Quasiment assuré d'être élu président des Républicains, Laurent Wauquiez a une tâche immense qui l'attend pour redresser un parti en crise.
Alors que la dernière semaine de campagne pour la présidence des Républicains a débuté lundi, Florence Portelli fait tout pour montrer qu’elle veut encore y croire tandis que Maël de Calan ne fait même plus semblant. Laurent Wauquiez, lui, fait depuis le début comme si les deux autres n’existaient pas : c’est beau une compétition apaisée ! Mais après tout, depuis 2012, les électeurs de droite en ont soupé des psychodrames, surtout qu’à la fin, même celui qui gagne finit par perdre, alors autant que cette fois, ça se passe bien. Normalement, lundi prochain, Laurent Wauquiez vivra le premier jour du reste de sa vie. Avec de nombreux défis à relever.
Une droite littéralement "brisée". S’il a pris le temps de lire le récent ouvrage de l’ex-directeur de campagne de François Fillon, Déflagrations, Laurent Wauquiez doit se dire que c’est une tâche herculéenne qui l’attend. Patrick Stefanini explique que la droite n’est pas seulement "défaite" à l’issue du désastre sans précédent de la présidentielle, elle est "brisée". Brisée politiquement, ayant échoué à séduire le centre et perdu la bataille des classes moyennes. Brisée humainement, avec des haines recuites qui continue pourtant de mijoter. Brisée idéologiquement, depuis qu’Emmanuel Macron et son gouvernement ont inscrit à leur ordre du jour nombre de points de son propre programme, de la simplification du code du travail à l’unification des régimes de retraite, en passant par la valorisation et la récompense de l’effort personnel.
Wauquiez a-t-il des atouts dans sa manche ? Un diagnostic accablant, mais qui pourrait inspirer l’action du futur dirigeant des Républicains. Jusque-là, Laurent Wauquiez a installé le clivage avec Macron et les adhérents de LR (combien iront voter dimanche ?) lui en savent gré. Jusque-là, il a flatté cet électorat de classes moyennes loin des grandes villes et de retraités qui ne se reconnaissent pas dans Macron. Jusque-là, il a assumé "l’enracinement et l’identité" comme les deux mamelles nourricières de sa famille, réduisant à une feuille de papier à cigarette ce qui le sépare du Front national. Jusque-là, il a balancé haut et fort quelques contre-vérités criantes, mais tellement haut et tellement fort qu’il les tenait peut-être lui-même pour vraies. Et de toute façon, les dénoncer vous place immédiatement dans le camp du "microcosme parisien". Voilà le point Godwin de Wauquiez, qu'il est impossible de discuter.
La difficile reconquête de l'électorat de droite. Dans une semaine pile, s’il l’emporte dès le premier tour, Laurent Wauquiez vivra peut-être le premier jour du reste de sa vie. Celui où il a toutes les manettes, mais pas que des amis. Où il lui reste donc tout à faire pour éviter les départs qui se préparent, et reconstruire une droite forte, sociale et populaire que les électeurs de droite espèrent. Parce qu’en attendant, ce sont eux qui boostent le rebond de popularité d’Emmanuel Macron dans les derniers sondages.