Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Jeudi, Virginie Phulpin s'intéresse à la décision de la fédération américaine de football de payer les joueuses de son équipe nationale au même niveau que son équipe masculine.
C’est l’édito sport de Virginie Phulpin. Grande nouvelle pour le sport au féminin. La fédération américaine de football va payer les joueuses de son équipe nationale au même niveau que son équipe masculine. Et cette avancée devrait profiter aux sportives du monde entier.
"Quand nous gagnons, tout le monde gagne". La phrase est de Megan Rapinoe, l’emblématique capitaine de l’équipe américaine. Et elle a raison. C’est d’abord la victoire des championnes du monde de football, mais ça va servir de base à toutes les sportives du monde. Les joueuses américaines avaient déposé un recours contre la politique de leur fédération qu’elles jugeaient discriminatoire. Et la question des primes de victoire était au centre du problème. Jugez par vous-mêmes. Les Américaines ont gagné la coupe du monde 2015. Elles ont eu droit à un peu moins d’un million et demi d’euros de prime en tout. Les hommes de l’équipe américaine ont été éliminés en 8èmes de finale de la coupe du monde 2014. Eux, ils ont eu 4 millions et demi d’euros. Alors je sais, la coupe du monde masculine rapporte beaucoup plus d’argent, la FIFA redistribue donc plus aux fédérations nationales. Mais après, les fédérations peuvent redistribuer de manière égalitaire. Surtout avec des résultats aussi favorables aux femmes. C’est ce qu’a fini par accepter la fédération américaine.
Mais est-ce que ça peut vraiment faire son chemin ailleurs qu’aux Etats-Unis ?
Wendie Renard, la capitaine des Bleues, dit que les Américaines peuvent se permettre de mener de telles batailles parce qu’elles ont un palmarès long comme le bras et que ça pèse dans la balance. C’est vrai. Elles sont quadruples championnes du monde, elles génèrent plus de revenus que leurs collègues footballeurs, le record d’audience pour un match de foot à la télé, c’est leur finale à elles de 2015, 25 millions de téléspectateurs aux Etats-Unis. Les joueurs ne leur arrivent pas à la cheville. Vous connaissez tous Megan Rapinoe, beaucoup d’entre vous savent qui est Alex Morgan. Maintenant, allez me citer des joueurs américains. C’est plus difficile, n’est-ce pas ? Et pourtant, ces stars-là ont dû se battre pour obtenir l’égalité. Alors si ça ne gênait personne que les hommes aient des primes de coupe du monde trois fois supérieures à celles des femmes en ayant des résultats trois fois moins bons, et en attirant beaucoup moins de public, pourquoi on n’inverserait pas les rôles en Europe, et en France ? En quoi ça poserait un problème que les primes des joueuses des équipes nationales soient les mêmes que celles des hommes, même si elles font beaucoup moins d’audience ? Attention, je parle des primes des équipes nationales, pas des salaires en club, rassurez-vous. Ces primes-là sont un tout petit bout de revenu pour les joueurs. Et le rôle des équipes nationales, c’est peut-être aussi de tendre vers l’égalité. Même si les Bleues n’en font pas leur priorité pour l’instant. On y viendra. Parce que les Américaines ont montré la voie. Comme le dit Megan Rapinoe, quand nous gagnons, tout le monde gagne.