Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Mercredi, Virginie Phulpin s'intéresse à l'arrivée de Messi dans l'équipe du PSG et son absence lors du prochain match contre Metz.
C’est l’édito sport de Virginie Phulpin. On joue ce soir la 7ème journée de Ligue 1. Parmi les affiches, le leader, le Paris St Germain, se déplace à Metz. Et ce sera sans Lionel Messi. L’Argentin est blessé. Et pour vous, l’absence de Messi est presque un soulagement.
Je vous rassure tout de suite, je ne me réjouis pas de sa blessure. Je ne suis pas encore tombée sur la tête. Personne ne peut être satisfait de voir un joueur touché physiquement. Mais c’est sur le terrain qu’on a envie de voir Lionel Messi à l’oeuvre, pas forcément au détour de chaque commentaire. Si je suis soulagée, c’est que j’ai une impression d’overdose de Messi et qu’une petite pause est la bienvenue. Depuis qu’il est arrivé au PSG, on en soupe matin midi et soir. Combien de maillots fait-il vendre, quel est exactement son salaire, comment il permet à la Ligue 1 de s’exporter à l’international, et à quel point il est l’argument ultime pour la stratégie de soft power du Qatar… Lionel Messi, c’est Martine à la plage, Martine au supermarché et Martine joue au foot, quand même, un peu. C’est trop. A force de disséquer, et de surinterpréter chacun de ses gestes, on en arrive à faire disparaître un peu de la magie qui sort de ses pieds, à la noyer dans un feuilleton insipide où le football n’est qu’un pâle figurant. Rien de nouveau, vous allez me dire, et vous aurez raison. Ca fait un moment que les stars du foot sont devenus des héros de télé-réalité au moins autant que des figures du ballon rond. Mais en France, à ce niveau-là, je crois qu’on n’avait pas encore connu ça.
Ce soir Lionel Messi ne jouera pas, et pour vous ce serait bien que ça nous apprenne la patience
Avec Messi, on veut tout, tout de suite. On a tous voulu assister à ses premiers pas en Ligue 1, on veut voir son premier but avec le PSG. Et on n’a pas envie d’attendre. On en oublie presque qu’il a quitté le seul club où il ait jamais joué auparavant, le FC Barcelone, qu’il doit s’habituer à la France, à ses coéquipiers, et qu’au foot, il y a forcément une période d’adaptation quand on arrive quelque part. Vous voyez, on en oublie l’essentiel à force de parler de Messi à tort et à travers. Dimanche soir, quand l’entraîneur parisien Mauricio Pochettino l’a fait sortir du terrain avant la fin du match, il y a eu un parfum de scandale de la France à l’Argentine en passant par l’Espagne. Quoi, mais c’est un crime de lèse-majesté, que n’avait pas fait le coach ! Voyez la moue de dépit de Lionel Messi, on ne peut pas le traiter comme ça. Oui, ben finalement, c’est peut-être juste parce qu’il était blessé. On parle trop vite, on parle trop de l’Argentin, et on va finir par s’en dégoûter nous-mêmes. C’est quand même fort. Et je me mets dans le lot. Je viens de passer deux minutes sur Lionel Messi pour dire qu’on parlait trop de lui. Je crois que la boucle est bouclée.