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Chaque matin, Nicolas Beytout analyse l'actualité politique et nous livre son opinion. Ce mardi, il s'intéresse à la question de la reprise des réformes et notamment celle des retraites.

Conseil de défense, conseil des ministres et séminaire gouvernemental, la journée de ce mercredi promet d’être d’une rare intensité. Avec, au menu, deux questions qui vont déterminer la suite du quinquennat.

La première question, c’est évidemment celle sur le durcissement ou pas des mesures sanitaires face à la menace réactivée du Covid. Avec une alternative fondamentale : sachant que, à ce jour, la situation de notre pays est plutôt meilleure que celle de nos voisins, faut-il en profiter pour durcir le dispositif en espérant casser pour de bon la dynamique de l’épidémie, ou au contraire continuer à piloter au jour le jour le couvre-feu? Ça, c’est pour le court terme.

L’autre sujet au menu de toutes ces réunions relève du long terme ?

Et cette question, la voilà : faut-il reprendre les réformes, en particulier celles qui avaient été laissées en plan lors du premier confinement, les retraites et l’assurance-chômage ? Ou faut-il seulement poursuivre le plan de relance et tenter de limiter les effets dévastateurs de la crise économique et sociale due au Covid ? Et là, il y a un vrai clivage au sein de la majorité. Il y a ceux qui soulignent que le programme de réformes est déjà bien fourni, et que le calendrier parlementaire ne laisse quasiment plus une seconde pour caser d’autres sujets. Sont effectivement déjà enclenchés (ou vont l’être incessamment sous peu) : la loi de sécurité globale, les dispositions sur la lutte contre le communautarisme, le projet (même lointain) de référendum et le projet de loi sur le climat, sans oublier l’idée caressée par Emmanuel Macron de réintroduire la proportionnelle aux prochaines élections législatives. Avec, au milieu de tout ça, la gestion du plan de soutien à l’économie et aux secteurs sinistrés. On est pas loin du trop-plein. C’est la thèse défendue par une partie de la majorité, et plus spécialement par Richard Ferrand, le Président de l’Assemblée ou par François Bayrou qui disent que, stop, les Français ont besoin de souffler, qu’il ne faut pas en rajouter.

Et qui y a-t-il face à eux ?

Ceux qui veulent au contraire reprendre les réformes. C’est la position de Bruno Le Maire, qui pousse à relancer la réforme des retraites, c’est aussi semble-t-il la position d’Alexis Kohler, le plus proche collaborateur d’Emmanuel Macron, et de tous ceux qui plaident pour retrouver l’esprit réformateur du début du quinquennat. Leur argument, c’est qu’une réforme comme celle des retraites s’imposera quoi qu’il arrive, ne serait-ce qu’à cause du niveau d’endettement atteint par le pays. C’est simple, on ne va pas pouvoir longtemps, en plus de notre dette Covid, creuser tous les ans le déficit des retraites.

Et comment relancer le dossier ? Parce que c’est quand même assez risqué socialement ?

C’est vrai. Mais ça peut se préparer, en visant l’été prochain (si l’épidémie est alors maîtrisée). Il sera plus que temps de préparer la suite, c’est-à-dire la présidentielle de 2022. Et de reparler à la droite, à cette part de l’électorat de Macron que ses actuels tâtonnements sur le régalien et le sécuritaire n’ont pour l’instant pas franchement convaincue.