Antonin André, Jérôme Fourquet et Marion Calais font le point sur l'actualité du jour, la victoire suprise de François Fillon.
La presse nationale pour commencer.
"Fillon écrase tout" ce matin, comme le titre Aujourd’hui en France.
Sur son dessin, Ranson a dessiné l'homme du jour : "Je vais virer 500.000 fonctionnaires et pas mal de sondeurs".
"Fillon a tout bon, Sarko est KO" poursuit 20 Minutes.
"Il crée la sensation", poursuit Direct Matin qui titre "La surprise Fillon".
Une surprise ? Non ? Plutôt "un miracle" nous dit Libération qui a choisi de couper sa Une en deux ce matin.
Sur la gauche, François Fillon, bras levé : "L'envol". Sur la droite, Nicolas Sarkozy, les yeux clos : "La Chute".
En pages intérieures, ça donne "Nicolas Sarlozy, la retraite à 62 ans". De Palavas à Neuilly, ça aura été "un référendum anti Sarko" ou encore "Bruno Le Maire, le plantage du renouveau".
Ça continue avec l'Opinion : "Le raz-de-marée Fillon".
Avec Le Figaro : "La déferlante Fillon".
"Fillon en force", titrent Les Échos.
"Continuez à vivre la miséricorde", en Une de La Croix qui ne s'adresse pas à Nicolas Sarkozy, mais nous parle du pape.
La Croix, qui comme l'Humanité a "bouclé" trop tôt pour nous parler des résultats d'hier soir.
Antonin André pour la politique
La politique c’est la primaire de la droite. François Fillon créé la surprise, comment expliquer un si haut score ? Il est passé d’outsider à favori.
François Fillon a fait une belle campagne, on l’a dit ici il a été le plus convainquant dans les trois débats télévisés. Le programme le plus détaillé, le candidat sérieux et incarnant une autorité peut-être plus tranquille, plus sereine que celle de Nicolas Sarkozy et plus convaincante que celle d’Alain Juppé. Mais la force de François Fillon, surtout, c’est qu’il incarne la synthèse de la droite. Il attire les suffrages de la droite traditionnelle, conventionnelle, catholique de l’ouest de la France, une droite hostile au mariage pour tous, et la droite décomplexée, plus radicale sur les questions de sécurité et d’identité du sud-est de la France. C’est assez édifiant de voire que dans le sud-est, les Alpes Maritimes par exemple, François Fillon devance Nicolas Sarkozy, auprès d’un électorat que l’ancien président lui croyait acquis. François Fillon incarne une forme de "sarkosysme" de proximité avec celui dont il fut Premier ministre mais sans ses excès, sans ses provocations.
Alain Juppé, lui, est qualifié mais il ne s’attendait pas à finir deuxième.
Il est déçu Alain Juppé. D’ailleurs on sent dans sa déclaration qu’il s’est posé la question de jeter l’éponge : "J’ai décidé de continuer le combat" cela veut dire qu’il a envisagé de rendre les armes. Pourquoi ? Parce que l’arithmétique est cruelle : 44% à François Fillon auquel on peut ajouter 21% de Nicolas Sarkozy, face à 28% et le ralliement de NKM. C’est un handicap très dur à remonter mais pas impossible. Après les résultats inattendus du premier tour, il ne faut surtout pas dire que c’est joué. Mais il est outsider maintenant Alain Juppé. Il paye sans doute un excès de prudence pendant les débats télévisés et un positionnement très tourné vers le centre et les déçus de la gauche alors que cette primaire se joue à droite. François Fillon et Nicolas Sarkozy, c’est la droite radicale sur le plan économique, très autoritaire et sécuritaire. Une droite moins sensible à l’identité heureuse.
Marion Calais pour la presse quotidienne régionale
Quelles sont les meilleures Unes ?
Les journaux régionaux qui filent la métaphore pour évoquer l'inattendu Fillon comme le titre Les Dernières Nouvelles d'Alsace. Métaphore spatiale pour Midi Libre : "Fillon en orbite". Métaphore maritime : "le raz de marée" pour Presse Océan. "la vague Fillon coule Sarkozy" pour l'Ardennais.
Nicolas Sarkozy à la sortie de l'isoloir en première page de Libération Champagne avec ce titre : "Au-revoir président".
Et si Sud Ouest a fait sobre pour le local de l'étape Alain Juppé, "Fillon devance Juppé, Sarkozy éliminé". C'est Nice Matin qui résume le mieux la situation : "L'échappée pour Fillon, le trou d'air pour Juppé, la claque pour Sarkozy"
Pour l'anecdote, on retiendra l'Est Eclair et ce meeting à Troyes prévu ce soir que l'ancien président doit annuler.
Retenons aussi la Provence, avec ces insolites de scrutin : à Carpentras, un électeur qui a voulu payer avec un chèque de deux euros. À Pertuis, un autre qui a réglé la note avec 200 pièces de un centime, exigeant en plus un reçu pour solde de tout compte !