Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mercredi, elle revient sur la demande de L’Ukraine qui réclame l’exclusion de Medvedev des tournois du Grand Chelem. Selon elle, c'est une erreur, il n’y peut rien et s’est déjà positionné contre la guerre.
Ce matin Virginie Phulpin s'intéresse à Daniil Medvedev, le nouveau patron du tennis mondial. Il est numéro 1 au classement, mais le problème c’est qu’il est Russe, et qu’à cause de sa nationalité, cette place de numéro 1 est un cadeau empoisonné.
On pourrait avoir un débat pour savoir si cette place de numéro 1 fait de Daniil Medvedev le meilleur joueur du monde, ou s’il a encore du chemin à faire avant d’être le vrai patron du tennis. Mais les circonstances renvoient cette question au second plan, c’est le moins qu’on puisse dire. Il n’y avait pas pire moment pour devenir numéro 1. Daniil Medvedev est officiellement en haut du classement depuis lundi, mais on a su qu’il allait prendre cette place jeudi dernier. Le jour même de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Inutile de vous dire que le joueur ne savoure que moyennement ce qui devrait être un accomplissement. Déjà en temps normal, quand vous êtes numéro 1, vous devenez l’homme que tous les autres veulent battre. Mais là ça prend une toute autre dimension. Parce qu’il est Russe. Hier la fédération ukrainienne de tennis a demandé à la fédé internationale d’interdire à Daniil Medvedev de participer aux tournois du grand chelem, pour qu’il perde son statut de numéro 1 mondial. J’ai du mal à comprendre l’intérêt d’une telle demande. Daniil Medvedev a très clairement pris position contre la guerre menée par son pays. Sa femme était habillée aux couleurs de l’Ukraine la semaine dernière au tournoi d’Acapulco. Donc il ne se cache pas, on ne peut pas le soupçonner d’un quelconque soutien à la Russie. Et il joue en son nom propre, pas en celui de son pays. Ce qui fait une grande différence avec les équipes russes bannies à raison des compétitions internationales. Son seul tort, c’est d’être Russe. Ca devient dangereux comme position. Et peut-être contre-productif. Empêcher un joueur qui clame haut et fort son opposition à la guerre de participer aux grands tournois, ça n’enverrait pas forcément le bon message.
La fédération internationale a tranché : les joueurs russes peuvent jouer les tournois du Grand Chelem, mais pas la coupe Davis
Ca me semble être la meilleure réponse possible. Dans la droite ligne de ce qu’a recommandé le CIO. Les compétitions par équipes nationales sous drapeau russe, c’est non. Jouer pour soi-même dans un tournoi sans symbole de la Russie, c’est oui. Vous allez me dire que ça n’est pas une grosse punition vu ce qu’est devenue la coupe Davis, mais il se trouve que Daniil Medvedev et ses compatriotes en sont les tenants du titre, donc ça compte. Ca servirait à quoi de l’empêcher de jouer les autres tournois ? Regardez l’Ukrainienne Elena Svitolina. Elle joue le tournoi de Monterrey au Mexique cette semaine. Et elle était opposée au premier tour à une joueuse russe. Elle avait menacé de ne pas venir. Mais les sanctions annoncées par les instances, l’interdiction de tout symbole russe sur le court, l’ont fait changer d’avis. Elle est venue, et elle a battu à plates coutures la Russe Potapova cette nuit. Est-ce que ça n’est pas plus fort comme message ? Daniil Medvedev n’est pas le représentant du mal sur un court de tennis. Il ne faudrait pas transformer un engagement politique bienvenu de la part des instances du sport en chasse aux sorcières russes sans discernement. Ca me semblerait nettement moins glorieux.