Dans l'intimité de Napoléon (3/5): La redingote et le chapeau

La redingote grise et le chapeau de Napoléon sont sans doute les éléments les plus distinctifs quand on pense à l’Empereur. L’historien Gosselin Lenôtre souligne leur importance : « Il avait compris que gagner des batailles, fonder des royaumes, bouleverser l’Europe, cela n’était pas tout pour sa gloire, il fallait encore qu’il imprimât dans l’esprit de ses contemporains, dans l’imagination des siècles à venir, une image de lui qui ne fut point banale, une silhouette personnelle, étrange et simple pourtant. Quelque chose qu’on n’avait jamais vu et qui cependant, n’eut rien de théâtral ou de luxueux ».

Manteau gris et manteau bleu

Napoléon avait compris que l’image était tout un art. Sur l’uniforme des grenadiers à pied de la Garde qu’il portait habituellement, il eut l’idée de mettre une simple redingote de bourgeois aisé en drap gris. C’est une redingote grise en drap fin de Louviers qui avait des manches très larges pour lui permettre de la mettre et de l’enlever sans arracher les épaulettes sur son uniforme.

Même si le port d’une redingote peut paraître étrange sur un uniforme, elle obtint le succès que l’on connaît. Dans l’imaginaire collectif, l’image de Napoléon est souvent associée à ses portraits sur les champs de bataille, et donc à sa redingote grise.

Avant qu’il n’assoie véritablement son autorité, Bonaparte était déjà connu pour ses manteaux. Aux batailles d’Arcole et de Marengo, il porte un manteau un peu différent, à collet bleu, son manteau préféré. C’est lui qui a permis de couvrir le corps de Napoléon à sa mort et il a été légué à son fils mais la pièce d’étoffe a malheureusement disparu. L’empereur est tellement associé à ses manteaux que l’érection d’une statue de Napoléon en César sur la colonne Vendôme n’a pas manqué de surprendre.

La folie des chapeaux de Napoléon

L’empereur n’est vraiment l’empereur qu’avec sa redingote grise et son bicorne. Ce sont ces objets qui ont fait passer son image à la postérité. Et si le bicorne était commun pour l’époque, Napoléon le portait différemment de ses contemporains.

On pouvait porter le bicorne de trois façons différentes :

• En biais, comme Frédéric II de Prusse ;
• En colonne, perpendiculaire aux épaules ;
• En bataille, les pointes parallèles aux épaules.

Napoléon le portait de différentes manières mais celle que l’on retient le plus est la position en bataille, parfaitement parallèle d’avec ses épaules. En dehors de ces particularités, l’empereur ne portait pas une attention particulière à sa toilette. Il était en uniforme la plupart du temps et quand il travaillait à son bureau, il portait presque tout le temps, un pantalon de casimir blanc et une chemise de casimir blanc. Il ne les gardait d’ailleurs jamais bien longtemps car les vêtements avaient tendance à se tâcher d’encre.

Le chapeau de Napoléon était fabriqué en feutre de castor, d’où le nom qu’on lui donne de « chapeau castor français ». Tous les chapeaux de l’empereur ont été faits par un certain Poupard, chapelier attitré dont l’enseigne se trouvait au Palais-Royal et se nommait « Le temple du goût ». Il devait disposer en permanence de douze chapeaux qu’il faisait ouater et triait selon les modèles d’hiver ou d’été.

Les modèles étaient, au départ, un peu ornementés mais se sont beaucoup simplifiés avec le temps. Aujourd’hui, le modèle le plus reconnaissable est le simple bicorne noir avec une cocarde tenue par une ganse en soie noire.

On ne sait pas exactement combien de chapeaux a possédé Napoléon, les sources sont discordantes. Une vingtaine ont été identifiés avec certitude. Lors d’une vente aux enchères, l’un d’entre eux s’est vendu à 2,8 millions d’euros.