Allemagne : polémique autour de la loi obligeant les réseaux sociaux à modérer rapidement les contenus

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SAISON 2017 - 2018, modifié à

Entrée en vigueur le 1er janvier, la loi oblige les réseaux sociaux à supprimer les contenus haineux en moins de 24 heures.

C'est un loi qui entrée en vigueur lundi et qui concerne les réseaux sociaux. Elle oblige Facebook, Twitter, Instagram, Snapchat, YouTube et même Google à supprimer tous les contenus haineux, les contenus de propagande ou les contenus violents dans un délai de 24 heures. Ça concerne toutes les plateformes qui comptent plus de deux millions d'utilisateurs à l'exception du réseau social professionnel LinkedIn et de l'application de messagerie WhatsApp.

50 millions d'euros d'amende

L'Allemagne est le premier pays à mettre en place une telle loi d'autant que la sanction en cas de dépassement du délai est pour le moins dissuasive, même quand on s'appelle Google, ou Facebook puisque l'amende serait de 50 millions d'euros. Dans l'absolu, la décision de l'Allemagne devrait changer la donne. Mais pourtant outre-Rhin, cette loi est loin de faire l'unanimité.

Les réseaux sociaux, évidemment, dénoncent une mesure beaucoup trop stricte. Mais ce ne sont pas les seuls, les associations de défense des droits de l'homme et de la liberté d'expression s'inquiètent aussi. Elles mettent en avant qu'en demandant aux réseaux sociaux de trancher si un contenu est contraire à la loi ou non en "seulement" 24 heures, les modérateurs n'auront pas forcément le temps d'examiner la publication correctement et qu'ils pourraient donc être tentés pour respecter le délai de traitement de supprimer systématiquement les contenus qui leurs sont signalés par les utilisateurs.

Une première polémique

Et il n'aura même pas fallu deux jours pour qu'un problème se pose. Tout est parti d'un message posté par la député du parti populiste de droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), Beatrix von Storch, sur Twitter et Facebook. L'élue se demandait "Pourquoi la police publie maintenant des messages en arabe ? Pour essayer d’amadouer ces hordes d’hommes barbares, musulmans et violeurs ?", en référence à des tweets de la police de Cologne avant le réveillon de la Saint-Sylvestre.

Dans le cadre de la nouvelle loi, ces propos ont été rapidement supprimés par Twitter et Facebook. Mais la député ne l'entend pas de cette oreille, elle parle de "censure" et dénonce "la fin de l’Etat de droit". Elle estime également qu’avant que ses publications soient effacées, son immunité parlementaire devrait être levée et qu’un jugement devrait la condamner au terme d’un procès.

Il y a donc de fortes chances que l'on continu à parler de cette loi dans les jours et les semaines à venir... même si pour le moment le gouvernement n'a pas réagi à ces accusations.