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio
- Présentatrice : Virginie Girod
-Auteure : Solène Grandclaude
- Production : Caroline Garnier
- Réalisation : Nicolas Gaspard
- Direction artistique : Julien Tharaud
- Composition de la musique originale : Julien Tharaud et Sébastien Guidis
- Coordination des partenariats : Marie Corpet
- Visuel : Sidonie Mangin
Sources :
Brunehaut, femme d'Etat
https://www.lemonde.fr/vous/article/2008/07/28/brunehaut-la-femme-d-etat_1077925_3238.html
Mariage de Brunehaut et Sigebert
https://www.cairn.info/les-reines-sombres--9782200632762-page-25.htm
Histoire des Francs
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84527667.image
Bibliographie
La reine Brunehaut - Bruno Dumézil
Histoire des reines de France - Anne Bernet
Les Mérovingiens - Régine le Jan
Nous sommes en novembre 568. Un froid glacial a envahi les rues de Metz et s’est engouffré dans la résidence royale, qui domine la ville depuis la colline. Pourtant, assise sur un banc de bois, loin de la cheminée, la reine Brunehaut ne sent rien. Elle n'a pas quitté sa chambre depuis deux jours, depuis ce moment où on lui a annoncé la terrible nouvelle. La reine pleure, beaucoup, et ne s'arrête que pour fixer les murs d'un œil vide. Les malheurs s'enchaînent et emportent avec eux le peu de vigueur qu’il lui reste, la laissant apathique, comme anesthésiée.
Il y a quelques semaines, Brunehaut a appris la mort de son père. Le roi Athanagilde est décédé de causes naturelles mais le chagrin n'en a pas été moins grand pour la jeune femme. Le malheur s'est à nouveau abattu il y a quarante-huit heures. Et cette fois, c'est pire. Cette fois, c'est sa sœur, sa sœur adorée, Galswinthe, qui est morte. Elle avait à peine vingt-huit ans. Quel drame ! Brunehaut ne parvient plus à retenir ses pleurs, des larmes roulent continuellement sur ses joues.
Soudain, la reine se dresse sur sa chaise, saisie par une étrange pensée. Elle ravale ses sanglots et essuie ses joues d'un revers de la main. Ils l'ont assassinée, pense-t-elle. C'est le mari de Galswinthe, le roi Chilpéric, qui est responsable. C'est lui qui a fait commanditer le meurtre. Mais tout le monde sait qui a guidé sa main, qui est derrière l'ordre. Frédégonde.
A l'évocation de ce nom, Brunehaut bouillonne de rage. Il faut qu'elle se lève, elle ne peut pas rester en place. Frédégonde. Cette intrigante trop ambitieuse ne s'arrête devant rien, pas même le meurtre ! La petite servante insignifiante a tué sa soeur, la reine, pour lui prendre son trône.
Dans sa chambre glaciale, Brunehaut fulmine. Elle mesure le poids de son rang et des devoirs qui y sont dus. C'est à elle, désormais, de défendre l'honneur de sa famille, et surtout de sa sœur. Elle fait les cent pas alors qu'un plan commence à prendre forme dans sa tête. Ils paieront tous, se dit-elle. Elle va montrer de quoi elle est capable et ceux qui ont un jour douté d'elle regretteront de l'avoir sous-estimée.
Seule dans sa chambre, la toute jeune reine Brunehaut ne sait pas encore à quel point ses ambitions vont impacter le royaume franc. Et à quel point elle va souffrir…
Un mariage faste et prestigieux
Brunehaut, parfois appelée Brunehilde, naît en 543 dans l'actuelle ville de Tolède, en Espagne. A cette époque, le territoire appartient au royaume wisigoth et a déjà perdu une grande partie de ses terres face aux ambitions de Clovis et de ses descendants.
Brunehaut et sa soeur aînée Galswinthe sont très bien nées : elles sont les filles d'Athanagilde, un noble wisigoth, et de sa femme Goswinthe. En 555, Brunehaut a alors douze ans, son père parvient à prendre le trône du royaume wisigoth grâce à d'habiles intrigues politiques. Les deux filles du nouveau roi deviennent princesses et ça, ça change tout pour elles !
