Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
La statue en cire d’Emmanuel Macron a été kidnappée au Musée Grévin, hier lundi par des militants de l’ONG Greenpeace.
Ils l’ont ensuite déposée devant l’ambassade de Russie à Paris. Greenpeace entend protester contre le maintien des liens économiques de la France avec Moscou. On pouvait lire sur des panonceaux les écriteaux listant les produits concernés – « engrais chimiques », « uranium », « gaz ». Message : « l’Ukraine brûle, les affaires continuent ». Un de ces happening dont Greenpeace est coutumier, essentiellement quand les caisses sont vides et qu’il a besoin de les remplir.
Vous semblez douter de la sincérité de l’action de Greenpeace...
Oui, c’est le moins qu’on puisse dire. Cette action mal fagotée tape complètement à côté, comme si chez Greenpeace, on rechignait à se tenir au courant et à simplement observer les faits. La question des engrais est intéressante, puisque l’Europe, avec l’appui de la France, vient de décider d’appliquer aux engrais russes d’énormes surtaxes à l’importation - c’était la semaine passée. Des taxes qui vont aller crescendo jusqu’en 2028, pour justement ne pas financer la guerre, et qui vont pénaliser avant tout la première agriculture européenne, la nôtre. Supposer que la France puisse être complice, quand justement elle se handicape pour ne pas alimenter la machine. Greenpeace n’a rien compris au film.
Et pour l’uranium ? C’est un peu plus sérieux ?
C’est un vieux mythe largement alimenté par les antinucléaires de Greenpeace. La France dépendrait de l’uranium russe. Ce qui absolument faux. La Russie était avant guerre son 7e fournisseur, moins de 5%. Aujourd’hui, c'est résiduel, la France ne signe plus de contrats avec Rosatom. La ficelle est grosse : Greenpeace parle simplement à ses bailleurs de fonds historique, les antinucléaire, en comptant sur leurs réflexes de Pavlov.
Reste le gaz, quand même
Ah, parlons-en du gaz. Oui : l’Europe, et pas seulement la France, est dépendante du gaz russe. C’est un fait, on peut le déplorer. Mais cette dépendance, elle a des raisons. Qui a promu pendant des années un antinucléarisme forcené en dans toute l’Europe, à grands renfort de mensonges, pour ralentir le nucléaire décarboné et pousser à la sortie dans de nombreux pays? Greenpeace. Ce lobbying ahurissant a abouti à la désastreuse sortie du nucléaire en Allemagne, applaudi des deux mains par Greenpeace comme un exemple ultime... Même s’il suppose un recours massif au gaz russe pour palier les insuffisance des renouvelables. Venir aujour’dhui se plaindre de la dépendance au gaz russe, qui découle directement de ce qu’on a défendu pendant des décennies, on a rarement fait plus malhonnête.
D’autant que Greenpeace, qui prétend aujourd’hui qu’elle lutte contre les énergies fossiles, a pendant très longtemps défini le gaz naturel comme “ neutre” dans son échelle de classement des énergies, parce qu’il était supposé être une “ énergie de transition” vers le grand bobard du tout renouvelable.
Les cris d’orfraie de Greenpeace devant l’ambassade de Russie sont en toc. Aussi authentiques que la statue de cire d’Emmanuel Macron.