Mise en examen de Richard Ferrand : coup de tonnerre dans "la Macronie"

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Le président de l’Assemblée nationale, très proche d'Emmanuel Macron, a été mis en examen pour prise illégale d'intérêts.

Richard Ferrand a donc été mis en examen cette nuit, peu avant 1 Heure du matin. Et c’est un coup de tonnerre dans la Macronie.

Un nouveau coup de tonnerre qui claque très près du pouvoir, près d’Emmanuel Macron, tant les liens entre Richard Ferrand et le président sont étroits. Et puis, c’est du quatrième personnage de l’État dont il s’agit, le Président de l’assemblée nationale, le perchoir, l’un des postes les plus visibles et exposés de la République. C’est la deuxième fois qu’une enquête le vise, dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne, cette entreprise dont il était président et qui a loué à sa compagne un local commercial. Le parquet de Brest avait déjà classé sans suite une procédure pour abus de confiance et escroquerie.

Cette fois, c’est différent. Il a immédiatement réagi dans la nuit.

Il a réagi dans un communiqué indiquant qu’il était "déterminé à poursuivre sa mission" et à rester au perchoir de l’Assemblée.

Est-ce que c’est tenable ?

Ce sera très compliqué. Après la première salve judiciaire en 2017, il avait été en quelque sorte exfiltré du gouvernement, pour être élu (ou plutôt installé) à la présidence du groupe La République en marche, puis à celle de l’Assemblée. Comme si un poste hors du gouvernement était moins soumis à la pression politique. Il y a des chances pour que les oppositions ne lâchent pas l’affaire.

C’est normal, d’ailleurs. Non pas parce qu’il faut piétiner la présomption d’innocence, mais parce que une sorte de jurisprudence s’est installée dans la vie politique française qui fait démissionner les politiques de premier plan dès lors qu’ils ont maille à partir avec la justice. Et les affaires n’ont pas épargné les fidèles ou les proches d’Emmanuel Macron comme François Bayrou, Marielle de Sarnez ou encore Sylvie Goulard sur lesquels enquêtent des juges. Ils n’ont même pas pu survivre dans leur poste de ministre à l’ouverture, la simple ouverture d’une enquête.
Quant à François de Rugy, il a tenu une semaine sous la pression médiatique dans son affaire des dîners privés de l’Assemblée nationale. Et il a démissionné du gouvernement juste avant l’été. C’est à se demander s’il n’y a pas une malédiction du "Perchoir".

En tout cas, c’est un rude coup pour le président de la République qui vient à nouveau perturber sa rentrée.

Exactement comme l’an dernier, où il sortait difficilement de l’affaire Benalla, pour être pris dans la vrille des démissions successives de Nicolas Hulot, puis de Gérard Collomb, son ministre de l’Intérieur.

On ne sait pas encore comment il va réagir, et ça dépendra sans doute de l’intensité de la pression politique et médiatique. Mais cette affaire pose une fois de plus la question de la transparence et du "lave plus blanc" en politique. Comme chacun sait, mis en examen ne signifie pas coupable. Mis en examen est un statut qui permet d’avoir accès au dossier, qui permet de se défendre.

Mais au fond, le sujet le plus grave n’est pas là. Il est dans le fait qu’on exige désormais des politiques un rapport parfait à la morale. Faire payer des assistants parlementaires pour d’autres tâches que leur job, faire plaisir à ses amis en les invitants aux frais de la République, utiliser son poste pour favoriser ses proches est devenu insupportable, dans cette société si exigeante, si dure, avec les politiques.
Alors, bien sûr, la morale, ça ne se met pas dans le code pénal, ou le code civil. Mais ça  se met dans une charte éthique, écrite ou pas, et ça s’impose désormais à tout homme ou femme politique.

La question à laquelle va devoir répondre Richard Ferrand dès ce jeudi matin, est celle que lui posera l’opinion publique : "avoir fait gagner de l’argent à sa compagne en profitant de son poste de patron d’une mutuelle, et même si c’est aux franges de la légalité, est-ce moral ? Est-ce éthique ?". Il y a de bonnes chances pour que la réponse soit non.