Sarah Bernhardt n'a eu qu'un grand amour dans sa vie : son fils unique Maurice qu’elle eut à 20 ans du Prince Henri de Ligne… Un prince belge qui ne demandait pas mieux que de le reconnaitre, mais exigeait pour cela que Sarah renonçât au théâtre. Ce qui était bien évidemment hors de question ! Maurice lui, a eu deux amours : sa mère… et l'argent de sa mère qu'il jetait par les fenêtres !
Maurice est né le 29 décembre 1864. Sa mère Sarah Bernhardt était très jeune quand elle lui a donné naissance, 20 ans à peine. Son père est le prince Henri de Ligne, un prince belge qui n’avait accepté de reconnaître son fils qu’à la condition que Sarah Bernhardt arrête le théâtre. L’actrice avait refusé tout net. L’enfant a donc été déclaré de père inconnu et a été élevé par sa mère seule.
Si l’enfance de Maurice Bernhardt n’a pas dû être tous les jours facile, il profitait toutefois de certains avantages. Il a par exemple été élevé dans une ménagerie qui abritait des chiens, des chats, des perroquets, des singes, des lionceaux, un guépard, ou encore un puma acheté au Jardin des Plantes. Il y avait même un alligator nommé Ali Gaga, puni pour avoir mangé le chien de Sarah Bernhardt.
Un amour sans partage
Mais les animaux ne sont pas les seuls êtres en nombre dans la demeure. L’enfant voit également passer des amants et des soupirants, ceux d’hier, ceux d’aujourd’hui, ceux de demain. Il voit également les invités de passage ou les livreurs qui apportent des fleurs, c’est un peu la fête tout le temps.
Enfant, Maurice a également dû connaître sa mère se couchant dans un cercueil. Il connaît une figure de mère hors du commun et devient l’archétype du fils unique pourri gâté. Sa mère ne lui refuse rien et lui pardonne tout. Et la principale qualité de Maurice, c’est sans aucun doute l’amour qu’il porte à sa mère : il lui voue des sentiments sans partage et supporte très mal ses amants de passage.
Ils mènent tous deux une vie grand train. Sarah Bernhardt n’avait pas de compte en banque et ne souhaitait pas placer son argent, elle le gardait dans un grand sac informe et mou dont elle sortait des liasses de billets de banque. Quand elle se trouvait à court, elle partait en tournée et c’est ainsi qu’elle est partie aux Etats-Unis.
Pour Maurice, sa mère devient vite la poule aux œufs d’or. Car lui est un peu oisif : il n’aime rien tant que la course et les jeux. Il accumule les dettes et les maîtresses, elle lui pardonne toujours tout. Son fils est sa grande faiblesse.
Un père qu'il renie
En 1882, Sarah Bernhardt tombe amoureuse d’un jeune attaché grec, Aristides Damala et l’épouse à Londres. Malheureusement, Damala est un comédien sans succès accro à la morphine. Elle essaie de le faire jouer mais cela ne fonctionne pas et le couple finit par se disputer constamment. L’environnement familial n’est pas des plus classiques… Il est dit que Maurice a même envisagé de tuer Damala, tant il ne pouvait plus le supporter.
Quand Damala laisse tout tomber à Paris et part chez les Spahis pour s’engager dans l’armée, Maurice sable le champagne avec ses amis et jure de ne plus jamais laisser sa mère se faire duper.
Avec la célébrité de Sarah Bernhardt, le père de Maurice refait son apparition et propose à son fils de finalement le reconnaître et de lui léguer sa fortune. Maurice lui aurait alors répondu : « Depuis ma naissance, ma mère toute seule m’a élevé, souvent à grand peine, et a fait pour moi tous les sacrifices. L’unique façon dont je puisse lui témoigner ma reconnaissance, c’est en restant son fils à elle seule. Je préfère continuer à m’appeler Bernhardt ».
Il a également raconté une scène où il se trouve à la gare avec son père. Beaucoup de monde attend au guichet et le prince de Ligne demande à tout le monde de le laisser passer mais la foule reste totalement indifférente. Maurice scande alors « Je suis le fils de Sarah Bernhardt » et tout le monde lui laisse la place. Il aurait alors lancé à son père : « Vous voyez Monsieur, le nom de ma mère ouvre toutes les portes ».
Une carrière sans succès
Professionnellement, Maurice essaie d’écrire quelques pièces. Il écrit notamment Nini l’Assommeur, Le Hennissement, Le Jockey à l’Hôpital. Par amour, Sarah Bernhardt fait l’erreur de lui confier la direction du théâtre de l’Ambigu, qu’il gère très mal et dont il prend régulièrement des sous dans la caisse pour aller les dilapider au jeu. En très peu de temps, il précipite le théâtre dans la faillite. Pour régler les dettes de son fils, Sarah Bernhardt sera obligée de vendre ses bijoux, une décision qui lui fend le cœur. Elle n’en gardera qu’un seul : une larme en diamant, offerte par Victor Hugo.
Sarah Bernhardt décède en mars 1923, alors qu’elle tourne un film pour Sacha Guitry. Son fils est présent lorsqu’elle meurt et lui-même ne lui survivra que cinq ans. Il décède en 1928. Malgré son mariage et ses enfants, il fait le choix d’être enterré auprès de sa mère, au cimetière du Père Lachaise.