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SAISON 2020 - 2021

Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce jeudi, Virginie Phulpin revient sur le maintien à n'importe quel prix des Jeux olympiques de Tokyo. Selon elle, cet entêtement pose des questions sanitaires et morales.

Les jeux olympiques de Tokyo auront bien lieu cet été quoi qu’il arrive. Le patron du comité d’organisation japonais est affirmatif. Pour Virginie Phulpin, ça tient plus de la méthode Coué que d’une certitude absolue, ça ne sert à rien de s’emballer. 

Qui peut encore être certain de quoi que ce soit aujourd’hui ? On ne dit pas "cet été, je pars en vacances en Italie" mais plutôt "cet été j’aimerais partir en vacances en Italie". En 2021, on oublie le futur et on révise le conditionnel. C’est insupportable pour tout le monde, et donc pour les athlètes pour qui ces JO sont l’objectif d’une vie.

Mais là, c’est malhonnête d’affirmer de manière aussi péremptoire que les jeux olympiques auront lieu. Regardez ce qui se passe pour le tennis en Australie. Les joueuses et les joueurs ont tous été mis en quarantaine à leur arrivée. Les cas contact ne sont pas sortis de leur chambre d’hôtel. Benoît Paire n’est même pas sorti de son lit. Et les autres ont eu droit à quelques heures d’entraînement par jour avec un règlement sanitaire très strict. On ne rigole pas avec ça en Australie. Toutes les précautions ont été prises. Et pourtant, là, ce matin, il n’y a personne sur les courts. Un cas de Covid découvert dans un hôtel où des joueurs ont séjourné. Donc on annule tout pour aujourd’hui. On trace, on teste, on met à l’isolement et on rejouera demain. Enfin, peut-être. On ne sait absolument pas si l’open d’Australie pourra avoir lieu, ni comment. Et pourtant ça commence lundi.

Alors les jeux olympiques, dans plus de cinq mois… Le patron du comité d’organisation japonais devrait mesurer ses propos. Ça ne sert à rien de vendre du rêve quand on est ballotté entre les flux et les reflux du virus.  

Il dit quand même "quoi qu’il arrive".  

C’est vraiment la formule de l’année. Le "quoi qu’il en coûte" appliqué aux jeux olympiques. Ça veut dire qu’on sait déjà que les sportifs ne pourront pas aller dans des bars, pas faire de shopping, pas monter dans les transports en commun. Donc il n’y aura pas de Club France, cet endroit où nos athlètes fêtent leurs médailles et noient leur chagrin. Donc on sait ce qu’il n’y aura pas.

Ça ne veut pas dire que l’on est sûr de ce qu’il y aura. Quand on voit ce qui se passe en Australie malgré la politique du zéro risque, comment ça pourrait se passer au village olympique ? Alors comme les jeux sont prévus dans quelques mois, on se dit que la vaccination aura avancé. Oui, mais est-ce qu’il faut vacciner tous les participants aux jeux pour limiter les risques ? Est-ce qu’on les fait passer avant les populations fragiles et prioritaires ? On arrive à des questions qui touchent à l’éthique.

Virginie Phulpin trouve ça un peu court de conclure simplement "les Jeux olympiques auront lieu quoi qu’il en coûte". On en rêve tous. Mais là, on les prend un peu tôt pour des réalités