Au moment où Athanagilde s'empare de la couronne wisigothe, le roi Franc Clotaire Ier, le fils de Clovis, s'apprête à gouverner un royaume Franc réunifié. C'est la promesse d'une certaine prospérité politique mais malheureusement, celle-ci ne dure pas. Clotaire meurt en 561 et laisse les quatre royaumes francs à ses quatre fils : Sigebert hérite de Reims, Chilpéric récupère Soissons, Caribert s'installe à Paris et Gontran prend Orléans.
Les fils de Clotaire sont jeunes, ils n'ont pas encore d'épouse. Les filles d'Athanagilde sont encore plus jeunes, elles n'ont pas d'époux. Vous l'avez compris, les deux royaumes cherchent un rapprochement et pour ça, rien de mieux que le mariage !
Brunehaut a 23 ans quand elle épouse Sigebert à Metz, où le roi d'Austrasie a déplacé sa capitale. Et les noces sont fastueuses ! Bien plus, d'ailleurs, que ce à quoi le peuple est habitué… Mais pourquoi le roi a-t-il choisi de célébrer son mariage en grandes pompes ? Dans la tradition mérovingienne, les hommes n'accordent que peu d'importance à l'extraction sociale de leur future épouse. Le plus important, c'est la descendance ! Peu importe que la future concubine soit bien née, puisqu'ils n'hésitent pas à la répudier en cas de stérilité.
Mais voyez-vous, Sigebert est un homme ambitieux et adroit, probablement le plus intelligent des quatre frères. Il ne voit pas les choses du même œil. Il souhaite une union prestigieuse, et le faste d'une noce qui reprend les codes de l'Antiquité. Ce qu'il cherche, il le trouve en Brunehaut. Son prestige surpasse celui de toutes les autres épouses et c'est une femme douce, aucun risque qu'elle l'éclipse.
Pendant le mariage, on fait réciter un épithalame, un chant nuptial de la Rome Antique. Sigebert donne le ton et il fait tout pour mettre en valeur son épouse et son ascendance prestigieuse. D'ailleurs, Brunehaut est très bien vue par les conseillers du roi.
Ces noces en grandes pompes donnent des idées aux autres frères, et plus particulièrement à Chilpéric, le roi de Neustrie qui a récupéré Soissons. Un an après le mariage de son frère, il épouse nulle autre que Galswinthe, la sœur de Brunehaut.
Tout semble aller pour le mieux pour les rois francs et leurs épouses. Malheureusement, les deux soeurs font vite la connaissance de Frédégonde, une femme très mal née mais dont l'ambition ne connaît pas de limite. Leur rivalité va forger la légende noire de Brunehaut.
Le meurtre de Galswinthe
Les deux premières années du mariage de Brunehaut et Sigebert sont fructueuses. Environ un an après les noces, la reine donne naissance à une petite fille, Ingonde. C'est un début mais une descendance féminine ne garantit pas la pérennité du mariage. Brunehaut sait que sa place est fragile. Heureusement, le couple s'accorde plutôt bien. La jeune femme est chaste, discrète, assez pudique. Elle n'empiète pas sur les affaires de son mari, qui lui en est reconnaissant. Mais ne vous y trompez pas, en coulisses, elle apprend !
Plus loin, dans le royaume de Neustrie, le mariage de Galswinthe et Chilpéric n'est pas aussi heureux. La jeune femme tarde à être enceinte. C'est un problème pour Chilpéric mais il ne peut pas vraiment la répudier. En choisissant une épouse prestigieuse, le roi a certes récupéré de grandes richesses mais en échange, il a cédé une dot très importante à Galswinthe. La reine possède les cités de Limoges, Bordeaux, Cahors, Béarn et Bigorre. Si Chilpéric répudie Galswinthe, son père Athanagilde est en droit de récupérer tous ces territoires. Ce serait une catastrophe !
