Sa venue au Mexique crée la surprise car le candidat républicain avait violemment dénigré le pays lors des primaires. Le but : faire revenir à lui les Républicains modérés.
Donald Trump a prévu un aller-retour éclair au... Mexique, ce mercredi. Il a surpris tout son monde car c'est le dernier pays où l’on attendait tant il passe son temps à critiquer, à insulter les Mexicains et à les accuser de tous les maux dont souffre les Etats-Unis. L’immigration, c’est le principal cheval de bataille de Donald Trump, et les Mexicains, pour lui, c’est l’exemple-type du cheval de Troie en Amérique.
Dans le pays "des violeurs". Quel accueil Donald Trump va-t-il donc recevoir de ces "violeurs", de ces "dealers de drogue", dans ce pays "ennemi" et "corrompu" qui "vole le travail des Américains"... voilà comment le candidat républicain a parlé du Mexique et des Mexicains depuis qu’il est en campagne… ça a commencé par cette déclaration choc, il y a plus d’un an : "Quand le Mexique nous envoie ses habitants, il n’envoie pas les meilleurs. Il envoie ceux qui ont des tas de problèmes, et ils les apportent chez nous. Ils apportent la drogue, le crime, ils sont des violeurs, même si certains, je suppose, sont des braves gens."
Comparé à Hitler et Mussolini. Et pour lutter contre cet afflux de clandestins si dangereux, Donald Trump a une proposition-phare : construire un gigantesque mur le long de la frontière avec le Mexique, un projet pharaonique que le milliardaire promet de faire payer..aux Mexicains. "Construisons le mur" est même devenu un refrain de sa campagne régulièrement scandé par la foule dans ses meetings. Ce qui peut faire comprendre quel point il est détesté au Mexique. Il y a même des piñata à son effigie, ces boules creuses pleines de cadeaux qu’on casse à coup de bâtons aux anniversaires. Le président mexicain, Peña Nieto, l’a même comparé à Hitler et à Mussolini.
" Un négociateur imprévisible prêt à rencontrer l'ennemi "
Besoin d'élargir sa base électorale. Mais c'est ce même président qui va le recevoir tout à l'heure pour cette visite privée. Tout le Mexique attend qu’il dise bien des choses à Donald Trump. Pourquoi Donald Trump fait-il ce voyage ? Parce qu’il doit absolument relancer sa campagne. A la traîne dans les sondages, il tente des coups de poker. La photo au Mexique va lui permettre de donner l'image qu'il aime montrer de lui, analyse le New York Times : "un négociateur imprévisible prêt à rencontrer l'ennemi". Dans la foulée, Donald Trump ira en Arizona, de l'autre côté de la frontière. Il doit y prononcer dans la soirée un discours très attendu : il pourrait assouplir ses propositions pour lutter contre l'immigration, notamment sa promesse choc d'expulser les 11 millions de sans-papiers s'il est élu (dont beaucoup de Mexicains).
S'il envisage de changer sur le thème qui lui a fait gagner la primaire républicaine, c'est bien parce que le candidat milliardaire a besoin d’élargir sa base électorale s’il veut gagner. ll va chercher à faire revenir à lui les Républicains les plus modérés, les plus pragmatiques, échaudés par sa rhétorique anti-immigrés. Le problème, c'est qu'il risque du même coup de fâcher ses partisans les plus radicaux.
Le chiffre du jour
Non seulement Donald Trump a des soucis pour calibrer son message, mais il en a aussi pour le faire passer sur le terrain. Dans les 15 Etats-clés qui vont décider de l’élection, Donald Trump a trois fois moins de bureaux locaux de campagne qu’Hillary Clinton : 88 contre 291, selon une enquête de la télé publique PBS. Ce qui explique peut-être l’âge du directeur d’un QG Trump dans un comté du Colorado, déniché par la télé locale : il a 12 ans, une mèche blonde et une veste un peu trop large pour lui.