Pour l'éditorialiste Nicolas Barré, de nombreuses entreprises européennes pourraient souffrir du retour des sanctions américaines contre l'Iran.
Quelles conséquences va avoir la décision américaine sur les entreprises étrangères, notamment européennes ?
Catastrophiques ! Je parlais hier soir avec le représentant d’un grand groupe français à Téhéran : il était anéanti. "C’est la fin de l’ouverture", m’a-t-il dit. Le Trésor américain a donné entre 90 et 180 jours aux entreprises étrangères pour rompre leurs engagements avec l’Iran. Dans les minutes qui ont suivi l’annonce de Donald Trump, Airbus a annoncé qu’il allait réfléchir aux conséquences. C’est vite vu... Airbus avait reçu une commande de 98 avions de la part d’Iran Air. Or selon les règles américaines, si 10% des composants d’un avion sont américains, ce qui est le cas pour un Airbus, les sanctions s’appliquent. Cette commande de 17 milliards de dollars est donc évidemment compromise.
Et Airbus n’est pas la seule entreprise touchée.
Renault, PSA, Total, Vinci, Bolloré, parmi tant d'autres, sont présents en Iran. Total, avec un partenaire chinois, a prévu d’investir un milliard de dollars dans le développement du plus grand champ gazier du monde. Comme le contrat est antérieur au précédent régime de sanctions, tout la question est de savoir s’il pourra être exempté du nouvel oukaze américain. Pas évident. Pour toutes les entreprises étrangères présentes en Iran, y travailler est devenu un risque majeur : le risque de se fermer le marché américain et même de tomber sous le coup de poursuites judiciaires aux Etats-Unis. Il suffit qu’une entreprise fasse une transaction en dollars avec un Iranien pour être passible de poursuites. C’est dissuasif et c’est l’objectif de Trump : isoler l’Iran.