Pour tromper son impatience, Chilpéric renoue avec une certaine Frédégonde, une servante devenue son amante. Frédégonde est loin d’être une femme douce et docile. C’est une ambitieuse, assoiffée de pouvoir. Elle ne supporte pas de n'avoir que les miettes. Partager le lit du roi ne lui suffit pas. Ce qu'elle veut, c'est le prestige du trône et pour y arriver, elle doit évincer sa rivale. Et elle n’en est pas à coup d’essai. Grâce à son emprise sur Chilpéric, elle a réussi à faire répudier Audovère, sa première femme. Le pouvoir était si proche, du bout de ses doigts. Mais cette Galswinthe a tout gâché. Elle lui a volé SON trône, qu’elle avait mis tant d’énergie à libérer. Oh mais que cette nouvelle reine ne prenne pas trop ses aises. Frédégonde n’est pas du genre à se résigner. Ce trône, elle l’aura et peu importe le prix !
Pour fragiliser la position de son adversaire, elle commence par une première phase classique de diffamation. Elle critique constamment la reine et murmure à l'oreille de son amant les pires calomnies. Des dires qui ne tardent pas à parvenir jusqu’aux oreilles de l’intéressée. Galswinthe est une femme douce mais elle ne veut pas se laisser humilier aux yeux de tous. Elle demande à retourner en Espagne mais Chilpéric lui promet à cors et à cris qu'il n'est pas amoureux de Frédégonde. Elle se laisse convaincre et accepte de rester. Grave erreur…
A peine quelques mois plus tard, son père, Athanagilde meurt à Tolède, de causes naturelles. Chilpéric n'a plus aucune raison de ne pas se débarrasser de son épouse. Il pourrait simplement la répudier mais Frédégonde use de son influence pour lui suggérer un choix plus radical. Qu'arriverait-il si Galswinthe décidait de retourner en Espagne avec sa dot et toutes ses richesses ? Et si elle décidait de se venger ?
Les mots de Frédégonde s'insinuent en Chilpéric. Il se décide à agir et paye un esclave pour se débarrasser de la reine. Galswinthe est tuée dans son lit, étranglée alors qu'elle dormait. Chilpéric ne feint son deuil que quelques jours. Le corps de Galswinthe est à peine froid quand il épouse Frédégonde.
La nouvelle influence de Brunehaut
Chilpéric et Frédégonde sont probablement déjà mariés quand Brunehaut apprend le meurtre de sa soeur. Elle entre alors dans une colère indescriptible. Officiellement, c'est son mari Sigebert qui réclame justice au nom de son épouse, mais les mots sont ceux de Brunehaut. La reine a soif de vengeance et si elle doit manipuler son mari pour l'obtenir, elle le fera !
Un procès est ordonné, dont le juge est Gontran, l'autre frère de Sigebert et Chilpéric. En compensation, il accorde à Brunehaut le douaire de Galswinthe, autrement dit les biens de l'époux qui sont réservés à l'épouse en cas de décès. Ce douaire est composé de plusieurs cités en Aquitaine, ce qui vient agrandir le patrimoine de Brunehaut.
Mais Chilpéric n'accepte pas la décision. Il a fait assassiner sa femme pour pouvoir conserver ses richesses, devoir céder des territoires à sa belle-sœur, c'est un comble ! Il refuse de se soumettre. Pressé par Brunehaut, Sigebert n'a pas le choix : il déclare la guerre à la Neustrie.
Cette guerre, c'est celle qui va révéler à quel point Brunehaut a appris pendant ses premières années de mariage. Dans l'ombre, la petite princesse wisigothe a étendu son influence. Sur son mari d'abord, mais aussi sur des représentants royaux et religieux. Entre-temps, elle a aussi donné naissance à un fils, qu'on a appelé Childebert pour rendre hommage au grand-oncle du roi. Sa position n'est plus aussi fragile qu'auparavant et désormais, il va falloir compter sur elle.
Capture et fuite de Brunehaut
La guerre entre l'Austrasie et la Neustrie tourne vite à l'avantage de Sigebert et il ne faut pas longtemps pour que la ville de Paris soit assiégée. L'évêque de la ville, désireux d'épargner les habitants, implore clémence à Brunehaut, preuve de l'influence considérable de la reine sur son mari. Ses souhaits sont exaucés, et Sigebert obtient la reddition de Paris.
