Chaque matin de cette semaine, Michaël Darmon évoque les personnalités et les événements qui vont marquer 2019.
L’admiration déclarée de Jean-Luc Mélenchon pour Éric Drouet, l’un des responsables auto-déclaré des "gilets jaunes", a surpris.
Éric Drouet est une des figures controversées des "gilets jaunes". Il été interpellé mercredi pour manifestation non déclarée, pour la deuxième fois, mais aussi, selon des sources policières, pour port d’arme prohibé et participation à un groupement en vue de violence. Jean-Luc Mélenchon l'adore, il est fasciné par le personnage et le député de Marseille crie à la police politique.
Jean-Luc Mélenchon trouve le mouvement des "gilets jaunes" formidable. Et même s’il y a quelques débordements antisémites ou des violences contre les policiers, pas de problème : on ne fait pas de révolution sans casser des gens, et il le supporte très bien.
On se dit finalement qu'il doit être énervé, car il a vu François Ruffin, qui pense depuis le début de la législature que Mélenchon est "has been", commence à dévoiler son jeu. Ruffin, sa star des "gilets jaunes", c’est Étienne Chouard, un des idéologues ultra radical des "gilets jaunes". Donc Mélenchon en rajouterait pour ne pas se laisser distancer. Bref, une histoire classique dans les partis politiques.
Pourtant il s’agit bien d’autre chose...
Avec Jean-Luc Mélenchon, voilà un ancien sénateur socialiste, éphémère Secrétaire d'Etat à la formation professionnelle, admirateur de François Mitterrand, en rupture avec le PS devenu au fil des ans le poil à gratter de la gauche radicale au sein du Front de gauche, puis la bête noire des rouges. Depuis quelques années, il s'est mis à déclamer devant son miroir son désir d’être le dirigeant du peuple. On assiste à ses meetings pour le frisson de la belle langue, et de la guillotine, la terreur par la formule tranchante trop bien.
Cette fois, il a repéré le scénario à l’italienne: le populisme cinq étoiles. Tout comme Ruffin. Ces deux élus de la France Insoumise sont en fait d’accord : ils cherchent à faire la jonction avec l’autre partie des populistes d’extrême droite en passant par les ronds points des "gilets jaunes".
Et peu importe si les élus de la République se font menacer de mort et insulter comme le député marcheur de la Gironde, Florent Boudié. Mélenchon et Ruffin aiment ce mouvement car il peut faire tomber la République. C’est l’essentiel à leurs yeux : la révolution populiste est en marche.
Et une partie du système politique et médiatique frissonne de plaisir à chaque fois que Jean-Luc Mélenchon ouvre la bouche. Mais attention, le goût du frisson peut coûter très cher à la démocratie. Il faut dire les choses comme elles sont : Jean Luc Mélenchon est devenu une institution paradoxale. Plus il brille par son éloquence, moins il éclaire les esprits.