Jean-Marie Le Guen affirme que le regroupement familial concerne 50.000 personnes en France.
Nicolas Sarkozy veut un moratoire sur le regroupement familial. C’est l’une des propositions choc qu'il avance dans son livre d’entrée en campagne et cela a indigné hier le secrétaire d’État chargé des relations avec le parlement, Jean-Marie Le Guen, qui était l’invité de Jean-Pierre Elkabbach.
"Ça concerne exactement 50.000 français, 50 000 personnes exactement qui sont regroupées familialement. Dont la moitié d’entre eux, sont des épouses ou des époux de citoyens français. On va interdire à un français d’épouser une personne étrangère, c’est ça que veut monsieur Sarkozy ?"
50.000 personnes sont regroupées familialement chaque année, c’est vrai ou c’est faux ?
C’est faux, il s'emmêle complètement dans les chiffres. En réalité, l’immigration familiale a concerné en 2015, 90.000 personnes. C'est à dire un peu moins de la moitié de toute l'immigration légale. Mais sur ces 90.000 personnes, seulement 24.000 ont utilisé la procédure juridique de regroupement familial. C'est quand un étranger fait venir sa famille étrangère, pour vivre avec lui. Les autres entrées familiales sont, soit des cas particuliers, soit des rattachements : quand un français épouse un étranger : là ce n’est pas la même procédure, et ces cas représentent 49.000 entrées.
Sur lesquelles Sarkozy ne veut donc pas de moratoire ?
Non parce qu'on ne peut pas empêcher les gens de s'aimer et de se marier. Un proche de Nicolas Sarkozy nous l'a confirmé, son moratoire ne concernerait que les personnes soumises à la procédure de regroupement, soit 24.000 personnes. Et même là, ce sera difficile à mettre en œuvre, parce qu'en France le regroupement familial est un droit constitutionnel. Imposé, dès 1978, par le conseil d’État, il est garanti par la convention européenne des droits de l’homme.
Mais si ça ne représente que 24.000 entrées par an, pourquoi se braquer si fort ?
Parce que pour la droite, ces entrées ont un effet boule de neige. Ces familles ont des enfants, qui deviennent français bien sûr, mais gardent des attaches avec leur pays d'origine. D'après une étude de la Dares en 2006, plus de 60% des Français rejoints par leur époux étranger dans le cadre de l'immigration familiale, sont eux-mêmes d’origine étrangère. Pour le camp sarkozyste, ce n’est plus de la mixité, c’est de l’endogamie, et il faut la stopper. C'est pour cela que sous le mandat de l’ancien président, les conditions du regroupement ont été durcies. Il faut justifier de revenus, de logements et les délais sont plus longs. Pour franchir une étape supplémentaire, il faudra non seulement convaincre les électeurs et la Justice Française, mais aussi et surtout l’Union Européenne.