Chilpéric ne s'avoue pas vaincu. Il n'est peut-être pas fin stratège sur les champs de bataille, mais il sait comploter comme personne… Sa seule chance est de faire assassiner son frère. L'occasion lui en est donnée quand Sigebert décide de rejoindre Brunehaut à Paris pour se faire sacrer roi de Neustrie. Chilpéric envoie deux pages de Frédégonde, qui prennent le roi en embuscade. Sigebert meurt poignardé de plusieurs coups de couteau dans les deux flancs.
Quand Brunehaut apprend la nouvelle, il est trop tard. Chilpéric est déjà aux portes de Paris. Elle a tout juste le temps de confier son fils Childebert au duc Gondovald, pour qu'il puisse être amené en lieu sûr. Le stratagème fonctionne mais Brunehaut est capturée. Elle est envoyée à Rouen, en attendant de connaître le sort qui lui est réservé.
La reine est déchue, mais pas pour longtemps… Elle sait qu'elle dispose du soutien de Gontran, roi de Burgondie et frère de son défunt mari. Celui-ci accepte de protéger Childebert, son neveu. Le petit garçon est emmené en Austrasie et proclamé roi en 575, le jour de Noël. Autant vous le dire tout de suite, il n'est pas apte à gouverner : il n'a que cinq ans. Mais pour Brunehaut, c'est très important. Si elle parvient à s'échapper de Rouen, elle pourra devenir régente du royaume.
Sa porte de sortie, elle la trouve lorsqu'elle rencontre un certain Mérovée. Cet homme n'est pas n'importe qui ! C’est le propre fils de Chilpéric, fruit de son tout premier mariage avec Audovère. C'est une aubaine pour Brunehaut. Elle séduit Mérovée, l'épouse et s'échappe de Rouen.
Le courroux de Chilpéric est immédiat ! Mérovée est capturé, tonsuré et ordonné prêtre. Mais il ne peut pas se résoudre à tuer son fils. C'est sans compter sur la haine de Frédégonde. La reine a juré de se débarrasser de toute la première descendance de son époux. Elle fait assassiner Mérovée en secret. Brunehaut est à nouveau veuve. Mais elle s'en fiche, elle est déjà loin. Pour la première fois, les rênes du royaume sont à elle.
Les complots de Frédégonde
A peine revenue à Metz auprès de son fils, Brunehaut déchante. Elle doit assurer la régence du royaume mais… c'est une femme. Une femme de caractère, qui plus est. Et pour cette raison, certains grands du royaume la prennent en grippe. Ils ne reconnaissent que l'autorité de Childebert, et peu importe si le petit roi n'a que six ans !
Un an avant la majorité de Childebert, Chilpéric est assassiné, poignardé au ventre. Certains accusent Brunehaut, d'autres Frédégonde. L'épouse du roi vient de lui donner un fils, un descendant dont elle pourrait assurer la régence. De là à dire qu'elle l'a fait assassiner…
Quoi qu'il en soit, les deux femmes sont maintenant les régentes de deux royaumes ennemis. Et pour en assurer la pérennité, elles vont se montrer sans pitié. Comme son mari, Brunehaut est une bonne politicienne. Elle se rapproche de Gontran, protecteur de Childebert, et parvient à assurer la couronne de Burgondie à son fils. Il en hérite à l'âge de 22 ans.
Mais Frédégonde n'est jamais loin. Vous l'aurez compris, elle aussi ressemble beaucoup à son défunt époux. Et ce qui lui manque en intelligence politique, elle le compense en perfidie. Alors que Brunehaut est en train de modifier en profondeur les institutions du royaume franc pour le compte de son fils, Frédégonde complote. Elle parvient à ses fins en 596, lorsqu'elle envoie des hommes assassiner Childebert. Le roi d'Austrasie et de Burgondie meurt empoisonné, à l'âge de 26 ans seulement.
