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Le système de retraite décroche et prend à revers tous ceux qui espéraient éviter d’imposer des mesures correctrices avant la grande réforme promise par le chef de l’État.

Plus de 10 milliards d’euros, c’est le montant du déficit de la Sécu pour les années 2019 et 2020. C’est un très mauvais chiffre.

Une véritable douche froide même pour le gouvernement et pour Emmanuel Macron qui ne s’attendaient pas à ce dérapage, loin de là. C’est le système de retraite qui décroche et qui prend à revers tous ceux qui espéraient éviter d’imposer des mesures correctrices avant la grande réforme promise par le chef de l’État. Parmi eux, Laurent Berger (le leader de la CFDT) qui affirmait il y a quelques jours seulement que le problème de la retraite en France n’était pas financier. Et puis Jean-Paul Delevoye (le Haut-Commissaire à la retraite) qui ne voulait pas fâcher les partenaires sociaux avec des mesures forcément désagréables.

Avait-il eu gain de cause ?

Oui, on fait bien d’employer l’imparfait, car on ne voit pas très bien comment le gouvernement va pouvoir escamoter cette réalité toute crue : les comptes de la France sont à nouveau mauvais. Aussi bien les comptes sociaux que les comptes de l’État. Le budget général qui a été adopté en Conseil des ministres à la fin de la semaine dernière a entériné un déficit de l’État de près de 100 milliards d’euros. L’État dépensera l’an prochain environ 400 milliards mais n’en aura que 300, c’est le montant des impôts.
C’est gigantesque, ça représente un déficit de 25%.

On est donc complètement en dehors de l’objectif des fameux 3% ?

En fait, ce sont deux notions et deux indicateurs différents. Le critère des 3%, c’est le déficit de l’État, de la Sécu, des villes, des départements et des régions. C’est toute la dépense publique par rapport à toute la richesse produite par le pays. C’est assez abstrait. Beaucoup plus que l’autre chiffre du déficit, celui de l’État, de l’administration seule. 25%, 100 milliards. Ça veut dire que l’État ne peut assurer son fonctionnement que pendant les trois premiers trimestres de l’année. Pour le reste de l’année, il doit emprunter.

Ce chiffre ne s’améliorera pas l’an prochain ?

Pas du tout et le gouvernement l’assume. La crise des Gilets jaunes, la conjoncture économique médiocre et tout ce contexte international tendu font que le gouvernement préfère continuer à dépenser plutôt que de remplir les engagements du candidat Macron. Il promettait de réduire la dépense publique et de tailler dans les déficits. Raté. Il promettait de remettre les comptes sociaux dans le vert. Raté.
C’est l’impasse. Avec ces chiffres, le chef de l’État n’a plus aucune chance de remplir ses promesses de campagne en matière de finances publiques. Lui qui pensait être différent de ses prédécesseurs, de ceux à qui il faisait face, ce lundi, pendant l’hommage à Jacques Chirac. Si, au bout de deux ans, il se met à leur ressembler, pas sûr que ce soit une bonne nouvelle.