Au Mexique, le ministre des Finances a dû démissionner mercredi soir, en réponse à la fureur du peuple mexicain qui lui reproche d'avoir organisé la visite de Trump.
Il n’est pas encore élu, ne le sera peut-être jamais, et pourtant Donald Trump influence déjà la politique de ses voisins. Au Mexique, le ministre des Finances a dû démissionner mercredi soir, en réponse à la fureur du peuple mexicain. C’est lui qui avait organisé la visite de Trump.
Une visite que les mexicains, visiblement, ne digèrent pas. Une semaine que la presse vocifère, que l’opinion se sent consternée, humiliée d’avoir eu à subir ces images dégradantes. Voici ce qu’on peut lire dans la presse avec comme illustration le candidat américain discutant tranquillement de son projet de mur à la frontière, à côté d’un président, sourire figé, mal à l’aise mais qui venait de lui serrer la main.
" Enrique Penia Nieto, le président du Mexique, s’est comporté comme Chamberlain s’asseyant avec Hitler en 38", écrit un éditorialiste. 88% des mexicains écument de rage, selon un sondage, et ils le font savoir, une manifestation sera organisée le 15 septembre pour exiger la démission de ce président indigne. Nieto a préféré ne pas attendre et couper une tête en signe d’expiation ; son ministre des Finances, son allié le plus proche, artisan de la visite de Trump a dû partir la veille de la présentation de son budget, un beau signe de panique.
Il faut dire que c’était une idée curieuse de recevoir quelqu’un qui vous insulte.
Franchement, personne n’a compris. Les observateurs étaient estomaqués. Depuis des mois Trump insulte les mexicains, il les traite de violeurs, de drogués et de profiteurs cupides évidemment. Nieto, lui-même, l’avait comparé à hitler, et quelques semaines plus tard il le reçoit, même pas discrètement ou en secret, non ; il offre une tribune magnifique à son ennemi, lui offre une stature internationale. "La pire erreur politique depuis plus d’un demi-siècle", jugent les politologues qui révèle à quel point le Mexique est fébrile car le ministre des finances a vraiment cru bien faire.
Parce que l’économie mexicaine va mal ? Il a cru pouvoir amadouer Trump ?
Il s’est dit que ça allait le coup d’essayer. Deux agences financières ont récemment dégradé leur note sur la dette du Mexique, donc l’avenir du pays inquiète les marchés. Si Trump était élu, ce serait pire, puisque le candidat menace d’imposer une taxe à l’importation de 35% sur tous les biens qui viendraient du Mexique. Or les États-Unis sont leur premier partenaire commercial, un mexicain sur 10 vit au nord de la frontière, ils réinventent beaucoup d’argent, des milliards dans l’économie. Le Mexicain s’est dit qu’il pourrait peut-être calmer la frayeur des marchés. Un calcul désastreux, on le sait maintenant. Enrique Penia Nieto est au plus bas dans les sondages et cette visite, où il s’est aplatit façon paillasson devant Trump, pourrait bien lui coûter sa carrière politique.