Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce jeudi, Virginie Phulpin revient sur la violente agression de Kheira Hamraoui, la joueuse du PSG. Sa coéquipière Aminata Diallo a été placée en garde à vue.
La garde à vue d’Aminata Diallo a été prolongée de 24h. La joueuse du PSG est entendue à propos de la violente agression subie par l’une de ses coéquipières, Kheira Hamraoui. La piste d’une rivalité sportive est explorée. Et rien que le fait que ce soit une possibilité crédible doit nous faire réagir.
Quand je pense qu’hier matin ici même, on se réjouissait de la performance des joueuses du PSG face au Real Madrid, et qu’on se retrouve ce matin avec cette affaire sordide, ça nous change d’ambiance. Je vous avoue que j’ai hésité à aborder ce sujet. Parce qu’on se doit de respecter la présomption d’innocence d’Aminata Diallo. Mais on se pose évidemment des questions quant à son éventuelle implication. On doit se les poser, parce que c’est un peu gros.
Les deux joueuses revenaient en voiture d’un dîner organisé par le PSG. On rappelle que Kheira Hamraoui et Aminata Diallo jouent au même poste, au milieu de terrain, dans leur club, et aussi en équipe de France, elles sont donc concurrentes directes. Et la titulaire, c’est la première, la victime de l’agression. Deux hommes cagoulés l’ont forcée à sortir de la voiture et lui ont attaqué les jambes à coups de barre de fer. Uniquement les jambes, son outil de travail si je puis dire. Et uniquement elle, pas sa coéquipière qui était seulement retenue. Le tout sans rien voler. Ça fait beaucoup. Je vais d’abord apporter tout mon soutien à Kheira Hamraoui. Mais forcément, avec des détails aussi tendancieux, on est en droit de se poser des questions, encore une fois, sans juger prématurément. La garde à vue prolongée d’Aminata Diallo est d’ailleurs motivée par la piste d’une rivalité sportive.
En soi, qu’on puisse ne serait-ce qu’imaginer que la rivalité sportive conduise à une telle agression, c’est déjà un problème.
On parle quand même d’un guet-apens organisé. Pas d’un coup de sang à l’entraînement. Donc dans un monde idéal, on devrait pouvoir balayer d’un revers de la main la piste de la rivalité sportive. Le problème, c’est qu’on ne peut pas le faire, parce qu’on se dit qu’après tout, c’est une possibilité. Et c’est ça qui est gravissime. On s’est tous remémoré tout de suite hier l’affaire qui a secoué le patinage américain en 1994, quand des proches de Tonya Harding ont attaqué à coups de barre de fer sa rivale Nancy Kerrigan juste avant les jeux olympiques. Dans le football, on n’a jamais connu un fait aussi grave. Mais quand vous voyez comment se passent les matches de jeunes, chez les amateurs, à quel point certains sont de plus en plus prêts à gagner leur place à tout prix, comment l’entourage peut être toxique et avide de gloire par procuration, on se dit malheureusement que tout est possible.
Je ne sais pas à l’heure actuelle si Aminata Diallo est impliquée d’une quelconque manière dans cette agression. Mais je sais que dans le football, on a tellement privilégié l’individualisme dès le plus jeune âge et donné un tel sentiment d’impunité aux meilleurs joueuses et joueurs en formation que ce genre d’actes peut finalement être envisageable. Le football au féminin n’avait vraiment pas besoin de ça.