L’Espagnole Dolorès Ibárruri (1895-1989), surnommée “La Pasionaria”, est née en bas de l’échelle sociale dans une bourgade minière proche de Bilbao. Elle est pourtant devenue une héroïne de la guerre civile espagnole, la patronne du parti communiste ibérique et une députée des Asturies. Retour sur la vie mouvementée d’une femme combative et passionnée.
Au printemps 1918, en pleine semaine sainte, le journal de la presse ouvrière El Minero Vizcaino, publie un article dénonçant l'hypocrisie religieuse. L'article est signé "La Pasionaria". Derrière ce pseudonyme étincelant se cache une certaine Dolorès Ibárruri, militante communiste, héroïne de la guerre civile espagnole. Avant d'arriver dans nos dictionnaires sous la définition “toute femme passionnée par une cause et capable de galvaniser les foules par son éloquences”, l'expression "La Pasionaria" désignait Dolorès Ibárruri et elle seule.
Une militante infatigable
Née le 9 décembre 1895 dans une bourgade minière proche de Bilbao en Espagne, au sein d'une famille pauvre de onze enfants, Dolorès quitte l'école à quinze ans pour devenir couturière et femme de ménage. Elle aurait pu le rester toute sa vie. Mais en 1916, elle épouse Julián Ruiz Gabiña, un mineur qui est également militant socialiste. A son contact, elle se met à lire, découvre Marx, se passionne pour la révolution russe et s'engage en politique.
Ils vont tous les deux avoir une vie militante marquée par la précarité et l'esprit de sacrifice. Julián Ruiz Gabiña participe à toutes les grèves et est régulièrement mis derrière les barreaux. Il participe notamment à la grande grève générale de 1917. Pendant ce temps, Dolorès Ibárruri s'engage avec passion. Elle brûle de se faire entendre, elle milite comme elle respire.
En 1919, elle participe à la création du parti communiste espagnol dont elle deviendra membre du Comité central à partir de 1930 et présidente à partir de 1960. Entre temps, elle quitte Julián Ruiz Gabiña mais les deux anciens époux continuent d'entretenir des relations amicales. Elle devient également responsable du journal du parti Monde Ouvrier. Comme son ancien époux, elle est régulièrement arrêtée et emprisonnée à cause de son militantisme politique. Mais même en prison, elle continue son action. Elle entame notamment une grève de la faim pour protester contre les conditions de détention.
No Pasaràn
En 1933, face à la montée des périls en Europe, elle crée une association de femmes contre le fascisme et la guerre. Cela lui vaut de voyager jusqu'en URSS. L'endroit lui plaît et elle décide d'y envoyer Rubèn et Amaya, ses deux seuls enfants encore vivants, en Union Soviétique. Rubèn, militant comme sa mère, fera de brefs retours en Espagne et s'engagera finalement dans la bataille de Stalingrad, où il mourra sous l'uniforme soviétique.
Quand le Front Populaire remporte les élections de 1936 en Espagne, Dolorès Ibárruri est élue députée des Asturies. Au tout début de la guerre civile, Dolorès Ibárruri intervient au micro d'une radio espagnole et s'exclame "Les fascistes ne passeront pas", donnant naissance au fameux "No pasaràn!", devenu cri de ralliement de tous les mouvements révolutionnaires à travers le monde.