Brunehaut est folle de chagrin mais elle ne peut pas pleurer son fils. Elle doit gérer la régence de deux royaumes et les attaques incessantes de Frédégonde. Mais les deux femmes ont maintenant plus de 50 ans et la santé de Frédégonde vacille enfin. Elle meurt un an plus tard. Et si Brunehaut pensait pouvoir souffler après la mort de sa plus mortelle rivale, elle se trompe lourdement.
La chute de Brunehaut
Au moment de sa mort, Frédégonde laisse derrière elle un fils, Clotaire. Il n'a que treize ans mais il a été bercé par la haine que sa mère vouait à Brunehaut. La reine ne le sait pas encore, mais c'est Clotaire qui signera sa fin tragique. Pour le moment, il attend son heure…
Brunehaut, elle, se bat avec de nouveaux problèmes. Ses deux petits-fils ne sont pas encore majeurs et elle se heurte constamment à la rébellion des aristocrates qui n'acceptent toujours pas son autorité. Ils lui mettent constamment des bâtons dans les roues, l'insultent parfois et vont même jusqu'à comploter contre elle. Les tensions atteignent un point de non retour quand Brunehaut fait mettre à mort un duc qui cherchait à l'évincer. Son petit-fils Thibert II, désormais majeur, la chasse du royaume et la régente doit se réfugier en Burgondie.
Les troubles n'en finissent pas d'accabler Brunehaut. Elle a plus de 60 ans maintenant. Son corps n'est plus ce qu'il était mais son esprit n'a rien perdu de sa vivacité. Lorsque ses deux petits-fils meurent à un an d'intervalle, elle assure à nouveau la régence pour l'un de ses arrière-petits-fils, Sigebert II.
Mais les aristocrates ne veulent plus de Brunehaut au pouvoir. Ils la jugent responsable de trop de désordres dans le royaume d'Austrasie. Ils ne veulent pas seulement l'évincer, ils veulent la voir morte. Et pour y arriver, une seule solution : se rallier à Clotaire II. Cet homme de 28 ans est le roi de Neustrie mais souvenez-vous, c'est aussi le fils de Frédégonde.
La révolte est dévastatrice pour Brunehaut. Abandonnée par tous ses alliés, elle s'enfuit dans le Jura. Mais il ne faut pas longtemps pour la retrouver et l'arrêter, en même temps que trois de ses arrière-petits-fils. Clotaire II tient enfin la vengeance que sa mère attendait tant. Et il va se montrer sans pitié.
Brunehaut meurt torturée
Il commence par faire exécuter Sigebert II et son frère Corbus. Les deux garçons n'ont pas plus d'une douzaine d'années. L'autre frère, Mérovée, est envoyé en exil. Si les sentences de Clotaire II peuvent paraître cruelles, ce n'est rien en comparaison de ce qu'il réserve à Brunehaut. Il la fait emmener en Bourgogne et la livre à son armée. La régente de 70 ans sera torturée trois jours entiers.
Au terme du supplice, Clotaire II décide d'en finir. Mais il ne veut pas faire de Brunehaut une martyre. Pour éviter ce problème, il a une solution : il fait attacher un bras, une jambe et les cheveux de la régente à la queue d'un cheval indompté. Si Brunehaut est bien reine, et que son autorité est conférée par Dieu, alors le cheval ne lui fera aucun mal. Ce n'est évidemment pas ce qui se produit. Brunehaut est traînée sur des kilomètres, et meurt le corps brisé. Pour ajouter à l'humiliation, Clotaire II fait brûler son cadavre, empêchant ainsi la reine de retourner à la terre, comme Dieu l'aurait voulu.
Brunehaut n'est plus. Elle aura survécu à sa sœur, son mari, ses fils, ses petits-fils et même ses arrière-petits-fils. Sa légende noire, bâtie par des contemporains qui lui vouaient une haine sans bornes, lui collera à la peau des siècles durant. Mais depuis quelques années, le travail des historiens la réhabilite peu à peu.
Brunehaut était une femme ambitieuse et implacable. Mais c'était aussi une tête politique exceptionnelle, qui changea en profondeur les institutions du royaume franc et dont les régences mouvementées et la mort brutale la firent entrer dans la légende.
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