Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Une situation ubuesque pour une étudiante bretonne, ça se passe à l’Université Bretagne Ouest.
A Brest. C’est là qu’étudie Alicia, une jeune bretonne, qui a choisi la filière médecine, parce qu’elle veut devenir dentiste. Ouest France raconte l’histoire de cette étudiante brillante.. 16.5 de moyenne à ses examens dans les matières édicales. Elle termine sa première année 6e de sa promotion de 172 étudiants. Pas mal. Elle se dit que ses efforts et sont récompensés. Elle vient d’une famille ou personne n’a fait médecine, elle a travaillé toute seule, sans cours privé, sans prépa.
Et pourtant, Alicia a est exclue de la fac. Elle apprend qu’elle n’ira pas en deuxième année. Ça paraît incroyable.
Vraiment ça l’est. Alicia la bonne élève est victime d’une réforme qui est supposée aider les élèves un peu plus faibles à réussir leurs études de médecine, une conséquence de la fin du numérus clausus, en 2021.
Les lycéens, quand ils s’inscrivent sur Parcoursup doivent choisir une matière dite “ mineure”, qui n’a pas grand-chose à voir avec la médecine, mais qui doit les aider à gagner des points. Ca peut être de l’économie, de l‘informatique, ou du sport (sciences et techniques des activités physiques et sportives, staps). C’est ce qu’a choisi Alicia, sans trop savoir. Elle était un peu perdue face à la machine et face à l’inconnu de ces études de médecine. Et comme un coup de tonnerre de Brest... c’est ça qui va lui coûter sa place en deuxième année.
L’épreuve de sport annule tous ses bons résultats ?
Aussi dingue que ça puisse paraître, oui : il faut absolument la moyenne à cette mineure, sans quoi on est éliminé. Ca se passe bien lors des épreuves théoriques pour Alicia, mais elle rate les épreuves physiques, parce qu’elle est malade, avec un certificat médical.
Mais ça lui vaut un zéro en course d’oreintation et saut de haies. Et une moyenne qui chute à 5.75 à cette épreuve de staps. Et voilà éjectée du système une jeune femme qui voulait devenir dentiste, parce qu’elle n’a pas sauté une dizaine de haies. Personne ne l’avait prévenue de ce dispositif visiblement mal rodé, pas même le prof de sport. Alicia plaide la mauvaise information, elle s’est débrouillée toute seule dans un système compliqué... Et visiblement elle essuie les plâtres.
Qu’est ce qu’elle va faire ?
En l’état actuel des choses, elle ne peut pas continuer ses études de médecine. Les redoublements sont interdits en première année. Ironie de l’histoire, elle est autorisée à poursuivre dans la matière de sa mineure, c’est à dire en Staps. On imagine qu’elle a très envie de s’entraîner à sauter des haies.
Il n’y a aucun recours ?
Non. Alicia va déposer via un avocat un recours gracieux auprès de l’Université, elle n’a pas grand espoir, elle est découragée. On le serait à moins//
Alors oui, il y a des règles, oui, elles sont faites pour être respectées... Mais à un moment où la France manque de médecins, où 30% de la population vit dans un désert médical... On espère pour Alicia, pour le redressement de notre système médical bien amoché et surtout pour notre santé mentale collective face à ces usines à gaz administratives mal goupillées qui nous pourrissent la vie
qu’il y aura un sursaut de bon sens et de pragmatisme à l’Université de Bretagne Ouest.