«Comment vivre au quotidien à proximité d’un point de deal» : la capitulation souriante devant le deal et la délinquance

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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Une soirée spectacle et débat organisé par la mairie verte de Grenoble demain mardi, dans une maison de quartier de la ville fait grand bruit. Thème : “comment vivre au quotidien à proximité d’un point de deal”.

La soirée se tiendra à la maison des habitant.e.s du quartier Chorier -Bériat. Ça va commencer par une pièce de théâtre appelée Les Copains d’en bas. Résumé tiré du site de la compagnie : "Ben et Charlotte, la trentaine, ont décidé d’aller habiter dans une cité HLM, pour vivre la fameuse mixité sociale".  La compagnie promet une vérité “autre que celle souvent entendue dans les médias”.  Attention, romantisme solidaire. Le jeune couple va rencontrer Assia, la voisine marocaine qui leur apporte des couscous fumants, Bachir, l’épicier d’en face qui leur fait crédit, Djamel, le rappeur, Idriss, l’éducateur épris de liberté et de justice. Et puis Casquette et Barbichette, des jeunes dealers qui s’installent dans leur cage d’escalier et qui vont “ rythmer leur quotidien”.

Casquette et barbichette ?

Vous avez bien entendu. Comme si la mixité, c’était forcément du deal, mené par des gens qui portent les sobriquets comme “ casquette et barbichette”. Heureusement c’est pour la bonne cause, parce que c'est un tantinet stigmatisant pour les jeunes des quartiers HLM.  Tout ça sera prétexte à ouvrir un débat intitulé “ Comment vivre à proximité d’un point de deal”. Sous-titre guilleret choisi par la mairie pour le spectacle et son débat.

Particulièrement mal choisi vu la situation du quartier où se déroulera le débat.

C'est peu de le dire. Le quartier Chorier-Bériat, au centre de Grenoble a été, en 2023, le théâtre - mais pour de vrai cette fois- d'une flambée de violence et d’insécurité liée au trafic de drogue. Pas un “ sentiment”:  Il y a eu des fusillades, des lynchages, des blessés. Les dealers ont érigé des barricades de poubelles pour repousser des rivaux. Un enfer pour les habitants, pour lesquels il y a des endroits interdits. En août, le ministère de l’Intérieur a dû envoyer des effectifs de police supplémentaires pour éviter une guerre des gangs

Cette soirée déclenche la fureur d’une partie des habitants de Grenoble.

Personne, absolument personne dans ce quartier ne va apprendre “ comment vivre à proximité d’un point de deal”. Les habitants ne savent que trop que ce ne n’est pas une vie. Cela leur pourrit le quotidien.

Ils se battent depuis des mois pour que leur quartier retrouve son calme. Ils l’ont expliqué au maire Eric Piolle en présence du préfet et du procureur lors d’une réunion publique le 14 décembre. Quand ils apprennent que de l’argent public est dépensé par la ville non pour déloger les dealers mais pour sponsoriser une soirée théâtre et leur expliquer qu’il faudra bien qu’ils s'accommodent du trafic ils sont forcément en colère. La mairie de Grenoble acte par le théâtre que le corollaire fatal de la mixité, ce serait le deal et l’insécurité, c’est le folklore, il faut faire avec ma bonne dame. On ne combat plus, on accepte. Il y a de quoi être écœuré de cette démission drapée de bons sentiments, de cette capitulation souriante devant le deal et la délinquance.