Après avoir passé une nuit dans un refuge du Mont-Blanc, Emmanuel Macron doit annoncer ce jeudi des mesures pour sauvegarder ce sommet. L'occasion pour l'éditorialiste Nicolas Beytout de faire un point sur la relation qu'entretient le président avec l'écologie alors que cette préoccupation va très certainement peser lourd dans le choix du bulletin de vote des Français pour les municipales.
Emmanuel Macron a passé la nuit dans un refuge du Mont-Blanc et doit annoncer aujourd’hui des mesures pour sauvegarder le plus haut sommet d’Europe.
Une montagne menacée par la sur-fréquentation des alpinistes, et un glacier fragilisé par le réchauffement climatique. Ça fera des belles images, et un beau symbole bien visible de l’action d’Emmanuel Macron pour l’écologie. De belles photos, car le chef de l’Etat a décidé de célébrer le beau.
Le beau ?? C’est-à-dire ?
Le beau, c’est une façon d’aborder la nature, l’environnement, une façon d’envisager la planète et sa protection sans en tirer une politique agressive, punitive. Le beau, c’est une façon de faire de l’écologie positive. On le sait depuis le gros-gros bug de la taxe carbone et des "gilets jaunes", Emmanuel Macron n’a pas réussi à occuper le terrain des Verts. Or tout indique que cette aspiration environnementale progresse fortement dans l’opinion publique. On le verra probablement aux élections municipales.
Le beau, c’est donc une offensive politique ?
Exactement, mais en utilisant une grille de lecture, ou un schéma mental inverse de celui des écolos. Il ne doit rien y avoir de commun entre les photos du Mont-Blanc et les images affligeantes de militants écologistes saccageant les locaux de BlackRock, en début de semaine. Or ces dégradations, totalement illégales, ont été justifiées, plus ou moins laborieusement, par les dirigeants des Verts.
Julien Bayou, par exemple, leur Secrétaire national, a expliqué que dévaster des locaux était contre-productif, qu’il préférait les "occupations festives et joyeuses" (ben voyons), mais que le coupable était en réalité "le prédateur BlackRock" qui investit dans des entreprises qui abîment la planète. Même chanson avec David Belliard, le candidat écolo à la Mairie de Paris, qui ne l’aurait pas fait, mais qui affirme "comprendre ces violences". L’écologie, c’est cinquante nuances de vert. Tout le monde, désormais, revendique sa part d’écolo-aptitude.
Mais tout le monde n’est évidemment pas sur la même ligne politique.
Voilà. Et parler du beau, c’est une manière de rejeter les Verts d’EELV du côté de l’extrême-gauche, et parfois de la violence et de la laideur, celle des exactions, et des saccages. C’est rappeler que l’écologie n’est pas forcément de gauche, c’est ne pas diaboliser un gestionnaire de capitaux, mais avoir au contraire une vision de l’avenir de la planète qui passe aussi par les entreprises, par la recherche et l’investissement, qui fasse aussi appel aux ressorts du capitalisme pour trouver des solutions.
Et ça peut marcher, ça peut combler le déficit du chef de l’Etat dans ce domaine ?
Oui, jusqu’au moment où il faudra tout de même prendre des décisions désagréables. Car c’est inévitable : une transition aussi considérable que l’invention d’une société où on n’utilise plus ou presque d’énergie carbonée, ça ne pourra pas se faire sans contrainte. Il faudra alors inventer d’autres belles images.